Description
Localisé sur la bordure nord ouest du département des Hautes Alpes en limite du département de l’Isère, cette haute ligne de crêtes calcaires, orientée nord sud, constitue la bordure est du massif du Dévoluy. Elle est marquée par d’imposantes falaises, bordées de nombreux éboulis et de pentes herbeuses.
L’ensemble culmine à 2568 m à la Tête du Collier.
Sur le plan géologique, les hautes crêtes du site sont constituées de calcaires sénoniens, roches relativement dures et assez riches en sables siliceux qui forment les reliefs les plus marqués. Ces formations sédimentaires surmontent des terrains marno calcaires de l’hauterivien Valanginien. Des formations d’éboulis recouvrent ces diverses formations sur des surfaces importantes en pied de versant.
Le site présente par ailleurs une très riche géomorphologie associant de nombreuses formes d’érosion karstique, telles que grottes, gouffres et dolines.
Cet ensemble écologique subit essentiellement des influences atlantiques.
Localisé dans la zone biogéographique des Préalpes du Dauphiné, il est soumis à un climat montagnard où se rencontrent les influences méditerranéennes, qui règnent dans les Alpes du sud, et atlantiques en provenance du nord ouest.
Situé entre 870 m et 2568 m d’altitude, le site s’inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin. Il comprend des habitats naturels d’une grande variété et de forte valeur patrimoniale en particulier des milieux rocheux : crêtes d’altitude, imposantes falaises et éboulis étendus, ainsi que des formations herbaçées de pelouses alpines et prairies subalpines, des landes et espaces forestiers, associant principalement des hêtraies, des pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et à crochet (Pinus uncinata) et des reboisements de Mélèze (Larix decidua).Milieux remarquables
Trois habitats déterminants sont présents sur le site. Il s’agit des éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)], et des hêtraies neutrophiles des Alpes du Sud et de Provence [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], formation en limite nord de répartition.
De nombreux autres habitats remarquables sont présents parmi lesquels des hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)], étendues, et localement quelques pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (42.4), des pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], dont certaines sont caractérisées par l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), des mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.8)] et des prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)].
Autres habitats particulièrement remarquables, car rares dans le massif du Dévoluy, des saulaies arbustives établies dans des pentes rocheuses froides et humides à Saule pubescent (Salix laggeri) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], sont très localisées et se sont développées dans les talwegs humides, qui abritent d’ailleurs un grand nombre d’espèces végétales intéressantes. Il en de même pour certains types de landes subalpines à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, V. uliginosum et V. vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro ferruginei Vaccinion myrtilli (31.42)] localisées à des pentes d’ubac ou des chaos rocheux froids et qui abritent quelques rares stations de Camarine hermaphrodite (Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum).
Le site est avant tout caractérisé sur ses parties hautes et escarpées par des milieux rocheux comprenant les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et des éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)]. Ces milieux rupestres remarquables abritent des espèces végétales endémiques ou rares et une avifaune de grand intérêt.Flore
Le site d’une grande richesse floristique et abritant une flore endémique très riche, comprend dix-sept espèces végétales déterminantes, dont six sont protégées au niveau national : la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, la Corbeille d'argent du mont Aurouse (Iberis aurosica), à rechercher dans les éboulis du site, l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica) et l'Androsace pubescente (Androsace pubescens). Trois autres espèces végétales déterminantes sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, le Chardon du Mont Aurouse (Carduus aurosicus), endémique locale des éboulis calcaires fins, également historiquement mentionné et à rechercher dans les éboulis, et le Myosotis à petites fleurs (Myosotis minutiflora), petite boraginacée des balmes et entrées de grottes calcaires. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Gaillet des rochers (Galium saxosum), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France, Renoncule Thora (Ranunculus thora), la Potentille des neiges (Potentilla nivalis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Il abrite également quatre espèces végétales remarquables, dont deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses est protégé en Provence Alpes Côte d’Azur. L'Anémone de Haller (Anemone halleri), qui fleurit au printemps sur les pelouses et rocailles ventées, est la dernière espèce remarquable du site.Faune
Dix-neuf espèces animales patrimoniales, dont deux espèces déterminantes, ont été dénombrées sur ce site.
Les mammifères sont représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude.
Parmi les diverses espèces intéressantes d’Oiseauxpatrimoniaux, citonsl’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce déterminante vivant dans les forêts montagnardes claires, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t-il en régression, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède des Alpes (Lagopus mutus helveticus), espèce arctico alpine adaptée aux rudes conditions hivernales, la Gélinotte des bois (Bonasa bonasia), autre petit galliforme forestier, le Pic noir (Dryocopus martius), ainsi que, au titre des passereaux, l’Ortolan (Emberiza hortulana), le Monticole de roche ou Merle de roche (Monticola saxatilis), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce rupestre par excellence, la Niverolle des neiges (Montifringilla nivalis) et le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax).
Trois insectes patrimoniaux sont présents : l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous espèce remarquable de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.
Elle est cependant en continuité avec les autres ZNIEFF de type 2 du massif du Dévoluy, n ° 05_121_100 « Bordure ouest du Dévoluy Crêtes du Grand Ferrand et des Aiguilles Garnesier Gorges de la Souloise » et 05_123_100 « Dévoluy méridional : Massif de Bure Gleize Vallée de Chaudun – Charance ».
La logique de massif est ici privilégiée pour la délimitation du site, quiconcerne la partie Hautes Alpes de la chaîne montagneuse qui borde, sur son côté est la petite région du Dévoluy. Sa délimitation coïncide au nord avec le pourtour départemental. Ailleurs, elle s’appuie lorsque c’est possible, sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc