Description
Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes, en bordure est du massif des Ecrins dans la région de l’Embrunais, le site correspond au cours de la Durance.
Il s'étend sur un substrat d'alluvions récentes.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Il s'étend de 820 m à 900 m d'altitude, et est totalement inclus dans l’étage de végétation montagnard.
Après avoir entaillé des terrasses glaciaires, la Durance se trouve canalisée par une topographie encaissée. Le site est caractérisé par des milieux ripicoles, où se rencontrent à la fois des espèces végétales d'origine montagnarde et méditerranéenne.Milieux remarquables
Les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)] constituent le seul habitat déterminant du site. Il s’agit d’un milieu semi ouvert thermoxérophile d'une grande valeur patrimoniale, qui apparaît ponctuellement sur des terrasses alluviales hautes d’alluvions grossières filtrantes et très sèches. Par rapport aux milieux analogues présents plus à l’amont sur le cours de la Durance, ces formations steppiques se trouvent enrichies d'espèces végétales d'origine méditerranéenne.
Trois autres habitats remarquables sont présents : les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) xériques [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53)] et les pinèdes mésophiles [sous all. phyto. Molinio arundinaceae Pinenion sylvestris (42.5)], établies sur les terrasses fluviatiles hautes qui correspondent souvent à une ripisylve mâture vieillissante, les boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.15)].
Notons la présence de trois autres habitats présentant un intérêt écologique important : les fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos), Saule pourpre (Salix purpurea) et Myricaire d’Allemagne (Myricaria germanica) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)], les roselières fluviatiles des rives et berges limoneuses [all. phyto. Phalaridion arundinaceae (53.14 et 53.16)] et la végétation pionnière herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)].
L’écocomplexe fluviatile qui associe, en une mosaïque mouvante d’une riche diversité, le cours d’eau actif, les bras morts d’eau lente, les stades pionniers de colonisation des alluvions, les roselières fluviatiles des bancs de limons, les fourrés arbustifs et les ripisylves mâtures, constitue l’essentiel de l’intérêt du site.Flore
Le site comprend une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : la Petite massette (Typha minima).
Faune
Ce site recèle un patrimoine faunistique d’un intérêt relativement élevé avec quinze espèces animales patrimoniales, dont trois sont déterminantes parmi les insectes.
Les mammifères sont représentés par la Crocidure leucode (Crocidura leucodon), musaraigne remarquable d'affinité septentrionale en limite sud de son aire de répartition. Les oiseaux sont représentés par plusieurs espèces remarquables d’intérêt patrimonial, nicheurs réguliers ou occasionnels dans le site : l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique remarquable, liée aux rivières et torrents à courant rapide, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), l'Alouette lulu (Lullula arborea) ou la Huppe fasciée (Upupa epops). Les poissons d’eau douce comprennent notamment une espèce remarquable, la Truite de rivière (Salmo trutta fario).
Les insectes locaux d’intérêt patrimonial comportent deux espèces remarquables, l’Apollon (Parnassius apollo), lépidoptères rhopalocères d'affinité montagnarde, protégé au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), odonate libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commun en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion, et trois espèces déterminantes, dont ce tronçon de Haute Durance comporte un fort intérêt vis à vis de leur conservation car elles sont étroitement liées à la dynamique alluviale naturelle du cours d’eau : le Sphinx de l’Argousier (Hyles hippophaes), espèce crépusculaire et nocturne de lépidoptères Sphingidés, rare partout, extrêmement localisée et protégée au niveau européen, strictement inféodée aux ravines et bords de rivières où pousse l’Argousier, plante nourricière de sa chenille, le Criquet des iscles (Chorthippus pullus) et le Tridactyle panaché (Xya variegata), deux espèces d’orthoptères rares et en régression, strictement liées à certains micro habitats sur les rives ou le lit des cours d'eau en tresses.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
De par sa position le long de la Durance, large vallée glaciaire, qui est une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes, le site se trouve sur un flux migratoire nord sud.
L’écocomplexe fluviatile durancien présente un important niveau d’organisation étroitement dépendant de la dynamique hydraulique torrentielle et du charriage des alluvions, conditions strictement dépendantes du bon fonctionnement de l’ensemble de son bassin versant. Ainsi par exemple, sur le site il existe d’anciens bras morts et des adoux qui représentent des refuges indispensables pour la flore et la faune. Dans l'ensemble, la ripisylve est relativement large et la Durance dispose d'un lit en tresses où se maintiennent de nombreux îlots végétalisés, présentant à la fois les premiers stades de la dynamique de végétation indispensable au maintien des espèces pionnières, ainsi que des stades de ripisylves plus évolués, habitat d’espèces spécialisées strictement inféodées aux forêts riveraines humides. Cependant, la ripisylve tend à vieillir localement (réduction de la surface des habitats pionniers) par manque de grosses crues.
La valeur patrimoniale de l'adoux de Crépon Barrachin a été reconnue, avec la mise en place d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope.
Toutefois, rappelons que cette portion de vallée fait encore l'objet d'extractions de matériaux alluvionnaires en lit mineur, et que les rejets de station d'épuration ne sont pas complètement aux normes. De plus, une multiplicité de dépôts sauvages est abandonnée dans la ripisylve.
En revanche, la pratique des sports d'eau vive, lorsqu’elle ne se traduit pas par l’aménagement artificiel du cours d’eau, ne semble pas avoir de conséquences sur la rivière.
Les limites du site englobent l’écocomplexe fonctionnel d’un tronçon de la Durance, à l’aval du pont de Saint-Clément-sur-Durance, associant le cours d’eau, ses bras secondaires, ses ripisylves et ses zones humides connexes proches. Elles excluent l’essentiel des secteurs fortement anthropisés (cultures, zones urbaines et semi-urbaines) situés en bordure. Ces derniers justifient la délimitation par les fortes discontinuités écologiques et paysagères occasionnées.