ZNIEFF 930020376
BASSES GORGES DU VERDON

(n° régional : 04152188)

Commentaires généraux

Description

Localisé sur la bordure sud du département des Alpes de Haute Provence, en limite du département du Var, au sud est de la ville de Gréoux, le site est établi sur les communes d’Esparron de Verdon et de Quinson. Ce site s'établi au niveau des basses Gorges du Verdon, entre Quinson et le lac d'Esparron. Il est caractérisé par la présence de falaises calcaires abruptes surplombant et entourant la rivière du Verdon, elles-mêmes surmontées de pentes escarpées recouvertes de garrigues.

D’origine sédimentaire, le substrat géologique du site est relativement homogène. Il est principalement constitué par les strates sédimentaires de calcaires blancs massifs du Portlandien (Jurassique).

Du point de vue climatique, le site est nettement marqué et caractérisé par les influences provençales, avec un climat sec et ensoleillé.

Compris entre 400 m et 550 m d’altitude, ce très beau site de gorges calcaires est essentiellement inclus dans les étages de végétation méso méditerranéen et supra méditerranéen inférieur.

Constitué de pentes raides et de falaises abruptes, peu délitées, le site est caractérisé par des formations végétales des parois rocheuses et des éboulis, des vires herbeuses et des faciès d'embroussaillement liés aux garrigues méditerranéennes et accompagnés de lambeaux de boisement de Chêne vert (Quercus ilex). En partie amont, apparaissent des fruticées à Buis (Buxus sempervirens) et des landes à Genêt cendré (Genista cinerea).

Milieux remarquables

Le site recèle un habitat déterminant de fort intérêt patrimonial, comme les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], milieux très ponctuels constitués surtout par une végétation de petites plantes à cycle végétatif bref, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale et en particulier des plantes xérothermophiles relictuelles. Trois autres habitats rupestres remarquables sont présents avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires ibéro méditerranéennes [asso. phyto. Phagnalo sordidi Asplenietum petrarchae (62.111)] et les falaises calcaires alpiennes et supra méditerranéennes [asso. phyto. Potentillo caulescentis Hieracietum humilis (62.151) et Sileno saxifragae Asplenietum fontani (62.152)].

Il comprend également plusieurs autres habitats typiques ou représentatifs, comme : les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] et les boisements méso et supra méditerranéens de Chêne vert ou Yeuse (Quercus ilex) [all. phyto Quercion ilicis (45.31 & 45.32)].

Flore

Le site compte neuf espèces déterminantes : quatre sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), qui occupe les lisières sèches du fond de Ravin de Saint-Maxime, l'Amarinthe trifide (Prangos trifida), une ombellifère rare affectionnant les pentes rocheuses et dont la présence sur ce site constitue l’unique station des Alpes de Haute-Provence, la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée des pelouses rocailleuses très sèches, et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. Les trois autres espèces déterminantes de ce site sont : le Millet printanier (Milium vernale), petite graminée très rare en France et nouvelle pour ce département inféodée aux lisières de la chênaie verte, la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) et le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis).

Il abrite également quatre espèces remarquables dont une est protégée au niveau national : la Gagée de Lacaita (Gagea lacaitae). La Luzerne en forme de pelote (Medicago sativa subsp. glomerata) et la Violette de Jordan (Viola jordanii) sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur. La dernière espèce remarquable de ce site est le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus).

Faune

Le patrimoine faunistique des basses gorges du Verdon est d’un intérêt élevé. Elles possèdent pas moins de 30 espèces animales patrimoniales, dont 11 déterminantes.

Le Murin de Capaccini (Myotis capaccinii), espèce déterminante rare, se reproduit et hiberne sur ce site avec des colonies numériquement importantes. Le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), le Petit Murin (Myotis blythi), le Grand Murin (Myotis myotis), espèces déterminantes se reproduisent sur le site. D’autres espèces déterminantes ont été identifiées sur le site comme le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le rare Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale) et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum). On note aussi la présence de plusieurs espèces remarquables comme le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Vespère de Savi (Hypsugo savii), la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis). On peut également citer la présence de la Genette (Genetta genetta) et du Castor d’Europe (Castor fiber), espèce déterminante.

Du côté des oiseaux nicheures ou probablement nichers, citons l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) (un couple reproducteur), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis) (au moins un couple nicheur), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) (deux couples reproducteurs), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) (un couple) figurent au rang des rapaces diurnes du site. A noter également une colonie de Pigeon colombin (Columba oenas), espèce remarquable rare en PACA et nicheur dans les falaises des basses gorges. Les falaises abritent aussi la nidification du Monticole bleu (Monticola solitarius). Le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) est considéré comme un nicheur possible dans la ripisylve, qui héberge également le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis).

Les poissons locaux comprennent notamment au Toxostome (Chondrostoma toxostoma) et au Blageon (Leuciscus soufia).

Le patrimoine entomologique d’intérêt patrimonial est représenté par un cortège de rhopalocères (papillons de jour) dans les milieux ouverts et un cortège de coléoptères  dans les boisements de chênes. Chez les premiers, citons l'Hespérie de la balotte (Carcharodus baeticus), espèce déterminante d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce remarquable de Lycénidés d'affinité eurasiatique très localisée en France et généralement peu abondante, fréquentant les milieux ouverts chauds et rocailleux à orpins et la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude. Les peuplements de chênes sont colonisés par le Clyte à antennes rousses (Chlorophorus ruficornis), espèce remarquable de coléoptère de la famille des longicornes (Cerambycidés), endémique franco ibérique, dont l’adulte est floricole et la larve se développe dans les branches mortes de chênes déjà attaquées par un autre coléoptère, le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globulicollis), espèce remarquable de longicorne dont la larve affectionne le bois des branches terminales de feuillus, surtout des érables, le Capricorne velouté (Cerambyx welensii), espèce remarquable de longicorne principalement inféodée au bois sénescent de chênes dont se nourrit sa larve et Athous olbiensis, espèce déterminante d’Elatéridés

Les mollusques comprennent notamment Cochlostoma macei, espèce remarquable, rare et localisée de Cochlostomatidés, d’affinité méridionale, endémique des départements du Var, des Alpes Maritimes et des Alpes de Haute-Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires.



Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930020488 - Basses gorges du Verdon - bois de Malassoque et de la Roquette - plateau de la Seuve».

La fréquentation touristique et les activités de loisirs de plein air (randonné, canyoning, escalade…) ne doivent pas se développer au détriment de la flore et de la faune très riches liées aux gorges.

La pression pastorale, qui tend actuellement à se réduire, conduit dans les pelouses sèches à l’installation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements. Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction de l'espace pastoral et de sa valeur.

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond à des gorges étroitement encaissées renfermant des habitats et populations d’espèces particulièrement remarquables. Sa délimitation est fondée avant tout sur la topographie et coïncide pour l’essentiel avec la rupture de pente brutale occasionnée par le rebord des deux plateaux qui bordent les gorges au nord et au sud.