ZNIEFF 930020427
LA MOYENNE DURANCE DE TALLARD ET SES RIPISYLVES - RETENUE DE CURBANS-LA SAULCE - MARAIS ET ZONES HUMIDES ADJACENTES

(n° régional : 05132226)

Commentaires généraux

Description

Établi en bordure sud du département des Hautes-Alpes, le site correspond au cours de la Durance, avec ses iscles et ses ripisylves associées, de Tallard à la retenue de Curbans/La Saulce. Il bénéficie d’un climat supra-méditerranéen à tendance continentale. Le lit de la Durance y est relativement étroit, mais s’élargit un peu en amont du barrage de la Saulce pour former un plan d’eau.

Situé dans la zone biogéographique des Préalpes delphino-provençales, en marge du secteur méditerranéen, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est inclus dans les étages de végétation supra-méditerranéen aux environs de 580 m d’altitude.

Bien que relativement étroit sur ce secteur, le lit de la Durance a tout de même créé différents habitats caractérisés par une bonne représentativité de tous les stades de la dynamique de végétation, depuis les stades initiaux composés de bancs de graviers nus, en passant par les formations pionnières de colonisation des alluvions et délaissées, les saulaies arbustives et de larges ripisylves, où se rencontrent à la fois des espèces végétales d'origine montagnarde et méditerranéenne.

La végétation bordant la rivière est dominée par des formations de hautes herbes, de fourrés et de forêts riveraines. Les bancs de graviers sont limités mais deviennent plus fréquents dans la partie avale, un peu avant le plan d’eau de la Saulce. Une roselière étendue borde certaines des rives du plan d’eau de Curbans / La Saulce.

Milieux remarquables

Ce site compte cinq habitats remarquables : les groupements amphibies méridionaux (22.34), qui se développent sur les vases exondées, les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae (37.1)], les ripisylves-galeries de Saule blanc (Salix alba) [all. phyto. Salicion albae (44.141)], les boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)] et les ripisylves méditerranéennes à peuplier, orme et frêne [all. phyto. Populion albae (44.61)].

L’écocomplexe fluviatile qui associe, en une mosaïque mouvante d’une riche complexité, le cours d’eau actif, les bras morts d’eau lente, les stades pionniers de colonisation des alluvions, les fourrés arbustifs et les ripisylves mâtures, constitue l’essentiel de l’intérêt du site.

Flore

Les site compte trois espèces végétales déterminantes : l'Orchis des marais (Anacamptis palustris), protégée en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Potamot des tourbières alcalines (Potamogeton coloratus) et la Clématite droite (Clematis recta), rare renonculacée d’affinité orientale liée aux lisières et bois clairs des plaines alluviales.

Il abrite également la Zannichellie palustre (Zannichellia palustris) et la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), deux espèces végétales remarquables protégées en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Faune

Le site présente un intérêt faunistique élevé avec 38 espèces patrimoniales, dont cinq sont déterminantes.

Parmi les mammifères d’intérêt patrimonial que l’on peut rencontrer localement, il convient de citer le Castor (Castor fiber), espèce déterminante, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en régression partout en France, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce remarquable plutôt commune mais localement en régression.

Le peuplement avien nicheur de ce site abrite une multitude d’espèces forestières, aquatiques, paludicoles, steppiques, de milieux ouverts, voire même rupicoles, d’affinité biogéographique variée. Les plans d’eau artificiels hébergent notamment le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) et, certaines années, des nidifications possible du Fuligule milouin (Aythya ferina) et du Fuligule morillon (Aythya fuligula), deux canards plongeurs rares en PACA pendant la période de reproduction. Les oiseaux paludicoles comprennent en particulier Blongios nain (Ixobrychus minutus), Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) et Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus). Plusieurs espèces témoignent encore d’une certaine dynamique de la rivière même si le débit de la Durance est fortement influencé par les aménagement hydroélectriques : Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique remarquable, liée aux rivières et torrents à courant rapide, Petit Gravelot (Charadrius dubius) ou encore des espèces qui nichent dans les berges limoneuses sapées par la Durance : Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), Guêpier d’Europe (Merops apiaster) et plus rarement Hirondelle de rivage (Riparia riparia). De nombreuses autres espèces exploitent la ripisylve, les milieux rupestres et agricoles riverains de la Durance : Autour des palombes (Accipiter gentilis), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Grand duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Gobemouche gris (Muscicapa striata), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Miliaria calandra), Caille des blés (Coturnix coturnix).

Les amphibiens d’intérêt patrimonial comprennent le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) et les reptiles la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les poissons d’eau douce sont notamment représentés par Loche de rivière (Cobitis taenia), le Toxostome (Chondrostoma toxostoma), espèce remarquable localement représentée ici et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, rare dans les Hautes Alpes mais semble t il en extension, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Un seul insecte remarquable a été observé sur le site, il s’agit de l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable d’odonates (libellules et demoiselles), protégée en France, qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes.

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012748 - La haute Durance à l'aval de Serre-Ponçon jusqu'à Sisteron ».

Elle jouxte par ailleurs la ZNIEFF de type 1 « 930020427 - La haute Durance de Tallard et ses ripisylves - retenue de Curbans-la Saulce - marais et zones humides adjacentes » établie de façon limitrophe sur le département des Alpes-de Haute-Provence.

La vallée de la Durance forme une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes et constitue un axe migratoire important pour la faune et de dispersion ou de flux pour bon nombre d’espèces et en particulier pour la flore (remontée de plantes méditerranéennes et descente de plantes alpines).

L’écocomplexe fluviatile durancien présente un important niveau d’organisation étroitement dépendant de la dynamique hydraulique torrentielle et du charriage des alluvions, conditions strictement dépendantes du bon fonctionnement de l’ensemble de son bassin versant. Ainsi par exemple sur le site, il existe d’anciens bras morts qui représentent des refuges indispensables pour la flore et la faune aquatiques et fluviales. Ainsi, les secteurs de lit en tresses présentent de nombreux îlots végétalisés, présentant à la fois les premiers stades de la dynamique de végétation indispensables au maintien des espèces pionnières, ainsi que des stades de ripisylves plus évolués, habitat d’espèces spécialisées strictement inféodées aux forêts riveraines humides.

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site englobent l’écocomplexe fonctionnel d’un tronçon de la Durance associant le cours d’eau, ses bras secondaires, ses ripisylves et ses zones humides connexes proches. Elles excluent l’essentiel des secteurs fortement anthropisés (cultures, zones urbaines et semi-urbaines) situés en bordure. Ces derniers justifient la délimitation par les fortes discontinuités écologiques et paysagères occasionnées.