ZNIEFF 930020383
VERSANTS ADRETS DE VILLAR-D'ARÈNE, DU COL DU LAUTARET, DU COL DU GALIBIER, DU GRAND GALIBIER ET DE ROCHE COLOMBE

(n° régional : 05101106)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, dans la région du Col du Lautaret, le site correspond au versant adret de Villar d’Arène, tourné sur le bassin versant de la haute vallée de la Romanche, et à celui de la haute vallée de la Guisane à l’amont du hameau du Pont de l’Alpe. Il est également délimité par les deux cols prestigieux du Lautaret et du Galibier.
La diversité géologique y est très importante et comprend une vaste panoplie de roches sédimentaires appartenant aux zones ultra dauphinoise, subbriançonnaise et briançonnaise et offrant un panorama de la formation des Alpes. Schistes, calcaires marneux, calcaires compacts, dolomies, gypse, flysch, grès, quartzites, brèches, etc. ont engendré une très grande diversité de substrats et de modelés remaniés par l’érosion torrentielle, glaciaire ou cryoclastique. Pentes douces des terrains marno calcaires ou des dépôts glaciaires, crêtes déchiquetées, cônes d’éboulis ou torrentiels, falaises calcaires dolomitiques (Grand Galibier et Roche Colombe) et ravines d’arrachements marneux constituent les multiples facettes de ce site composite.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine, à la transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le site est inclus dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival, entre 1670 m et 3228 m au sommet du Grand Galibier.
Les principales formations végétales associent une très grande diversité de types de prairies subalpines et de pelouses alpines à floraison exceptionnelle, qui ont fait la renommée botanique de ce secteur : prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), pâturage à Nard raide (Nardus stricta), prairies de fauche subalpines, pelouses à Laîche toujours verte (Carex sempervirens), Seslérie (Sesleria caerulea) et Fétuque violette (Festuca violacea), pelouses écorchées à Astragale épineux (Astragalus sempervirens) ou des crêtes ventées à Elyne queue de souris (Kobresia myosuroïdes), pelouses pionnières de dalles et débris rocheux à Joubarbes et Orpins (Sempervivum et Sedum pl. sp.)… Les milieux de landes subalpines et landines de transition sont également bien représentés : landes à Airelles (Vaccinium pl. sp.), landes xérophiles à Genévrier nain (Juniperus sibirica) et Raisin d’ours (Arctostaphylos uva ursi), landines à Dryas (Dryas octopetala). Les milieux de rocailles, d’éboulis et des rochers tant siliceux que calcaires, riches en espèces végétales rares ou remarquables, expliquent également l’attrait du site pour les botanistes. De même que l’exceptionnelle richesse en milieux humides où se côtoient prairies hygrophiles, mégaphorbiaies, bas marais alcalins ou acides, bas marais froids artico alpins, végétation des sources et bords de ruisseaux et même localement phragmitaie.

Milieux patrimoniaux

Les cinq habitats déterminants que compte le site se rapportent à des milieux humides et des éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site, en mosaïque avec les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)] (habitat remarquable), les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
De nombreux autres habitats remarquables sont présents. Il s’agit en particulier des landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], des saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida), des mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], des prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Parmi les autres habitats à fort intérêt biologique, figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieux couvrant des surfaces importantes sur le site, qui possèdent une très forte diversité floristique et entomologique et sont ici en très bon état de conservation.

