ZNIEFF 930020355
L'EMPELOUTIER - VALLONS DE CLAPOUSE ET DES TERRES PLEINES

(n° régional : 04117112)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie nord est du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site se localise au sud est de la petite ville de Jausiers.
Il comprend la partie haute des vallons de Clapouse et des Terres Pleines.

Etabli dans la zone biogéographique intra alpine, il est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques importants et longuement enneigé.

La géologie du site est complexe associant une grande variété de terrains sédimentaires, associant des grès, des calcaires, des schistes, des marnes, des conglomérats et des flyschs appartenant aux nappes de l’Embrunais Ubaye. Une grande partie des roches en place, notamment dans les bas de versants et fonds de vallons sont couvertes par des dépôts d’âge Quaternaire associant des éboulis, cônes de déjection, coulées bouesuses, moraines et anciens glaciers pierreux.

Etendu entre 1 700 m et 2 800 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation montagnard supérieur et subalpin.

Il se caractérise par une végétation associant principalement des prairies et landes subalpines, des mélèzins, des pelouses alpines, des rocailles, des éboulis et des formations rocheuses.

Un complexe exceptionnel d’habitats humides associant des sources, ruisseaux, torrents, petits lacs d’altitude, tourbières et bas marais, abritant des espèces à très forte valeur patrimoniale est présent sur ce site.

Milieux naturels

Les quatre habitats déterminants que compte le site, se rapportent à des milieux humides et des éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale riches en espèces végétales rares, et les éboulis calcaires fins représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].

Douze autres habitats remarquables sont également présents : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion (31.4)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae (61.1)] plus localisés que les précédents, les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].

Parmi les autres habitats à fort intérêt biologique, figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieux couvrant des surfaces importantes sur le site, qui possèdent une très forte diversité floristique et entomologique et sont ici en très bon état de conservation.

Flore

Le site comprend quinze espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l’Androsace pubescente (Androsace pubescens), la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, et l’Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées. Trois autres espèces déterminantes sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca) et la Laîche blanchâtre (Carex canescens). On recense neuf autres espèces déterminantes sur ce site : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, l’Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), le Pigamon simple (Thalictrum simplex), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), qui serait à rechercher sur le site, et la Joubarbe d'Allioni (Sempervivum globiferum subsp. allionii).

Par ailleurs, il abrite huit espèces remarquables dont trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. La Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), quant à elle, est protégée au niveau régional. Le Pissenlit à ligules en capuchon (Taraxacum cucullatum), le Genépi noir (Artemisia genipi), le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum) et la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri) sont les quatre autres espèces remarquables de ce site.

Faune

Ce site héberge 27 espèces animales patrimoniales, dont cinq sont déterminantes.

Pour les mammifères d’intérêt patrimonial, citons en particulier le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé alpin déterminant, d’intérêt communautaire, dont les populations locales sont issues de réintroduction, le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude.

Quant aux oiseaux nicheurs, mentionnons la présence de l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), du Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, du Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent, de la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne semble-t-il en régression, recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 400 et 2 400 m d’altitude, de la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), du Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), du Bruant hortolan (Emberiza hortulana).

L’herpétofaune locale est représentée par le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce remarquable d’affinité médio européenne nordique, rare en PACA, qui fréquente localement les pelouses subalpines, jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude.

Le peuplement entomologique local d’intérêt patrimonial est diversifié, comprenant plusieurs ordres d’insectes. Citons pour les hyménoptères, le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, (famille des Apidés), dont cette sous espèce déterminante est endémique des Alpes du sud où elle fréquente les pentes fleuries ensoleillées, riches en Mélinets (Cerinthe glabra et C. minor) dont il butine les fleurs, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase. Chez les orthoptères, il s’agit du Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce remarquable de criquet, endémique des Alpes, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2 000 et 2 800 m d’altitude, endémique de l’arc alpin, et du Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.

Les coléoptères présentent également un intérêt certain de par la présence avérée du Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce déterminante de coléoptère endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, qui fréquente surtout les pelouses subalpines et lisières forestières des étages montagnards et subalpins, du Trypocopris alpinus, espèce remarquable de la famille des Géotrupes (Geotrupidés), strictement inféodée aux pelouses subalpines pâturées, vivant aux dépens de bouses et crottes de divers mammifères, sensible aux traitements chimiques des parasites internes des troupeaux, et du Trypocopris vernalis, autre espèce remarquable de Géotrupe, des pelouses et prairies pâturées, localement commune dans les Alpes mais également sensible aux traitements chimiques antiparasitaires des troupeaux.

Les lépidoptères (papillons) d’intérêt patrimonial sont représentés par six espèces remarquables : le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce remarquable endémique franco italienne des Alpes occidentales et centrales, dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux pelouses et fourrés subalpins, le Petit Apollon (Parnassius sacerdos sacerdos), espèce remarquable protégée en France que l’on rencontre dans les pelouses au bord des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable en régression en dehors des Alpes, protégée en France, sitrictement liée à la présence de sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata), l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable en régression en dehors des Alpes, protégée au niveau européen, liée aux pelouses à serpolets et une espèce déterminante : le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea).

Chez les mollusques, signalons la présence d’une espèce déterminante, la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin, et de deux espèces remarquables, le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés et Columella columella, Truncatillinidés assez rare, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude.


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 - 930012725 « Vallons des Granges Communes, de Pelouse, de Clapouse et des Terres Pleines - massif de l'Empeloutier - montagne de l'Alpe - crêtes et versant du Chevalier, du Chapeau de Gendarme et du Pain de Sucre ».

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site repose sur la topographie et s’appuie sur de hautes crêtes bien tranchées. Elles englobent une série de deux vallons principaux, qui se juxtaposent d’est en ouest et renferment des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale.