ZNIEFF 930020422
LE PETIT BUËCH, SES RIPISYLVES ET SES ISCLES DU SERRE DE LA VIGNE À SA CONFLUENCE AVEC LE GRAND BUËCH

(n° régional : 05130211)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie ouest du département des Hautes Alpes, au sud ouest de la ville de Veynes, le site correspond au cours du Petit Buëch, avec ses ripisylves et ses iscles, du Serre de la Vigne à sa confluence avec le Grand Buëch.
Le Petit Buech s’écoule sur un substrat d’alluvions récentes, principalement calcaires et marno calcaires, en relation avec les principales roches constitutives de son bassin versant.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, il est compris dans l’étage de végétation supra méditerranéen, entre 680 m et 780 m d’altitude.
Ordonné autour d'une rivière plutôt divagante au lit en tresses, le site est caractérisé par une bonne représentativité de tous les stades de la dynamique de végétation, depuis les stades initiaux composés de bancs de graviers nus, en passant par les formations pionnières de colonisation des alluvions et délaissées, les saulaies arbustives et de larges ripisylves, où se rencontrent à la fois des espèces végétales d'origine montagnarde et méditerranéenne. La rivière présente dans ce site un large lit, où se sont développés de multiples habitats des bords de cours d’eau, propices à l’établissement d’une faune très variée, comprenant notamment des espèces très intéressantes de mammifères, oiseaux et poissons.

Milieux remarquables

Ce site possède un habitat classique des cours d’eau de bonne qualité, à savoir les milieux aquatiques d’eau douce de la zone à truite (24.12), qui présentent ici un bon état de conservation. En dehors de ceux ci, le lit du Buëch comprend des formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)] associées en mosaïque avec des bancs de graviers sans végétation (24.21)], ainsi qu’avec des bancs de sable (24.3) et des bancs de vase des cours d’eau (24.5). Les formations arborées et arbustives des rives sont composées essentiellement par les fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos) et Saule pourpre (Salix purpurea) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)] et localement par quelques lambeaux de boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)]. Ces habitats sont de grand intérêt écologique, pour le fonctionnement de l’écosystème lié aux cours d’eau, car ils forment des corridors en contact avec les milieux adjacents. Le site comprend également quelques prairies et formations herbacées hygrophiles, avec en particulier des groupements à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi Filipendulion ulmariae (37.1)] et des formations à hautes herbes des franges humides méso nitrophiles à Liseron des haies (Convolvulus sepium) [all. phyto. Convolvulion sepium (37.7)].
L’écocomplexe fluviatile qui associe, en une mosaïque mouvante d’une riche complexité, le cours d’eau actif, les bras morts d’eau lente, les stades pionniers de colonisation des alluvions, les fourrés arbustifs et les ripisylves mâtures, constitue l’essentiel de l’intérêt du site.

Flore

Les milieux humides et aquatiques du site abritent trois espèces végétales déterminantes : l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), protégée en Provence Alpes Côte d’Azur, le Potamot des tourbières alcalines (Potamogeton coloratus) et le Jonc à fruits globuleux (Juncus sphaerocarpus).

Faune

Treize espèces animales patrimoniales, dont cinq déterminantes ont été recensées sur le site.
Les mammifères comprennent deux espèces déterminantes, le petit Murin (Myotis blythii) et le Castor d’Europe (Castor fiber) et une espèce remarquable la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente. La Loutre d’Europe (Lutra lutra) était signalée sur ce site vers 1977.
L’avifaune nicheuse locale est représentée par deux espèces remarquables, l’Alouette lulu (Lullula arborea) et la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio).
Quelques insectes patrimoniaux ont été rencontrés sur ce site : le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante, rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis), la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce européenne remarquable, de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable d’odonates protégée en France, qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable d'odonates Libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion.
Les poissons d’eau douce comprennent notamment l’Apron (Zingel asper), espèce déterminante endémique du bassin versant du Rhône, le Toxostome (Chondrostoma toxostoma) et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_130_100   Le Grand Buëch et le Petit Buëch à l'aval de Veynes jusqu'à la confluence avec la Durance et leurs principaux affluents : le Céans, la Blème et la Blaisance».
Les habitats liés au Buech et à ses rives, en particulier les cordons forestiers et de ripisylve, sont d’un grand intérêt écologique, pour le fonctionnement de l’écosystème lié au cours d’eau, pour leurs rôles multiples : fixation des berges, maintien de la biodiversité, corridors en contact avec les milieux adjacents...
De par son orientation nord sud et par sa position biogéographique en bordure intérieur des préalpes, où il succéde ou anticipe la dépression du sillon alpin (Trièves, Grésivaudan et Combe de Savoie), le Buëch forme de plus un axe migratoire important pour l’avifaune et de dispersion pour la flore (remontée d’espèces méditerranéennes, descente d’espèces alpines).

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site englobent l’écocomplexe fonctionnel d’un tronçon du Petit Buëch à l’aval de Veynes, jusqu’à la confluence avec le Grand Buëch, associant le cours d’eau proprement dit, ses bras secondaires, ses ripisylves et ses espaces connexes directement associés. Les espaces périphériques plus fortement artificialisés : terres labourées, espaces semi-urbaines sont exclus et justifient le périmètre par les ruptures écologiques et paysagères nettes qu’ils occasionnent.