ZNIEFF 930020408
MASSIF DU MOURRE FROID - MONTAGNE DE CHARGÈS ET DE SERRE REYNA - BASSET - LES SAGNES - LES ROUGNOUS

(n° régional : 05112170)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie centre est du département des Hautes Alpes, ce site de 2672 hectares s’étend sur le massif qui sépare les vallées du Champsaur et de l’Embrunais, au nord est de la ville de Gap. Ce très grand site propose de très beaux paysages de montagne avec de hauts sommets culminants à 2993m avec le Mourre Froid. D’ouest en est se succèdent ainsi la Montagne de Serre Reyna (2916m), la Pointe de la Diablée (2928m), la Montagne de Chargès culminant avec le Pain de sucre à 2788 m et le Mourre Froid (2993m). Plus au nord sont établis le Col des Tourettes (2582m), passage de GR, et la pointe des Rougnous (2749m). L’ensemble du site est inclus en zone centrale du Parc National des Ecrins.
Le substrat géologique du site est essentiellement composé par les roches de la couverture sédimentaire issue de la Nappe du Parpaillon, série liguro piémontaise, avec des faciès calcaires et gréseux (Grès de l’Embrunais), du flysch à Helminthoides et des schistes noirs. Une partie importante de ces roches sédimentaire est recouverte de moraines glaciaires, ainsi que par d’importants éboulis actifs issus de produits d’altération superficielle. Le paysage de ce site, à la géomorphologie complexe, est marqué par les phénomènes d’érosion glaciaire ou l’action du gel et du dégel.
D’altitudes comprises entre 1580m et 2993m, le site se trouve inclus dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Les crêtes rocheuses, de grandes vallées glaciaires recouvertes de pelouses et d’éboulis entrecoupés de barres rocheuses et d’escarpements, et des zones humides d’altitude composées de sources, bords de torrents et marécages sont les éléments les plus caractéristiques du paysage minéral et végétal du site.

Milieux remarquables

Le site se caractérise par la diversité des zones humides présentes, milieux vulnérables par excellence et de ce fait très sensibles aux perturbations d’origine anthropique. Cette coexistence de divers types de zones humides d’altitude et de milieux rocheux variés associant des éboulis et escarpements tant calcaires que siliceux, contribue à l’intérêt du site.
Le site compte cinq habitats déterminants : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)], et trois habitats de marécages : les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], habitat particulièrement rare et fragile qui se trouvent ici sur sa limite occidentale de répartition alpine, les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)].
Les autres milieux remarqubles du site comprennent : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], habitats riches en orchidées, les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], formations herbacées installées sur sols superficiels à recouvrement important sur le site, ainsi que divers milieux rocheux à forte valeur patrimoniale comme les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].
Parmi les autres habitats d’intérêt écologique important, mentionnons l’existence de formations végétales liées aux sources oligotrophes [all. phyto. Cardamino amarae Montion fontanae et Dermatocarpion rivulorum (54.1)], groupements végétaux ponctuels à forte valeur patrimoniale, et de formations végétales herbacées typiques du massif alpin comme les pelouses des combes à neige acidiphiles [all. phyto. Salicion herbaceae (36.1)] et les pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)].

Flore

Le site comprend dix espèces végétales déterminantes, dont quatre sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Trois autres espèces déterminantes sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Céraiste des Alpes (Cerastium alpinum), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et le Pâturin vert glauque (Poa glauca), qui serait à rechercher sur les crêtes du site. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea) et la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), anciennement signalée et à rechercher sur les rocailles longuement enneigées.
Il abrite également cinq espèces végétales remarquables dont deux sont protégées au niveau national : le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Deux autres sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris) et le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Le Genépi noir (Artemisia genipi) est la dernière espèce végétale remarquable du site.

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Les inventaires naturalistes ont permis d’y dénombrer trente espèces animales patrimoniales, dont huit sont déterminantes.
Le peuplement mammalogique du site comprend le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Loup (Canis lupus), la Crossope de Miller (Neomys anomalus), petite musaraigne déterminante des milieux humides, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce déterminante localement en régression, la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), espèce migratrice remarquable de passage et hivernante, se reproduisant dans le nord- est de l’Europe, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable à effectifs faibles et donc vulnérable, d’affinité méditerranéenne.
Le peuplement ornithologique local est quant à lui représenté par : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella) et le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheurs localisés des forêts d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés et le Bruant fou (Emberiza cia).
L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Triton alpestre (Ichthysaura alpestris), amphibien déterminant d’affinité montagnarde.
Enfin, la faune entomologique est représentée par le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_112_100   Partie sud est du massif et du Parc National des Écrins   massif du mourre Froid   Grand Pinier   haut vallon de Chichin – face est des Bans – vallée du Fournel».
Le principal enjeu du site consiste en la conservation des habitats d’espèces végétales, en particulier des zones humides.

Commentaires sur la délimitation

Le site obéit à une logique de massif, puisqu’il englobe les crêtes et leurs versants à l’ouest du sommet du Mourre Froid. Ses limites s’appuient sur les lignes topographiques principales : crêtes majeures ou secondaires, talwegs les plus marqués, ruptures accusées de pente…