Description
Localisé dans la partie nord est du département des Hautes Alpes, dans la région du Briançonnais, le site est établi au niveau des contreforts nord ouest du massif du Queyras.
Il s'étend sur un substrat de grès et schistes houillers. Localement apparaissent des affleurements de calcaires dolomitiques et de quartzites.
Compris dans la zone biogéographique des Alpes internes briançonnaises, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Débutant à l’étage de végétation subalpin inférieur, à environ 1750 m d'altitude, le site culmine à 2779 m au Pic des Chalanches. Il est inclus dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Dominé par une crête ébouleuse et des falaises abruptes, il est caractérisé par une vaste forêt ancienne de Pin cembrot, associé au Mélèze dans sa partie inférieure, qui constitue la plus grande et la plus remarquable cembraie des Alpes françaises. Les landes, prairies subalpines, pâturages et pelouses alpines, ainsi que les zones humides, sont les autres composantes du paysage végétal du site.Milieux remarquables
Cinq habitats déterminants sont présents sur le site, dont quatre sont liés aux milieux humide. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site, où ils possèdent une composition floristique tout à fait caractéristique, les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)]. Le cinquième habitat déterminant est un milieu forestier rare et localisé dans les Alpes françaises : les cembraies et mélezins cembraies à Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa) (42.3).
Dix autres habitats remarquables sont présents : les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)] et des saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3) qui font la particularité de ce site, les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].
Les fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], très localisés sur le site, témoignent localement de conditions particulièrement fraîches. Il s’agit d’un habitat particulièrement original par sa situation intra alpine au cœur des Alpes sèches, entre les aulnaies vertes du massif des Ecrins à l’ouest et celle de la partie orientale du Queyras.Flore
Le site comprend onze espèces végétales déterminantes. Deux sont protégées au niveau national : l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées, et le Pin mugho (Pinus subsp. mugo), dont la présence sur le site serait à confirmer. Quatre sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Petite utriculaire (Utricularia minor), petite plante carnivore aquatique des mares de tourbières acides, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et le Pâturin vert glauque (Poa glauca), qui occupe quant à lui les crêtes rocheuses. Cinq espèces n’ont pas de statut de protection : la Prêle des bois (Equisetum sylvaticum), caractéristique des sous bois humides et dont il s’agit de la seule station du département des Hautes Alpes, l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), historiquement signalé et à rechercher, le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, et le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches. Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses.
Faune
Ce secteur présente un intérêt patrimonial avéré car il abrite vingt-deux espèces animales patrimoniales, incluant cinq espèces déterminantes.
Les espèces aviennes nicheuses comprennent notamment l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède des Alpes (Lagopus mutus), espèce boréo alpine ou encore la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), autre galliforme montagnard qui fréquente les pentes rocheuses. Les oiseaux forestiers sont représentés par le Pic noir (Dryocopus martius) dont les cavités sont utilisées par deux espèces de chouettes, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins et la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies). Le Sizerin flammé (Carduelis flammea) et le Tarin des aulnes (Carduelis spinus) complètent le cortège forestier. Notons encore la Niverolle des Alpes (Montifringilla nivalis), le Merle de roche (Monticola saxatilis), la Rousserole verderolle (Acrocephalus palustris), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Bruant fou (Emberiza cia), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) ainsi que le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), hôte des cours d’eau torrentiels.
La faune entomologique est représentée par trois espèces déterminantes : la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), odonates rare et menacée en Provence Alpes Côte d'Azur, d'affinité boréo alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) et l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarqaubles : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, et de trois espèces remarquables de papillons de jour d’affinité montagnarde ou alpine, l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides) et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude. Beaucoup de ces données sont anciennes. Le site mériteraient des prospections complémentaires afin de les actualiser et d’enrichir les connaissances.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_107_100 Façade ouest du massif du Béal Traversier».
La création d’une réserve biologique communale, à l’initiative de la commune et des associations de protection de la nature locales en 1991, a permis une meilleure prise en compte de la valeur patrimoniale de cette ancienne cembraie particulièrement remarquable et devrait lui assurer une gestion conservatoire durable malgré les quelques « dérapages » dans la gestion sylvicole.
Le périmètre du site englobe des écocomplexes forestiers d’altitude exceptionnels, comprenant de vieilles cembraies d’arbres pluri-centenaires, associées à leurs milieux connexes de lisières, landes et parcours semi-pâturés. Il inclut également sur sa partie sud, un secteur d’altitude comprenant des éboulis, milieux rocheux et pelouses alpines de fort intérêt délimité par de hautes crêtes.