ZNIEFF 930020386
PLATEAU D'EMPARIS - PETIT TÊT - SERRE BERNARD - LES MASSERELLES - PRÉ VEYRAUD

(n° régional : 05103103)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, sur le bassin de la haute vallée de la Romanche, le site comprend le plateau d’Emparis au sens strict, ainsi que les crêtes qui le bordent au nord et à l’est : Gros têt, Petit Têt, Serre Bernard et Pré Veyraud.
Il est pratiquement totalement inclus dans le site classé du Plateau d’Emparis.
Il s’agit d’un vaste plateau aux reliefs doux et pentes molles, avec localement des secteurs au micro relief plus fragmenté, perché au dessus de la profonde entaille de la vallée de la Romanche qui le borde au sud. Le site présente une grande variabilité géologique associant des terrains siliceux (gneiss et amphibolites), des terrains calcaires et marno calcaires (schistes du Lias, calcaires du Jurassique moyen, dolomies triasiques) et des formations récentes (dépôts glaciaires würmiens et éboulis). Cette diversité des substrats compose une géomorphologie très contrastée où se remarquent diverses formes d’érosion et de modelés (reliefs glaciaires, pentes douces et mamelonnées, failles tectoniques, roches fragmentées par l’action du gel et du dégel, sols cryoturbés analogues à des formations des régions arctiques tels que sols polygonaux et thufurs…).
Situé en limite biogéographique, sur la bordure ouest de la zone intra alpine et à la transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le site est compris dans les étages de végétation subalpin supérieur et alpin entre les altitudes de 2050 m à 2600 m.
Le paysage végétal et minéral du site associe une mosaïque complexe de prairies subalpines à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), pâturages à Nard raide (Nardus stricta), pelouses alpines à Laîche toujours verte (Carex sempervirens), Seslérie (Sesleria caerulea) et Fétuque violette (Festuca violacea), formations de combe à neige à saules nains (Salix herbacea, Salix reticulata, Salix retusa), landes subalpines d’éricacées, landines froides d’altitude, rocailles avec formations pionnières, végétation des éboulis calcaires et siliceux, escarpements rocheux et associations saxicoles et de milieux humides comprenant lacs, mares, sources, ruisselets et bas marais d’altitude.

Milieux naturels

Quatre habitats déterminants sont représentés. Ce sont en particulier : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], d'une très grande valeur patrimoniale et qui occupent des surfaces ponctuelles dans plusieurs secteurs du site, les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les éboulis calcaires fins à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) (61.2321)].
Neuf autres habitats remarquables sont également présents : les fourrés de saules arbustifs arctico alpins à Saule arbrisseau (Salix foetida) (31.62)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides du Caricion fuscae (54.4)], les formations amphibies à Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) des rives exondées, des lacs, étangs et mares (22.3)], les pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) appartenant à l’alliance phytosociologique de Festucetum halleri (36.342)], abritant nombre d’espèces végétales remarquables,.les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] plus ponctuels que les précédents, les rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)] et ponctuellement calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Parmi les autres habitats à fort intérêt biologique, figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieux couvrant des surfaces importantes sur le site, qui possèdent une très forte diversité floristique et entomologique et sont ici en très bon état de conservation.

Flore

Le site comprend treize espèces végétales déterminantes. Six sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, la Laîche rigide (Carex firma), anciennement signalée et à rechercher sur les crêtes, et l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées. Deux sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis) et la Potentille blanche (Potentilla nivea), toutes deux également à retrouver. Cinq espèces n’ont pas de statut de protection : l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), la Campanule en thyrse (Campanula thyrsoides), belle campanule à fleurs jaunes en voie de raréfaction du fait de l'intensification du pastoralisme et qui est aussi à retrouver, la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), la Potentille inclinée (Potentilla inclinata) et le Silène de Suède (Viscaria alpina).
Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Une est protégée au niveau national : l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha).

Faune

Le site présente un fort intérêt sur le plan faunistique, puisqu’on y dénombre dix-neuf espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
Parmi les mammifères patrimoniaux, figurent en particulier trois espèces déterminantes : le Lynx boréal (Lynx lynx) et le Loup (Canis lupus), Carnivores aujourd’hui en expansion dans les Alpes et le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), espèce alpine, d’intérêt communautaire, dont les populations locales sont issues de réintroductions. Deux espèces remarquables les accompagnent : le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde de chiroptère d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes.
L’avifaune nicheuse comprend plusieurs espèces intéressantes : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), Caille des blés (Coturnix coturnix), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Niverolle des neiges (Montifringilla nivalis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche. Chez les Reptiles, citons notamment le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières, bords de ruisseaux.
Chez les insectes patrimoniaux, mentionnons notamment la présence de la Corée alpine (Coriomeris alpinus), espèce déterminante d’hémiptère hétéroptère (punaise) phytophage et de deux espèces remarquables d’orthoptères, la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), sauterelle d'Europe occidentale rare et en limite d’aire dans les Alpes du sud, inféodée localement aux prairies subalpines humides et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses. Notons aussi l’existence d’un cortège diversifié et de fort intérêt chez les papillons de jour avec l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce déterminante très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides).

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_103_100   Plateau d'Emparis   combe de Malaval».

Commentaires sur la délimitation

L’ensemble est délimité par la topographie (plateau d’altitude) et la géomorphologie où se concentrent l’essentiel des éléments patrimoniaux (habitats et espèces).