Flore

Le site comprend quarante-neuf végétales déterminantes. Dix-neuf sont protégées au niveau national : l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Ail dressé (Allium lineare), le Lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum), le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Camélée striée (Daphne striata), le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, la Laîche bicolore (Carex bicolor), la Laîche à petite arête (Carex microglochin), deux rares cypéracées des marécages arctico alpins froids d’altitude, la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis), le Saxifrage fausse mousse (Saxifraga muscoides) et l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées.
Treize sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Armoise septentrionale (Artemisia borealis), le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Cardamine de Plumier (Cardamine plumieri), crucifère inféodée aux fissures de parois et blocs rocheux sur roches vertes dont la présence actuelle serait à confirmer sur le site, l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis), la Pédiculaire élevée (Pedicularis ascendens), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum), la Laîche fimbriée (Carex fimbriata), la Potentille à divisions nombreuses (Potentilla multifida), la Potentille blanche (Potentilla nivea), le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et la Ranuncule à feuilles de parnassie (Potentilla parnasssifolius subsp.  heterocarpus).
Dix-sept espèces n’ont pas de statut de protection : l'Ail victoriale (Allium victorialis), l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), la Campanule en thyrse (Campanula thyrsoides), belle campanule à fleurs jaunes en voie de raréfaction du fait de l'intensification du pastoralisme, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Silène de Suède (Viscaria alpina), l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Vulpin roux (Alopecurus aequalis), la Renoncule à tête d'or (Ranunculus boreoapenninus), le Pigamon simple (Thalictrum simplex), la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata).
Par ailleurs, le site comprend cinq espèces végétales remarquables. Trois sont protégées au niveau national : la Drave blanchâtre (Draba incana), le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Le patrimoine faunistique du site est d’un intérêt très élevé. Il renferme en effet quarante sept espèces animales patrimoniales, dont dix espèces déterminantes.
Le peuplement mammalogique local d’intérêt patrimonial est notamment représenté par le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), espèce déterminante nouvelle sur la zone suite à des inventaires avec typage ADN, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m. d’altitude, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes.
Le peuplement avien nicheur local est riche en espèces déterminantes et remarquables dont certaines sont rares dans les Alpes et en Provence : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et le Moineau soulcie (Petronia petronia) espèces déterminantes, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic noir (Dryocopus martius), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella) et le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheurs localisés des forêts d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés et le Bruant fou (Emberiza cia). L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières et bords de ruisseaux.
Les peuplements d’insectes sont très diversifiés et d’un grand intérêt puisqu’ils comportent dix huit espèces patrimoniales dont cinq déterminantes. Ces dernières concernent des espèces inféodées aux prairies subalpines et alpines et aux zones humides ; Il s’agit du Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont cette sous espèce est déterminante et endémique des pentes fleuries ensoleillées, riches en Cerinthe glabra et C. minor dont il butine les fleurs, des Alpes du sud, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase, de quatre orthoptères le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus), espèce remarquable de répartition arctico alpine et euro sibérienne, très thermophobe, localisée en France aux Alpes internes (Savoie et Alpes du sud), la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus), espèce remarquable de criquet d'affinité boréo alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2000 m et jusqu'à la limite des névés, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses et la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), espèce remarquable de sauterelle d'Europe occidentale, rare et en limite d’aire dans les Alpes du sud, inféodée localement aux prairies subalpines humides, Le riche cortège de Lépidoptères rhopalocères (« papillons de jour ») intéressants est également à noter avec de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial : l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce déterminante très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, l'Hespérie des frimas (Pyrgus andromedae), espèce boréo alpine remarquable de la famille des Hespéridés, localisée et peu abondante dans les Alpes fréquentant les prairies et pelouses d'altitude, entre 1000 et 3000 m, l'Echiquier (Carterocephalus palaemon), espèce holarctique remarquable de Lépidoptère Hespériidés vivant en lisières et clairières humides et dont les stations sont limitées et fragmentées, le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, dont cette sous espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine déterminante liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, le Moiré des pâturins (Erebia melampus), espèce remarquable endémique du massif alpin, rare et localisée au niveau régional, l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique remarquable localisée en France dans les Alpes internes et du nord, dans les landes et tourbières à airelles (Vacciinum ssp.), l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_101_100   Vallons du Gâ, de Martignare et du Goléon   adret de Villar d'Arène, du Lautaret et du Galibier».

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont fondées sur la topographie. Elles sont définies par de hautes crêtes et par le fond de vallée et renferment des habitats et espèces à forte valeur patrimoniale.