ZNIEFF 930020358
MONT PELAT - PLATEAU DU LAUS - LAC D'ALLOS

(n° régional : 04118116)

Commentaires généraux

Description

Localisé sur la bordure est du département des Alpes de Haute Provence, au contact des deux petites régions naturelles de l’Ubaye et du Haut Verdon, le site est établi sur les communes d’Allos, Colmars et Uvernet Fours. Ce site englobe les vallons situés à l’est du Mont Pelat. Il est délimité par le Mont Pelat, le Trou de l’Aigle, le Col de la Cayolle, la Tête du Grand Clot et la Crête de la Pierre Eclatée. Il comprend le Lac d’Allos et tous les versants qui l’entourent.

La géologie du site est complexe associant une très grande variété de terrains sédimentaires associant des grès, des calcaires, des schistes, des marnes, des conglomérats et des flyschs appartenant aux nappes de charriage subbriançonnaises de l’Embrunais Ubaye. Une importante partie des roches en place, notamment dans les bas de versants et fonds de vallons sont couvertes par des éboulis, cônes de déjection et anciens glaciers pierreux.
Etabli dans la zone biogéographique intra alpine, il est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques accusés et à enneigement prolongé.
Etendu entre 2050 m et 3030 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation subalpin supérieur, alpin et nival.

Sa végétation est essentiellement composée de prairies et landes subalpines, de pelouses et rocailles alpines, de formations rases des combes à neige, d’éboulis et d’escarpements rocheux.

Milieux naturels

Les quatre habitats déterminants que compte le site concernent : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], les pelouses à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) et Fétuque dimorphe (Festuca dimorpha) [all. phyto. Avenion sempervirentis (36.432)], formations herbacées remarquables à aire de répartition française très limitée, et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].

De nombreux autres habitats remarquables sont présents. Il s’agit en particulier de mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Calamagrostion villosae (37.8)], de prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], de pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)] installées sur sols superficiels, de landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], de landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], de landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion (31.4)], de mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), de saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida), de bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], de bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], d’éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et de formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Parmi les autres habitats à fort intérêt biologique à remarquer, figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieux couvrant des surfaces importantes sur le site, qui possèdent une très forte diversité floristique et entomologique et sont ici en très bon état de conservation.

Flore

Le site comprend dix-huit espèces végétales déterminantes, dont neuf sont protégées au niveau national : la Berce naine (Heracleum pumilum), petite ombellifère des éboulis calcaires alpins et subalpins, endémique delphino provençale, l’Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l’Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo-alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées, la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium) et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Trois autres sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Pyrole moyenne (Pyrola media) et le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets. Enfin, le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, l’Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), le Rhinanthe pseudo-anthique (Rhinanthus pseudoantiquus), endémique à aire très restreinte décrite récemment dans ce secteur, et la Joubarbe d'Allioni (Sempervivum globiferum subsp. allionii) constituent les sept autres espèces déterminantes de ce site.

Par ailleurs, il abrite six espèces végétales remarquables dont trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. La Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris) est, quant à elle, protégée au niveau régional. Le Genépi noir (Artemisia genipi) et le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum) sont les deux autres espèces remarquables du site.

Faune

Ce site est doté d’un cortège faunistique d’un très grand intérêt, grâce à la présence avérée de 45 espèces animales patrimoniales, dont 23 déterminantes.

Signalons au titre des mammifères, le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), espèce déterminante de rongeur des boisements de montagne, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé alpin déterminant, d’intérêt communautaire, et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude.

Le peuplement d’oiseaux nicheurs présente un fort intérêt, avec la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce déterminante qui peuple les boisements frais, le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne semble-t-il en régression, recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1400 et 2400 m d’alttude, le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), passereau paléomontagnard remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés (entre 1900 et 2900 m d’alttude), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Sizerin flammé (Carduelis flammea), le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), le Bruant fou (Emberiza cia) et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana) . Le peuplement ichtyologique est caractérisé par la présence de l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), espèce remarquable, autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids aux eaux propres bien oxygénées et aux fonds graveleux et sensible à la pollution.

