ZNIEFF 930020351
MASSIF DE BLAYEUL OU LES QUATRE TERMES, CRETES DE LIMAN

(n° régional : 04114100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie centre nord du département des Alpes de Haute Provence, ce site est établi à cheval sur huit communes, et principalement sur celles de Verdaches, Barles, La Javie, Beaujeu, Le Brusquet et Marcoux. Il est constitué par un ensemble de crêtes, avec des talwegs très marqués qui rayonnent à partir du sommet du Blayeul.

La géologie du site est complexe et s’inscrit dans la nappe sédimentaire de Digne. Les calcaires marneux et siliceux du Carixien et du Lotharingien forment les crêtes. Le versant occidental des crêtes du Blayeul est constitué de calcaires et de marno calcaires du Lias, partiellement recouverts par chevauchement de molasses et marnes d’âge Eocène. Le versant oriental est, quant à lui, constitué de marnes et calcaires marneux du Sinémurien. On trouve également aux abords du Bès des intrusions de gypse. L’ensemble des versants est fortement recouvert d’éboulis toujours actifs.

Le site est soumis à un climat de montagne nettement marqué d’influences supra méditerranéennes.

L’altitude maximale est de 2189 m, au sommet de Blayeul. Etendu depuis 700 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen, montagnard et subalpin.

Pinèdes de Pin noir (Pinus nigra) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), bois de Chêne pubescent (Quercus humilis), hêtraies mésophiles, garrigues, landes et prairies sèches supra méditerranéennes et montagnardes, prairies subalpines, fruticées sèches, pelouses et rocailles de crêtes, éboulis et escarpements composent la palette végétale et minérale du site.

 

Milieux naturels

Le site compte trois habitats déterminants : les éboulis calcaires fins thermophiles à Ibéris de Decandolle (Iberis nana) [assoc. phyto. Iberidetum candolleanae (61.22)], habitats de très grand intérêt botanique et caractérisé par une flore riche en plantes endémiques des Alpes sud occidentales, les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [assoc. phyto. Amelanchiero ovalis Juniperetum thuriferae (32 136)] et les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)].

Six autres habitats remarquables sont également présents avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins, à éléments moyens, à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.22)], qui possèdent de nombreuses espèces endémiques des Alpes sud occidentales, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], dont certaines sont caractérisées par la présence de l’Avoine des Apennins (Avenula versicolor subsp. praetutiana), et les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], formations très ponctuelles sur le site.

Parmi les autres habitats d’intérêt patrimonial marqué, le site compte les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)].

Par ailleurs, les formations arbustives et sous arbustives, généralement associées à la dynamique succédant aux pelouses et prairies, comprennent un certain nombre d’habitats remarquables ou représentatifs parmi lesquels figurent : les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], ainsi que les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)]. Les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)] comptent également parmi les habitats représentatifs du site.

 

Flore

Le site comprend 13 espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l’Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, la Corbeille d'Argent de De Candolle (Iberis nana), crucifère endémique delphino provençale des éboulis calcaires d’altitude des Alpes sud occidentales, et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Trois autres sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Cyclamen d'Europe (Cyclamen purpurascens), la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), crucifère généralement inféodée aux boisements frais de ravins des étages collinéens supérieurs et montagnards, particulièrement rare dans cette région, et l’Orpin de Montereale (Sedum monregalense). L'Aster linosyris  (Galatella linosyris), petite composée des pelouses sèches à floraison estivo-automnale, très rare dans ce département, le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), l’Asarum d'Europe (Asarum europaeum), le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius), le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis) et la Roemérie hybride (Roemeria hybrida), messicole devenue rarissime en France et historiquement citée sur le site, sont les autres espèces déterminantes connues sur ce site.

Il abrite, par ailleurs, trois espèces remarquables : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), protégée en Provence Alpes Côte d’Azur, et l’Euphorbe de Canut (Euphorbia hyberna subsp. canutii).

