ZNIEFF 930020389
VERSANTS OUEST DE LA MONTAGNE DES AGNEAUX ET DU PIC DE CLOUZIS - TÊTES DE SAINTE-MARGUERITE - GRAND LAC DE L'EYCHAUDA

(n° régional : 05104111)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, en bordure nord est du massif des Ecrins et au sud est du village de Monêtier les Bains, le site correspond à l’essentiel du versant est de la montagne des Agneaux – Pic de Clouzis. Il comprend deux vallons principaux, celui du Grand Tabuc et celui de Chambran et un lac glaciaire d’altitude étendu (Lac de l’Eychauda). Sa partie sud se trouve par ailleurs incluse dans la zone centrale du Parc National des Ecrins.
Le substrat géologique est dominé par des roches siliceuses massives (granites et gneiss migmatisés) qui déterminent des pentes fortes entrecoupées de ressauts rocheux et des crêtes élevées tranchantes. Les roches sédimentaires apparaissent dans le secteur des Têtes de Sainte Marguerite et de la crête des Grangettes (schistes marno calcaires du Lias et du Trias), ainsi qu’au niveau de la crête de Cibouit et du Roc de la Montagnolle (grés et schistes de l’Eocène Oligocène et dolomies argileuses du Trias). Les éboulis nombreux et grossiers et les dépôts glaciaires récents et post wurmien occupent des surfaces importantes en pied de versants et au creux des vallons.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, le site se trouve compris dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival, entre 1710 m et 3465 m d’altitude.
Une importante diversité de formations végétales liée à la variété des conditions édaphiques (variabilité des substrats) et topographiques induisant de nombreux changements micro climatiques se rencontre dans cette partie du massif des Ecrins. Boisements de mélèzes (Larix decidua), aulnaies vertes, landes subalpines à Airelles (Vaccinium pl. sp.), Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Genévrier nain (Juniperus nana), prairies subalpines et pelouses alpines, formations des combes à neige à Saules nains (Salix herbacea et Salix retusa), pelouses pionnières des dalles rocheuses et crêtes exposées ou des milieux péri glaciaires d’altitude, associations végétales des moraines et éboulis ou des parois rocheuses siliceuses en sont les éléments prédominants ou les plus marquants.

Milieux naturels

Un habitat déterminant est présent sur le site. Il s’agit des bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)].
De très nombreux autres habitats remarquables sont également à remarquer sur ce site. Ce sont en particulier des landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion et du Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.4)], des landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], des fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], des saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)] et des mélèzins (42.3) dont l’extension se limite au bas des versants. Aux altitudes supérieures, la couverture végétale est essentiellement constituée de pelouses silicicoles, avec en particulier sur les expositions chaudes des pelouses en gradins des vires rocheuses à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], des pelouses à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)]. Les pelouses à haute altitude sont notamment des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) appartenant à l’association phytosociologique du Festucetum halleri (36.342)].
Parmi les autres habitats à mentionner, figurent les bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae (61.11)], la végétation des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)] et la végétation pionnière des alluvions torrentielles d’altitude [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)], localisée en bordure de quelques torrents.

Flore

Le site comprend treize espèces végétales déterminantes. Cinq sont protégées au niveau national : l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), la Laîche frangée (Carex fimbriata), le Trèfle des rochers (Trifolium saxatile), plante endémique ouest alpine, inscrite au Livre Rouge National et désignée à l’annexe 2 de la Directive Habitats, qui croit dans les alluvions torrentielles remaniées et les moraines actives, le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata) et la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis), historiquement signalée et à rechercher. Deux sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta) et la Potentille blanche (Potentilla nivea). Six espèces n’ont pas de statut de protection : l'Ail victoriale (Allium victorialis), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Violette de Thomas (Viola thomasiana), la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), qui croit en ambiance plus sèche.
Par ailleurs, le site comprend cinq espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Gagée jaune (Gagea lutea) et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Le patrimoine faunistique du site est d’un intérêt élevé. Vingt six espèces animales patrimoniales, dont quatre sont déterminantes fréquentent celui-ci.
Au rang des mammifères locaux d’intérêt patrimonial, notons la présence du Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant d’intérêt communautaire, dont les populations locales sont issues de réintroductions, du Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude et de la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente.
L’avifaune nicheuse locale comporte nombre d’espèces intéressantes : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), le Pic noir (Dryocopus martius), le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheur localisé des forêts d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana). Le Milan royal (Milvus milvus), le Gypaète barbu (Gyapeus barbatus) et le Vautour fauve (Gyps fulvus) ne fréquentent qu'occasionnellement le site et ne n'y se reproduisent pas.
Les poissons d’eau douce comprennent notamment l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), espèce remarquable, autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids aux eaux propres bien oxygénées et aux fonds graveleux et sensible à la pollution.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces déterminantes et remarquables, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Il s’agit d’un orthoptère, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, et d’un cortège de papillons de jour principalement d’affinité montagnarde ou alpine : le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, dont cette sous espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_104_100   Partie nord est du massif et du Parc National des Écrins   massif du Combeynot   massif de la Meije Orientale   Grande Ruine   montagne des Agneaux   haute vallée de la Romanche – barre des Ecrins – Mont Pelvoux».

Commentaires sur la délimitation

Le site est délimité par sa topographie définie par de hautes crêtes d’altitude élevée et bas de versant accusés. Il englobe l’essentiel des éléments patrimoniaux présents sur cette partie du massif.