ZNIEFF 930020371
SERRE ET CRÊTE DU MONTDENIER

(n° régional : 04136181)

Commentaires généraux

Description
Localisé dans la partie sud du département des Alpes de Haute Provence, à l’est de la petite ville de Moustiers Sainte Marie, le site est établi sur les communes de La Palud sur Verdon, Saint-Jurs, Majastre et Moustiers Sainte Marie. Ce grand site est formé par la Montagne du Montdenier (1750 m), dont la crête principale est orientée du nord ouest au sud est, et comprise entre le Serre et les crêtes du Montdenier. Il comprend également le sommet arrondi du Pavillon (1625 m). Sur sa partie nord, il vient englober la rivière de l'Estoublaisse.
Le substrat géologique du site est relativement homogène. Il est caractérisé par les couches sédimentaires calcaires et marneuses, datant du Crétacé au Lias. Les croupes sommitales sont en majeure partie couvertes par de vastes étendues calcaires du Portlandien (Jurassique). L'ensemble de ces formations est recouvert d'éboulis actifs, liés à l'érosion des affleurements rocheux présents, d'éboulis anciens ou fixés et de cailloutis cryoclastiques.
Du point de vue climatique, le site est soumis à un climat de moyenne montagne nettement marqué par les influences supra méditerranéennes à l’origine d’un ensoleillement important et d’une sécheresse estivale accusée.
Compris entre 950 m et 1750 m d’altitude, ce vaste site de montagnes calcaires est inclus essentiellement dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard, avec dans le haut quelques secteurs de crêtes atteignant l'étage de végétation subalpin inférieur.
Le site associe un vaste complexe de pelouses, de prairies, de garrigues et de fruticées, parcourus de falaises calcaires et d'éboulis. Il comprend de vastes massifs forestiers constitués de Hêtre (Fagus sylvatica), de Sapin (Abies alba) et à plus basse altitude en exposition chaude de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), de Pin noir (Pinus nigra) et de Chêne pubescent (Quercus humilis). Localement des secteurs de zones humides sont présents.

Milieux naturels
Le site compte deux habitats déterminants : les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)] et les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [all. phyto. Genistion lobelii (31.7456)] qui occupent les crêtes au niveau de replats rocheux ventés.
Neuf autres habitats remarquables sont également présents et comprennent les bas marais à Laîche de les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], présents ponctuellement au niveau de talwegs, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les éboulis calcaires d'altitude du Thlaspion rotundifolii (61.22) et les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)].
Ce site compte également plusieurs autres habitats d’intérêt patrimonial marqué comprenant en particulier les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)].

Flore
Le site possède une flore de très grande valeur patrimoniale et compte dix espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : la Sabline de Provence (Moehringia intermedia), caryophyllacée endémique des Préalpes du Verdon, caractéristique des parois calcaires, l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, et la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes.
Le Myosotis des grottes (Myosotis speluncicola), petite borraginacée liée aux encavements et entrées de grottes connues de trois localités en France, et la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), qui colonisent les éboulis et rocailles du site, sont quant à eux protégés au niveau régional.
Cinq espèces végétales déterminantes sont également présentes : l'Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, la Passerage à feuilles d'halimus (Hormathophylla halimifolia), inféodée aux parois calcaires, le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) et la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire.
Par ailleurs, la Passerine dioïque (Thymelaea dioica) est une espèce végétale remarquable à noter dans ce site.

Faune
Ce site héberge un cortège faunique assez intéressant, comprenant quatorze espèces animales patrimoniales dont sept déterminantes.
Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) et le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus) figurent parmi les espèces aviennes patrimoniales locales.
Chez les insectes, citons le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude,, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, les pelouses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude.
Concernant l’herpétofaune, citons la Vipère d’orsini (Vipera ursinii) historiquement recensée sur ce secteur. Cette espèce déterminante d'Europe occidentale et méridionale est présente en France uniquement en PACA sur les versants et plateaux xériques des Alpes du Sud entre 1000 et 2200m d'altitude. Elle serait à rechercher dans les habitats favorables.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «Massif du mourre de Chanier   serre de Montdenier   gorges de Trévans   pré Chauvin   la font d'Isnard».
La pression pastorale, qui tend actuellement à se réduire, conduit dans les pelouses sèches à l’installation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction de l'espace pastoral et de sa valeur.
Une grande prudence est de rigueur dans la gestion et l’exploitation des massifs forestiers.

Commentaires sur la délimitation

Le site se compose d’une longue série de crêtes et leurs sommets de versant. Son périmètre englobe des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. Si la délimitation cherche avant tout à être fonctionnelle, de façon à englober les éléments remarquables identifiés, elle s’appuie sur les ruptures topographiques les plus marquées et sur les repères paysagers ou géographiques les plus évidents, tels que dessertes, sentiers, lisières…, lorsqu’il en existe.