Le peuplement entomologique local d’intérêt patrimonial est diversifié. Notons deux hyménoptères déterminants, le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, (Hyménoptères Apidés), dont cette sous espèce déterminante est endémique des Alpes du sud où elle fréquente les pentes fleuries ensoleillées, riches en Mélinets (Cerinthe glabra et C. minor) dont il butine les fleurs, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase, et le Bourdon Bombus gerstaeckeri, espèce déterminante et montagnarde d’Hyménoptères Apidés, rare et très localisée en France aux Pyrénées et aux Alpes du sud où elle se trouve en limite de son aire de répartition.

Le peuplement de lépidoptères (papillons) présente un fort intérêt, avec notamment le Moiré piémontais (Erebia aethiopella), espèce déterminante endémique franco italienne, cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Nacré des Balkans (Boloria graeca), espèce déterminante à distribution fractionnée, dans les Balkans et les Alpes occidentales (sous espèce tendensis), localement dans les pelouses subalpines à Violette éperonnée Viola calcarata, l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce déterminante très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce remarquable dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, le Petit Apollon (Parnassius sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, qui fréquente les bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce remarquable endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.

Les orthoptères sont caractérisés par la présence du Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus), espèce remarquable de criquet endémique des Alpes, qui colonise les pelouses alpines à haute altitude et du Criquet de la Bastide (Chorthippus binotatus daimei), sous espèce remarquable endémique de Haute Provence et des Préalpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux.

Parmi les coléoptères déterminants, citons Eremiarhinus impressicollis, coléoptère charançons (Curculionidés) de moyenne montagne, représenté ici par la sous espèce jarrigei, endémique des Hautes Alpes, le Charançon Polydrusus alchemillae, espèce rare et localisée de Coléoptère, endémique du secteur du Col de la Cayolle, présent jusqu’à 2100 m d’altitude, Harpalus punctipennis, espèce de Carabidés orophiles, endémique des Alpes de Haute-Provence et des Alpes-Maritimes où il est très localisé, présent sous les pierres dans les éboulis et prairies alpines, le Carabique Pterostichus devillei, espèce de haute altitude, endémique des Alpes-Maritimes et des Alpes de Haute-Provence, le Licine Licinus oblongus, espèce d’affinité montagnarde, endémique des départements des Alpes de Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes où il est très localisé, vivant dans les pelouses et les prairies alpines, Trechus delarouzeei espèce de Carabique de haute altitude et Anostirus gabilloti.

Parmi les insectes inféodés au milieu aquatique, citons deux espèces de Trichoptères déterminantes : Rhadicoleptus ucenorum et Apatania mercantoura et une espèce d’Ephéméroptère détermiante : Ecdyonurus zelleri.

Concernant les Arachnides, la Lycose Vesubia jugorum a été signalée sur ce secteur, espèce déterminante endémique franco-italienne exclusivement localisée en France dans les Alpes-Maritimes où l’espèce se rencontre dans les éboulis entre 1 800 et 2 700 mètres d’altitude.

Une espèce de Myriapode déterminante a été signalée sur le secteur : Ochogona gallitarum.

Enfin, chez les mollusques, citons la présence de deux espèces déterminantes, l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude et subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise et la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin, accompagnées de Chondrina megacheilos caziotana, espèce remarquable de Chondrinidés, protégée en France, endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes de Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 - 930020356 « Massif du Mont Pelat - col de la Cayolle - versants en rive droite du haut Bachelard - gorges du Bachelard - vallons des Agneliers et de Paluel ».

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site est fondée sur la topographie et s’appuie sur les crêtes et talwegs les plus marqués, de façon à englober une série de vallons établis de part et d’autre du Mont Pelat. Cet ensemble renferme des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale.