ZNIEFF 930020353
CLUES DU PÉROURÉ ET DE BARLES - PARTIE EST

(n° régional : 04114129)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie centre nord du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle des Préalpes de Digne, le site est établi sur les communes de Barles et de la Javie. Ce site englobe la partie est d’un défilé rocheux correspondant aux Clues de Barles et du Pérouré.
Le substrat géologique du site est composé de calcaires durs à silex d’âge Secondaire, reposant des terrains marneux et marno calcaires du Valanginien et du Berriasien. Les calcaires massifs ont été creusés en d’étroits défilés rocheux, par le torrent du Bès, et sont à l’origine de l’alimentation de cônes d’éboulis actifs qui recouvrent les terrains marneux de pied de versant.

Le site bénéficie d’un climat de type supra méditerranéen nettement abrité.

Etendu entre 800 m et 1 500 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur et montagnard.

Constitué de pentes raides et de falaises abruptes, plus ou moins entrecoupées de vires, le site est caractérisé par une végétation chasmophytique liée aux parois rocheuses, de fruticées et de pelouses rupicoles de vires, ainsi que par des faciès d’embroussaillement sur éboulis en pieds de falaises.

Milieux naturels

Le site possède trois habitats déterminants constitués par les formations végétales des rochers et falaises calcaires ensoleillées liguro apennines à Saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga lantoscana) [all. phyto. Saxifragion lingulatae (62.13)], les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [asso. phyto. Amelanchiero ovalis-Juniperetum thuriferae (32.136)] et par les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidisAsperugetum procumbentis) (65)] milieux très ponctuels constitués surtout par une végétation de petites plantes à cycle végétatif bref, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale et en particulier des plantes xérothermophiles relictuelles.

Quatre habitats remarquables ou représentatifs sont présents : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (62.15)] qui caractérisent le site, les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et les pinèdes sylvestres sèches supraméditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris (42.59)].
De plus, deux autres milieux à forte valeur patrimoniale sont également représentés sur le site de manière ponctuelle. Il s’agit des pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et thérophytes [all. phyto. Alysso-Sedion albi (34.1)], milieux ponctuels et les fruticées d’arbustes xérothermophiles divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)].

Flore

Le site comprend deux espèces végétales déterminantes : l’Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, protégée au niveau national, et le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis).

Par ailleurs, il abrite deux espèces végétales remarquables : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, et l’Euphorbe de Canut (Euphorbia hyberna subsp. canutii).

Faune

Ce site présente un certain intérêt sur le plan faunistique, puisqu’il abrite 16 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 4 sont déterminantes.

La reproduction d’un chiroptère déterminant, le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), a pu être attestée sur le site en milieu naturel. Cette espèce menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présente jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chasse dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations.

L’avifaune nicheuse ou probablement nicheuse locale comprend notamment le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce déterminante dont les populations sont de nouveau en expansion suite à des décennies de protection et reconquièrent peu à peu leur ancienne aire de répartition ; bien qu’aucune nidification n’ait été observée récemment, la ZNIEFF présente des habitats favorables et l’oiseau se reproduit à proximité immédiate du site. Il est accompagné de quatre oiseaux remarquables : la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace holarctique assez rare en PACA et présent du littoral à la haute montagne (concentré sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, et le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléo-montagnarde relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux.

Un reptile remarquable est également observable dans cette zone, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Parmi les lépidoptères du site, mentionnons la présence de l’Isabelle (Actias isabellae), espèce déterminante emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 m d’altitude et de cinq espèces remarquables : l’Apollon (Parnassius apollo), grand papillon de jour d'affinité montagnarde, protégé au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce protégée en France, ouest méditerranéenne, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1 100 m d’altitude, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Hermite (Chazara briseis), en forte régression, lié aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes) et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), lépidoptère diurne d’affinité ouest-méditerranéenne, protégé en France, lié aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum).

Un crustacé d’eau douce remarquable est présent sur le site, l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce en régression, devenue rare et localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur et strictement inféodée aux eaux courantes fraiches et non polluées.

Chez les mollusques gastéropodes, signalons la présence du Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos caziotana), sous-espèce remarquable de Chondrinidés, protégée en France, endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes de Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude, et de la Fausse-veloutée des vallées (Urticicola glabellus), autre espèce remarquable à répartition limitée cantonnée au sud-est de France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes.


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930020351 - Massif de Blayeul ou les Quatre Termes ».

Commentaires sur la délimitation

Le site concerne la partie est d’un défilé rocheux de pentes escarpées, dans lequel s’insinue un cours d’eau. Ses limites englobent les gorges proprement dites. A l’aval, elles longent le cours d’eau. A l’amont, elles incluent les zones rocheuses des gorges et s’appuient sur les ruptures de pente les plus accusées, ainsi que sur les lignes de crêtes secondaires les plus marquées.