ZNIEFF 930020412
VALLON DU COL DES AIGUILLES - CRÊTES DU VALLON

(n° régional : 05121190)

Commentaires généraux

Description
Situé sur la partie ouest du Dévoluy, en bordure ouest du département des Hautes-Alpes, au contact de celui de l’Isère, ce site de montagne est constitué par le Vallon des Aiguilles, beau vallon d’altitude établi à environ 1 800 m en moyenne. Il est surmonté d’une ligne de crêtes abruptes   dont le plus haut sommet, la Tête de Merlan, atteint 2 001 m   et au pied desquelles se sont accumulés de nombreux éboulis.
Sur le plan géologique, le site est bordé de calcaires sénoniens, roches relativement dures et assez riches en sables siliceux qui forment les reliefs des principales crêtes environnantes. Le fond du vallon est occupé par des terrains marneux gargaso albiens. Des formations d’éboulis recouvrent partiellement ces roches en pied de versant.
Localisé dans la zone biogéographique des Préalpes delphino provençales, il est soumis aux influences climatiques océaniques encore marquées de la région nord dauphinoise.
Etabli entre 1 600 m et 2 061 m, le site se trouve inclus dans les étages de végétation subalpin et alpin. Il comprend une végétation très diversifiée, associant des pelouses alpines, des prairies et des landines subalpines, des milieux rocheux de falaise et d’éboulis ainsi que des bas marais.

Milieux remarquables
Le site comprend des milieux variés, dont un habitat déterminant constitué par les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321)].
Les autres habitats remarquables du site comprennent des formations végétales aussi diverses que les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)]. Ces dernières abritant plusieurs espèces végétales à forte valeur patrimoniale.

Flore
Le site comprend huit espèces végétales déterminantes dont quatre sont protégées au niveau national : l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), la Berce naine (Heracleum pumilum), petite ombellifère des éboulis calcaires alpins et subalpins, endémique delphinoprovençale, le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sudoccidentales, et la Primevère jaune (Primula lutea), inféodée aux parois calcaires. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Raisin d'ours des Alpes (Arctostaphylos alpinus), sous-arbuste rarissime dans les Alpes du Sud où il occupe des pentes froides escarpées, le Gaillet des rochers (Galium saxosum), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée francoitalienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France, et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis).
Il abrite également l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), espèce remarquable et protégée au niveau national.

Faune
Quinze espèces animales d’intérêt patrimonial, dont quatre sont déterminantes, ont été recensées sur le site. Le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m, est l’unique représentant des mammifères remarquables présents sur le site.
Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par quatre espèces remarquables : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace  holarctique assez rare en PACA et présent du littoral à la haute montagne (concentré sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, la Niverolle des neiges (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, le Monticole de roche (Monticola saxatilis), qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude, et le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche.
Un amphibien déterminant est également présent : le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), espèce d’affinité montagnarde, localement en régression.
Concernant les reptiles, signalons la présence du Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières, bords de ruisseaux.
La faune entomologique comprend sept lépidoptères d’intérêt patrimonial, dont trois sont déterminants : le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Nacré des Balkans (Boloria graeca), espèce à distribution fractionnée, des Balkans et des Alpes occidentales, dont la sous-espèce tendensis est endémique franco-italienne des Alpes-du-Sud, dans les pelouses subalpines rases et sèches à Violette éperonnée (Viola calcarata), et le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.). Ils sont accompagnés de quatre espèces remarquables : l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon rebeli), protégé en France, lié aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (la Gentiane croisette   Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l’Hermite (Chazara briseis), papillon en forte régression, lié aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), et l’Apollon (Parnassius apollo), lépidoptère diurne d'affinité montagnarde, protégé au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.
Enfin, les mollusques sont représentés par l’Hélicon des Préalpes (Delphinatia fontenillii alpina), gastéropode remarquable des milieux rocheux d’altitude, occupant une aire réduite des Hautes-Alpes à la Haute-Savoie.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012801   Bordure ouest du Dévoluy   crêtes du Grand Ferrand et des Aiguilles   Garnesier   gorges de la Souloise ».

Commentaires sur la délimitation

Le site associe dans son périmètre une crête rocheuse calcaire et un petit complexe de zones humides et de pelouses alpines fraîches, établies en fond de vallon perché. Il n’y a pas de logique topographique très marquée à rechercher dans la délimitation de celui-ci.