Description
Établi à l’extrémité sud du département des Hautes Alpes, le site correspond au cours du Grand Buëch, avec ses iscles et ses ripisylves, de Laragne-Montéglin à Sisteron.
Le Buëch s’écoule sur un substrat d’alluvions récentes, principalement calcaires et marno calcaires, en relation avec les principales roches constitutives de son bassin versant.
Il bénéficie d’un climat supra méditerranéen.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est compris dans l’étage de végétation supra méditerranéen, entre 470 m à 560 m d’altitude.
Ordonné autour d'une rivière plutôt divagante au lit en tresses, le site est caractérisé par une bonne représentativité des différentes étapes de la dynamique de végétation, depuis les stades initiaux composés de bancs de graviers nus, en passant par les formations pionnières de colonisation des alluvions et délaissées, les saulaies arbustives et d’importantes ripisylves, où se rencontrent à la fois des espèces végétales d'origine montagnarde et méditerranéenne.
Le lit de la rivière est composé de nombreux bras séparés par de vastes bancs de galets pour la plupart remaniés chaque année par les eaux et colonisés par une végétation pionnière composée d’espèces annuelles. Des stades de maturation de la végétation de ces bancs de galets sont bien représentés dans les zones les plus exhaussées et les moins soumises aux crues, sous la forme de végétation herbacée vivace à Pavot cornu (Glaucium flavum), de fourrés à Saules, de forêts riveraines ou de pelouses sèches et de garrigues à Thym dans les zones plus sèches.Milieux remarquables
La cladiaie (53.3) ou formation palustre dominée par le Marisque (Cladium mariscus), limitée à des taches de faibles surfaces, représente le seul habitat déterminant du site.
Le site compte par ailleurs cinq autres habitats remarquables : les groupements amphibies méridionaux (22.34), qui se développent sur les vases exondées exondées au niveau de mares et bras d’eau calme temporaires, les fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos) et Saule pourpre (Salix purpurea) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)], les ripisylves galeries de Saule blanc (Salix alba) [all. phyto. Salicion albae (44.141)], les boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)] et les ripisylves méditerranéennes à peuplier, orme et frêne [all. phyto. Populion albae (44.61)].
Parmi les autres habitats typiques ou représentatifs, le lit de la rivière comprend également des formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers méditerranéens à Pavot cornu (Glaucium flavum) [all. phyto. Glaucion flavi (24.225)], associés en mosaïque avec des bancs de graviers sans végétation (24.21)], ainsi qu’avec des bancs de sable (24.3) et des bancs de vase des cours d’eau (24.5).
Ces habitats sont de grand intérêt écologique, pour le fonctionnement de l’écosystème lié aux cours d’eau, car ils forment des corridors en contact avec les milieux adjacents.
L’écocomplexe fluviatile qui associe, en une mosaïque mouvante d’une riche complexité, le cours d’eau actif, les bras morts d’eau lente, les stades pionniers de colonisation des alluvions, les fourrés arbustifs et les ripisylves mâtures, constitue l’essentiel de l’intérêt du site.Flore
La flore du site compte quatre espèces végétales déterminantes : l'Euphorbe à feuilles de graminée (Euphorbia graminifolia), protégée au niveau national, le Gaillet fausse garance (Galium rubioides) et la Polygale grêle (Polygala exilis), protégée en Provence Alpes Côte d’Azur, et le Jonc à fruits globuleux (Juncus sphaerocarpus), qui ne bénéficie d’aucun statut de protection.
Il abrite également quatre espèces végétales remarquables dont une est protégée au niveau national : la Petite massette (Typha minima). Deux autres espèces remarquables sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Zannichellie palustre (Zannichellia palustris) et la Violette de Jordan (Viola jordanii). La Laîche espacée (Carex remota) est la dernière espèce végétale remarquable du site.Faune
Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé avec vingt-sept espèces animales patrimoniales, dont dix sont déterminantes.
Le peuplement mammalogique d’intérêt patrimonial est représenté par la Crossope de Miller (Neomys anomalus), espèce déterminante de musaraigne, à aire de distribution disjointe limitée à certains massifs montagneux d’Europe, plutôt liée aux zones humides d’altitude, aux prairies hygrophiles, aux cuvettes semi inondées, aux marais et aux tourbières, le Castor d’Europe (Castor fiber) espèce déterminante de retour sur le Buëch depuis quelques années, et de plusieurs espèces de chauve souris, le Minioptère de Schreiber (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), la Vespère de Savi (Hypsugo savii), toutes deux remarquables et anciennement la Loutre d’Europe (Lutra lutra).
