Description
Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes, le site occupe la partie supérieure du vallon du Fournel. Celui ci est situé en rive droite de la vallée de la Durance, à 2230 m d’altitude.
Entouré de versants escarpés et de hauts sommets rocheux, le site qui occupe une zone relativement plate en fond de vallée contraste fortement avec l’austérité des montagnes environnantes. En effet, que ce soit la Tête du Clot au nord ou la Tête du Plumel et la Tête de la Basse au sud, ce sont tous des sommets à plus de 3000 m, domaine des rochers nus et des neiges éternelles qui jalonnent la haute vallée. L’ensemble du site est inclus dans la zone centrale du Parc National des Ecrins.
Son substrat géologique comprend des grès du Champsaur partiellement recouverts par des épandages glaciaires du Quaternaire.
Situé sur la face orientale du massif des Ecrins, il se situe dans la zone biogéographique intra alpine. Ce petit site de 37 hectares est établi entre 2210 m et 2265 m d’altitude dans l’étage de végétation alpin inférieur.
Le site est constitué par un remarquable complexe de zones humides bien développé et étendu, inséré dans des pelouses et rocailles alpines.Milieux remarquables
C’est l’importance et la variété des zones humides qui constituent avant tout l’intérêt de ce site qui compte trois habitats déterminants : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les milieux de tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)], avec tremblants péri lacustres à Potentille des marais (Potentilla palustris). Ce dernier habitat est particulièrement rare et extrèmement localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur.
Ces habitats sont associés à différents types de bas marais classés milieux remarquables. Ce sont : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], bien représentés sur le site et les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)] qui sont également relativement abondants
Cette coexistence de bas marais alcalins ou acides, et de bas marais froids d’altitude au sein d’un espace relativement réduit contribue à l’intérêt du site. Ceux ci sont imbriqués de formations végétales liées aux sources oligotrophes [all. phyto. Cardamino amarae Montion fontanae et Dermatocarpion rivulorum (54.1)].
Enfin, parmi les autres habitats d’intérêt particulier que recèle le site, il convient de mentionner des formations végétales herbacées typiques du massif alpin comme les pelouses des combes à neige acidiphiles [all. phyto. Salicion herbaceae (36.1)] et les pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)].Flore
Les marécages et alluvions caillouteuses plus ou moins humides abritent six espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, et trois sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Potentille des marais (Comarum palustris), rarissime en PACA, le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et le Jonc arctique (Juncus arcticus), une autre plante arctico alpine des marécages et bords de ruisselets.
Faune
Sept espèces animales patrimoniales, dont une déterminante, ont été inventoriées sur le site.
Les oiseaux nicheurs sont représentés par la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), galliforme méridional de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), et le Venturon montagnard (Serinus citrinella), passereau paléo montagnard remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts. Le vautour fauve (Gyps fulvus), déjà contacté sur le site en période estivale, n'est pas nicheur dans le massif des Ecrins.
L’entomofaune locale comprend quant à elle des espèces patrimoniales comme le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine déterminante liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides) et le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable d'odonate Zygoptère (demoiselle), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_112_100 Partie sud est du massif et du Parc National des Écrins massif du Mourre Froid Grand Pinier haut vallon de Chichin – face est des Bans – vallée du Fournel».
Un des principaux enjeux pour le site consiste en la conservation, voire la restauration des habitats d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale.
Les limites, qui définissent ce site de taille restreinte, sont dictées par la répartition des milieux humides associés à leur espace interstitiel et fonctionnel, et des cortèges d’espèces qui y sont associées, alors qu’il n’existe pas de repères topographiques très nets pour les caler dans ce secteur.