Description
Localisé dans la partie sud est du département des Alpes de Haute Provence, à l’est de la petite ville de Castellane, le site est établi sur les communes de Soleilhas et d'Ubraye. Ce site s'étend essentiellement sur les crêtes et les replats sommitaux de la Montagne de Picogu (1841 m). Il comprend également en versant sud est le lieu-dit "Pré Reynier".
Le substrat géologique du site est composé par des terrains sédimentaires associant des calcaires marneux du Berriasien (Crétacé), des calcaires beiges lités du Kimméridgien (Jurassique) et des calcaires néojurassiques. Ces roches sont recouvertes en partie d'éboulis actifs et de brèches de pentes.
Du point de vue climatique, il se localise dans une zone de transition entre le climat sec et ensoleillé d'affinités provençales à l'ouest et celui des Alpes Maritimes plus humide, avec nébulosité plus abondante, à l'est.
Compris entre 1500 m et 1850 m d’altitude, ce très beau site de moyenne montagne est inclus dans les étages de végétation montagnard et subalpin inférieur.
Il est surtout constitué par des pelouses et prairies d'altitude, des éboulis de pente et des affleurements rocheux. En contrebas apparaissent des formations boisées de Hêtre (Fagus sylvatica), de Sapin (Abies alba) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Milieux remarquables
Le site compte deux habitats déterminants : les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [all. phyto. Genistion lobelii (31.7456)], qui occupent les crêtes au niveau de replats rocheux ventés, et les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)].
Sept autres habitats remarquables, typiques ou représentatifs sont également présents. Ils comprennent les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.81)] et les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)].
Ce site compte en outre deux autres habitats d’intérêt patrimonial marqué avec les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] et les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)].
Flore
Le site comprend huit espèces végétales déterminantes, dont une est protégée au niveau national : l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Une est protégée régionalement : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires. Six sont sans statut de protection : l'Armoise d'Arménie (Artemisia armeniaca), découvert récemment en France, le Pigamon simple (Thalictrum simplex), qui affectionne les marécages, la Marguerite de Burnat (Leucanthemum burnatii) et la Minuartie de Burnat (Minuartia glomerata subsp. burnatii), inféodées toutes deux aux crêtes rocailleuses essentiellement des Préalpes du Verdon, l'Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, et l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France.
Par ailleurs, il abrite deux autres espèces végétales remarquables, dont une est protégée au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, et une autre sans statut de protection : le Moloposperme du Péloponnèse (Molopospermum peloponnesiacum), grande et spectaculaire ombellifère localisée en France au sud des Alpes, à la bordure sud du Massif Central et aux Pyrénées orientales.
Faune
Sur ce périmètre, deux espèces animales patrimoniales remarquables ont été recensées. Des prospections complémentaires seraient à entreprendre.
Chez les insectes Lépidoptères, mentionnons l’Apollon (Parnassius apollo), espèce montagnarde et alpine en régression, relique de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées et chez les Arachnides, signalons la présence de la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), araignée méditerranéenne des garrigues et pelouses sèches.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «04_134_100 Massif de Crémon la Bernarde Vauplane crête du Teillon col des Portes la Faye Trébec plan de Mousteiret».
La pression pastorale, qui tend actuellement à se réduire, conduit dans les pelouses subalpines à l’installation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction de l'espace pastoral et de sa valeur.
Le site coiffe un massif de moyenne montagne, de façon à englober des habitats remarquables et des populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Ses limites sont avant tout fonctionnelles, pour prendre au mieux en compte les éléments patrimoniaux présents.