ZNIEFF 930020361
MONTAGNE DU CHEVAL BLANC - MONTAGNE DE TOURNON - BOIS FAVIER

(n° régional : 04122160)

Commentaires généraux

Description
Localisé au centre est du département des Alpes de Haute Provence, le site est établi sur les communes de Draix, Lambruisse, Prads Haute Bléone, Tartonne et Thorame Basse. Le site englobe la crête du Cheval Blanc et son versant est jusqu’à Château Garnier.
Sur le plan géologique, le site est composé de roches sédimentaires, calcaires et calcaro marneuses du Crétacé supérieur, comprenant une alternance de lits argileux et de bancs calcaires. Les éboulis récents, encore actifs pour la plupart, couvrent des surfaces importantes sur les parties inférieures et moyennes des versants. Localement pquelques dépôts glaciaires et bourrelets morainiques occupent quelques combes et replats, en particulier sur le versant est du site.
Le site est soumis à un climat de montagne aux influences supra méditerranéennes marquées.
Se développant approximativement entre 1100m et 2320m, il s’inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin inférieur.
Falaises et escarpements calcaires, éboulis, rocailles, pelouses alpines, prairies montagnardes et subalpines, landes, fruticées, hêtraies, pinèdes sylvestres et chênaies pubescentes sont les composantes du paysage minéral et végétal du site.

Milieux naturels
Le site compte deux habitats déterminants : les éboulis calcaires fins d’altitude, représentés par des formations à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Berardietum lanuginosi (61.2322)] et les éboulis calcaires fins thermophiles à Ibéris de Decandolle (Iberis nana) [assoc. phyto. Iberidetum candolleanae (61.22)], habitats de très grand intérêt botanique et caractérisés par une flore riche en plantes endémiques des Alpes sud occidentales et en espèces particulièrement rares pour les Alpes comme l’Adonis des Pyrénées (Adonis pyrenaica) ou le Géranium argenté (Geranium argenteum).
Quatre autres habitats remarquables sont présents et comprennent les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins à éléments moyens à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.22)], qui possèdent de nombreuses plantes endémiques des Alpes sud occidentales, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)].

Flore
Le site comprend treize espèces végétales déterminantes, dont huit sont protégées au niveau national : le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, l’Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), inféodée à la pinède de Pin sylvestre, la Corbeille d'Argent de De Candolle (Iberis nana), crucifère endémique delphino provençale des éboulis calcaires d’altitude des Alpes sud occidentales, le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum), l’Adonis des Pyrénées (Adonis pyrenaica), renonculacée pyrénéo alpine des éboulis calcaires, rarissime dans les Alpes où elle ne compte que trois foyers localisés de populations, l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium) et la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huttii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes. Une est protégée régionalement avec la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), qui se développe dans les éboulis et rocailles du site. Enfin, le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), l’Œillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, et la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, sont les quatre autres espèces déterminantes de ce site.
Par ailleurs, il abrite trois espèces remarquables : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, protégées au niveau national, et le Moloposperme du Péloponnèse (Molopospermum peloponnesiacum), grande et spectaculaire ombellifère localisée en France au sud des Alpes, à la bordure sud du Massif Central et aux Pyrénées orientales.

Faune
Le site héberge un cortège faunistique de fort intérêt, composé de seize espèces animales patrimoniales, dont sept sont déterminantes.
Les chauves-souris sont représentées par le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne. L’avifaune nicheuse comprend divers oiseaux remarquables tels que la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne semble-t-il en régression, recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1400 et 2400 m d’altitude, le Petit duc scops (Otus scops), la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés (entre 1900 et 2900 m d’altitude). Ce site abrite aussi l’une des stations départementales de la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), espèce déterminante d’affinité orientale aujourd’hui rare, très localisée, en régression et menacée d’extinction en France, des pelouses rocailleuses à genévriers.
Quant aux invertébrés, ils comprennent en particulier le Criquet de la Bastide (Chorthippus binotatus daimei), sous espèce remarquable endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, le Saphane brun (Saphanus piceus), espèce déterminante de Coléoptère longicorne (Cérambycidés), très rare, localisée et en limite d’aire sud occidentale en région Provence Alpes Côte d’Azur, d’affinité montagnarde et liée aux aulnaies et aux forêts de conifères, ainsi que trois coléoptères de la famille des charançons (Curculionidés) : l’Otiorrhynque Otiorhynchus peyerimhoffi, espèce montagnarde déterminante, endémique des Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence et Alpes Maritimes, étroitement localisée et rare, l’Otiorrhynque Otiorhynchus pascuorum, espèce montagnarde déterminante, endémique des Alpes de Haute Provence, extrêmement localisée et rare, liée aux pâturages de montagne vers 2000 m d’altitude et au-dessus, le Charançon Eremiarhinus impressicollis, espèce déterminante représentée ici par la sous espèce alpicola, de la région alpine méridionale dont elle est endémique, assez abondante jusqu’à 2500 m d’altitude. Pour les lépidoptères, le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce remarquable endémique franco italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte, l’avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable, relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croissent ses plantes hôtes, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) ou plus localement en montagne des sainfoins (Onobrychis ssp.).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «Massif de la montagne du Cheval Blanc   montagne de Côte Longue».

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site obéit à une logique de massif et englobe une importante variété d’habitats et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Le périmètre s’appuie, lorsque c’est possible, sur les éléments topo-géographiques et paysagers les plus notables, lorsqu’il en existe (ruptures de pentes, crêtes secondaires, talwegs, sentiers, dessertes pastorales ou forestières, lisères…).