 

Faune

Ce massif héberge un patrimoine faunistique relativement intéressant, avec 25 espèces animales patrimoniales, dont huit sont déterminantes.

Le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente sont les deux seules espèces de mammifères répertoriées.

L’avifaune nicheuse de ce massif s’illustre par la présence de diverses espèces intéressantes comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), espèce en régression mais désormais plus considéré comme potentiellement nicheur, le Gobemouche gris (Muscicapa striata) et la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio).

Le peuplement de reptiles revêt un intérêt singulier avec la présence de la Vipère d’Orsini (Vipera ursini), emblématique espèce déterminante, très localisée et rare, d’affinité méditerranéo asiatique, dont l’aire de répartition est morcelée, qui en France affectionne les pelouses écorchées parsemées de buissons ras sur les crêtes et hauts plateaux des Préalpes du sud, du Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable ouest méditerranéenne, en régression et en limite d’aire sur le périmètre considéré, et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Quant aux invertébrés, ils comprennent de nombreux coléoptères patrimoniaux. Pour les espèces déterminantes citons : , le Carabe de Solier (Carabus solieri), Carabidé très localisé et en régression marquée, endémique de Provence, du sud-ouest des Alpes et de Ligurie (endémique franco-italien), recherchant les hêtraies, chênaies, châtaigneraies et pinèdes humides, notamment en terrain argilo siliceux, recouvert d’une épaisse couche de feuilles mortes et d’humus, les éboulis et les pierriers entre 100 et 2500 m d’altitude et trois espèces de Cerambycidae comprenant la Rhagie ermite (Rhamnusium bicolor), espèce vivant dans le bois mort des cavités d'arbres vivants, répandue en Europe mais à distribution discontinue et devenue très rare suite à la fragmentation de son habitat, l'Officier trompeur (Necydalis ulmi), espèce cavicole dans les vieux feuillus d'Europe et du Caucase, devenue rare et localisée en France où ses plus grandes populations restantes sont situées en région PACA et le lepture dantesque (Pedostrangalia revestita), dont la larve vit dans la carie rouge humide des vieux arbres feuillus, rendue rare et menacée sur toute sa répartition européenne par la disparition de son habitat. Pour les espèces remarquables, nous retrouvons le Carabe doré (Carabus auratus honnorati), sous espèce déterminante remarquable de Carabidés, protégée en France et endémique de Provence où on ne le trouve que dans quelques stations du Var, du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence, dans les champs, les cultures et les jardins, là où l’intensification de l’agriculture, avec en particulier l’utilisation intensive de pesticides et d’insecticides, ne l’a pas éliminé et quatre longicornes comprenant le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations, Etorufus pubescens, espèce saproxylique des forêts de pins d'altitude, présente en France seulement dans les Pyrénées et en PACA, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence et Tetropium fuscum, espèce d'Europe et de Sibérie occidentale associée aux conifères, peu commune et localisée en France et en PACA où elle se limite aux zones montagneuses.

Les lépidoptères sont représentés par deux espèces déterminantes : l’Isabelle (Actias isabellae), espèce protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne disjointe (en France : Alpes du sud et Pyrénées orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1800 mètres d’altitude et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea). Elles sont accompagnées par trois espèces remarquables : l’Hermite (Chazar briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce montagnarde et en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude.

Chez les Mollusques Gastéropodes, signalons la présence du Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos caziotana), espèce déterminante protégée en France, d’affinité méditerranéenne, endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes de Haute Provence et Alpes Maritimes), entre 1000 et 1500 m d’altitude et la Clausilie rugueuse (Clausilia rugosa reboudii), espèce remarquable de Clausilidés, endémique de la France méridionale.

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les trois ZNIEFF de type 1 suivantes : « Clue de Verdaches Partie sud » ; « Clues du Pérouré et de Barles Partie est » & « Crêtes du Blayeul – les Quatre Termes – le Pirou ».

Commentaires sur la délimitation

Le site intéresse un massif, culminant à près de 2200 m d’altitude. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.