Les oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par des espèces remarqubles : Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique liée aux rivières et torrents à courant rapide, Petit Gravelot (Charadrius dubius), espèce typique des cours d’eau en tresses, Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), nicheur plutôt rare en Provence, très localisé dans les Alpes, Faucon hobereau (Falco subbuteo), espèce affectionnant les ripisylves, Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), espèce à large répartition mondiale et occupant les rives des cours d'eau, étangs, lacs aux berges meubles et érodées, Guêpier d’Europe (Merops apiaster), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle.
L’herpétofaune locale patrimoniale comprend notamment le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce déterminante à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été, alors que les poissons d’eau douce sont représentés par l’Apron (Zingel asper), le Toxostome (Chondrostoma toxostoma) et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis).
Enfin, dix espèces d’insectes patrimoniaux se rencontrent sur le site. Dans le lit du Buëch, citons cinq espèces spécialisées et strictement associées aux plages humides de gravier, limon ou sable dans le lit mineur des rivières en tresses. Il s’agit de la Cicindèle des rivières (Cylindera arenaria), espèce déterminante de coléoptère Carabidés rare et en régression, du Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptère rare et en régression, du Tétrix des grèves (Tetrix tuerki), espèce remarquable et peu commune et de deux punaises déterminantes de la famille des Leptopodidés, Leptopus hispanus et Erianotus lanosus. Liées aux milieux aquatiques du Buëch, dans lesquels leurs larves se développent, citons aussi trois odonates (libellules et demoiselles), l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable et protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes, et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable d'odonates Libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion. Enfin, les terrasses fluvio glaciaires et pentes marneuses sèches qui bordent certaines rives du Buëch abritent la Punaise Pscasta tuberculata, espèce déterminante de Pentatomidés, circum-méditerranéenne assez commune en Provence, vivant sur les tiges de Vipérines et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable de papillon de jour, protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_130_100 Le Grand Buëch et le Petit Buëch à l'aval de Veynes jusqu'à la confluence avec la Durance et leurs principaux affluents : le Céans, la Blème et la Blaisance».
Elle jouxte par ailleurs la ZNIEFF de type 1 «04_144_149 Le Grand Buëch, ses iscles et ses ripisylves de Laragne à Sisteron» établie dans le département limitrophe des Alpes de Haute Provence et qui est elle même incluse dans la ZNIEFF de type 2 «04_144_100 Le Grand Buëch jusqu'à la confluence avec la Durance».
De par son orientation nord sud et par sa position biogéographique en bordure intérieure des Préalpes, le site est une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes et concentre un flux migratoire majeur pour l’avifaune. Il permet également le transit des espèces végétales, ce qui se traduit par la remontée de plantes méditerranéennes ou la descente de plantes montagnardes.
L’écocomplexe fluviatile du Buech présente un important niveau d’organisation étroitement dépendant de la dynamique hydraulique torrentielle et du charriage des alluvions, conditions strictement dépendantes du bon fonctionnement de l’ensemble de son bassin versant. Ainsi par exemple, sur le site il existe d’anciens bras morts qui représentent des refuges indispensables pour la flore et la faune. Localement, la ripisylve est relativement large et le Buech dispose d'un lit en tresses où se maintiennent de nombreux îlots végétalisés, présentant à la fois les premiers stades de la dynamique de végétation indispensable au maintien des espèces pionnières, ainsi que des stades de ripisylves plus évolués, habitat d’espèces spécialisées strictement inféodées aux forêts riveraines humides.
Les limites du site englobent l’écocomplexe fonctionnel d’un tronçon du Grand Buech entre Laragne-Montéglin et Sisteron, associant le cours d’eau, ses bras secondaires, ses ripisylves et ses zones humides connexes proches. Elles excluent l’essentiel des secteurs fortement anthropisés (cultures, zones urbaines et semi-urbaines) situés en bordure. Ces derniers justifient la délimitation par les fortes discontinuités écologiques et paysagères occasionnées.