Description
Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, le site correspond à la partie supérieure du bassin de la Haute Romanche, incluant les sources de ce cours d’eau, le Plan de Valfourche et le bas de versant ubac du massif de la Meije.
Il concerne pour partie la zone centrale du Parc National des Ecrins.
Une succession de trois plans (de l’amont vers l’aval : Plan de Valfourche, Plan de l’Alpe et Plan d’Arsine ou du Pied du Col) correspondant à des plaines de lavage d’alluvions fluvio glaciaires ou « sandurs », constitue la composante la plus remarquable du site.
Les roches siliceuses dures (gneiss et granites migmatisés) constituent le socle géologique du site. Difficilement érodées, elles engendrent des pentes raides entrecoupées de ressauts rocheux, d’éboulis et de placages morainiques. Le plan de divagation de la Romanche est occupé par des alluvions fluvio glaciaires récentes et en remaniement constant. Il est bordé sur sa rive droite de terrains sédimentaires (schistes marno calcaires et calcaires argileux du Lias).
Situé dans la zone biogéographique intra alpine à la transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le site est inclus dans les étages de végétation montagnard supérieur, subalpin et alpin, entre 1420 m et 2700 m d’altitude.
Une palette de formations végétales diverses caractérise ce site composite : prairies subalpines, pelouses alpines, landes montagnardes et subalpines à Airelles (Vaccinium pl. sp.), rhodoraies de Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), mélézins, aulnaies vertes des couloirs d’avalanches, mégaphorbiaie, végétation pionnière des alluvions torrentielles fluvio glaciaires à Epilobe de Fleischer (Epilobium fleischeri), saulaies arbustives des délaissées et berges torrentielles comprenant plusieurs espèces de Saules (Salix daphnoïdes, Salix elaeagnos, Salix purpurea, Salix myrsinifolia…), bas marais, sources, associations saxicoles des éboulis et façades rocheuses siliceuses…Milieux naturels
Deux habitats déterminants sont présents sur le site. Ce sont les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux de surfaces très réduites mais d'une très grande valeur patrimoniale.
De nombreux autres habitats remarquables sont présents. Il s’agit en particulier des landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], des landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion et du Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.4)], des fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], des saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) et des saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)], des mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], des prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)] et des mélèzins (42.3). Aux altitudes supérieures, la couverture végétale est essentiellement constituée de pelouses silicicoles, avec en particulier sur les expositions chaudes des pelouses en gradins des vires rocheuses à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], des pelouses à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)]. Les pelouses à haute altitude sont notamment des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) appartenant à l’association phytosociologique du Festucetum halleri (36.342)]. Parmi les autres habitats a mentionner, figurent les bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae (61.11)]. La végétation pionnière des alluvions torrentielles d’altitude [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)], constitue l’un des habiats les plus représentatifs du site. Il occupe des surfaces importantes au niveau des « Plans » édifiés par la Romanche.Flore
Le site comprend vingt-trois espèces végétales déterminantes. Six sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), la Camélée striée (Daphne striata), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin et la Laîche bicolore (Carex bicolor), autre rare cypéracée mais liée aux marécages arctico alpins froids d’altitude. Sept sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Armoise septentrionale (Artemisia borealis), l'Azalée naine (Kalmia procumbens), l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis), historiquement signalé et à rechercher, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), la Laîche fimbriée (Carex fimbriata) et la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus).
Neuf espèces n’ont pas de statut de protection : l'Ail victoriale (Allium victorialis), l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), la Campanule à larges feuilles (Campanula latifolia), belle campanule à grosses fleurs, essentiellement très rare dans les Alpes du Sud où elle occupe des forêts fraîches de ravin, la Campanule en thyrse (Campanula thyrsoides), autre campanule mais à fleurs jaunes et en voie de raréfaction du fait de l'intensification du pastoralisme, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Chardon bardane (Carduus personata), à rechercher sur le site, le Silène de Suède (Viscaria alpina), le Pigamon simple (Thalictrum simplex), historiquement observée et à rechercher dans les zones humides, la Violette de Thomas (Viola thomasiana) et l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), à retrouver sur le site.
Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha).Faune
Le site est doté d’un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Les inventaires naturalistes y ont recensé trente trois espèces animales patrimoniales, dont cinq sont déterminantes.
L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières, bords de ruisseaux.
Au rang des mammifères locaux d’intérêt patrimonial, il convient de citer : le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Cerf élaphe (cervus elaphus), espèce remarquable dont la colonisation est récente, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce emblématique des Alpes, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes.
Les oiseaux nicheurs locaux d’intérêt patrimonial, sont les suivants : la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Pic noir (Dryocopus martius), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheur localisé des forêts d'altitude, la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés et le Bruant fou (Emberiza cia).
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces déterminantes et remarquables, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Chez les orthoptères, citons deux espèces remarquables, la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), espèce des prés landes des étages alpin et subalpin, entre 1800 et 2900 m d’altitude, endémique des Alpes franco italiennes et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses. Les peuplements de papillons de jour sont diversifiés et comportent un fort intérêt avec le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, dont cette sous espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.
Une donnée ancienne d’un coléoptère déterminant est également à signaler : Trechus delarouzeei, carabique (famille des Carabidae) de haute altitude.Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_104_100 Partie nord est du massif et du Parc National des Écrins massif du Combeynot massif de la Meije Orientale Grande Ruine montagne des Agneaux haute vallée de la Romanche – barre des Ecrins – Mont Pelvoux».
L’ensemble est délimité par la coexistence d’habitats ou biotopes de fort intérêt qui se juxtaposent : bas de versant en ubac avec mélézins, landes et escarpements rocheux et zone de divagation torrentielle sur alluvions.