Description
Localisé dans les Baronnies, à l’extrême sud du département des Hautes Alpes (Laragnais), à la limite avec les Alpes de Haute Provence et la Drôme, le site englobe un ensemble de montagnes de basse et moyenne altitude, culminant à 1650 m au niveau des crêtes de la montagne de Mare.
Le site s’inscrit dans un ensemble de roches sédimentaires qui comprennent surtout des calcaires marneux et marnes du Callvien Oxfordien et du Berriasien, associés à des calcaires gris plus massifs et plus durs du Tithonique et du Kimméridgien, lesquels constituent l’ossature des crêtes sommitales en engendrant souvent de petites falaises et escarpements verticaux.
Situé dans la zone biogéographique des Préalpes sud dauphinoises, le site est soumis à un climat de type supra méditerranéen à tendance continentale.
Il est compris essentiellement dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard entre 690 m et 1622 m d’altitude. Seules ses plus hautes crêtes atteignent la base de l’étage subalpin. Sa végétation est dominée par des prairies sèches, des pelouses et des landes, mais présente aussi de vastes surfaces de forêts de Hêtre (Fagus sylvatica), de pins (Pinus sylvestris et Pinus nigra) ou de Chêne pubescent (Quercus humilis). Sur les fortes pentes et sur substrat ébouleux, les pelouses rocailleuses sèches, les garrigues et landes méditerranéo montagnardes dominent. Sur les pentes encore plus marquées et en pied de barres rocheuses, se trouvent des éboulis calcaires thermophiles.
Milieux remarquables
Ce site compte trois habitats déterminants : les boisements de ravins ombragés et frais sur éboulis [all. phyto. Tilion platyphylli et Tilio platyphylli Acerion pseudoplatani (41.4)], principalement en ubac au pied des barres rocheuses, les landes épineuses franco-ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [All. phyto. Genistion lobelii (31.74)], qui se situent sur les crêtes au niveau de replats rocheux ventés, et les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)] qui accueillent une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.
Six autres habitats remarquables sont recensés : les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) et Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les hêtraies calcicoles méridionales à Andosace de Chaix (Androsace chaixii) (41.1752), les pelouses écorchées pionnières des bas de falaises, des rebords de corniches et des vires rocheuses ombragées d’ubac à Seslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Androsace velue (Androsace villosa) [all. phyto. Seslerion elegantissimae (34.325)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], qui occupent très localement le fond de certains talwegs humides, et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Flore
La flore de ce site est d’une très grande valeur patrimoniale et compte 22 espèces déterminantes, dont six sont protégées au niveau national : le Scandix étoilé (Scandix stellata), rarissime ombellifère, protégée au niveau national et à aire de répartition circumméditerranéenne et irano touranienne très morcelée, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, l'Aspérule de Turin (Asperula taurina), caractéristique des hêtraies méridionales, l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, anciennement signalée et à rechercher, et la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes. Huit autres espèces végétales déterminantes sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Grand Ephédra (Ephedra major), historiquement observé et à rechercher sur les paroi rocheuses, l'Orchis des marais (Anacamptis palustris), l'Holostée en ombelle hérissée (Holosteum breistrofferi), petite caryophyllacée endémique des Préalpes provençales inféodée aux plages terreuses d'annuelles de pelouses xériques, la Gesse de Vénétie (Lathyrus venetus), fabacée découverte récemment en France continentale, connue aujourd'hui des seuls pourtours de la montagne de Lure, où elle occupe les chênaies fraîches et hêtraies, la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée rare des pelouses rocailleuses très sèches, la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques, le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis) et la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), belle rutacée des lisières et broussailles sèches, historiquement mentionnée et à retrouver. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : la Picride pauciflore (Picris pauciflora), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, l'Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), la Scrophulaire printanière (Scrophularia vernalis), qui serait à retrouver sur le site, la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, la Renoncule de Chas (Ranunculus chasii) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Il abrite également huit espèces végétales remarquables, dont trois sont protégées au niveau national : la Gagée jaune (Gagea lutea), petite liliacée aux fleurs jaunes affectionnant les haies ombragées humides, la Gagée des prés (Gagea pratensis), voisine de la première et occupant des pelouses sèches, et la Gagée des champs (Gagea villosa), inféodée quant à elle aux milieux cultivés. La Violette de Jordan (Viola jordanii) est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur. Les autres espèces végétales remarquables du site sont : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), l'Ail pâlissant (Allium coppoleri), l'Aristoloche pâle (Aristolochia pallida) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, dont la présence sur le site serait toutefois à confirmer.
Faune
Ces massifs hébergent un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. En effet, ce sont ici au moins quarante-sept espèces animales patrimoniales, dont douze sont déterminantes, qui sont présentes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial comprennent notamment des insectivores comme la Crossope de Miller (Neomys anomalus), espèce déterminante de musaraigne, à aire de distribution disjointe limitée à certains massifs montagneux d’Europe, plutôt liée aux zones humides d’altitude, aux prairies hygrophiles, aux cuvettes semi inondées, aux marais et aux tourbières, et des chiroptères comme le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable à effectifs faibles et donc vulnérable, d’affinité méditerranéenne et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude.
L’avifaune nicheuse locale est représentée par diverses espèces d’intérêt patrimonial : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, en forte régression dans les massifs externes et dont la présence sur le site serait à confirmer, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins qui profite des cavités creusées par le Pic noir (Dryocopus martius), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce remarquable inféodée aux petits torrents, Chevêche d’Athéna (Athene noctua) ou Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Alouette lulu (Lullula arborea), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Fauvette grisette (Sylvia communis).
Les reptiles sont représentés par le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, et potentiellement par la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), rare serpent inféodé aux pelouses de crêtes des montagnes sèches de Haute Provence et dont la présence est à confirmer.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par : le Ropalope lombard (Ropalopus ungaricus ssp. gallicus), espèce déterminante de la famille des longicornes (Cérambycidés), rare, inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présente en France presque exclusivement en région Provence Alpes Côte d’Azur, l’Agapanthie de Kirby (Agapanthia kirbyi), espèce remarquable et rare de Cérambycidés dont les larves se développent uniquement dans les hampes de Molènes (Verbascum sp.), le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globulicollis), espèce remarquable de coléoptère longicorne dont la larve affectionne le bois des branches terminales de feuillus, surtout des érables, le Capricorne velouté (Cerambyx welensii), espèce de longicorne (Cerambycidés) remarquable, principalement inféodée au bois sénescent de chênes dont se nourrit la larve, le Pique prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), espèce déterminante de coléoptère de la famille des cétoines (Cetoniidés), protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus, le longicorne Plagionotus floralis, espèce remarquable euro-sibérienne des pelouses et garrigues présente en France principalement dans le quart sud-est, les reliefs du couloir rhodanien abritant l'essentiel de ses populations, le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce remarquable de Cerambycidae inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations, la Blatte de Nice (Planuncus nicaeensis), espèce remarquable endémique de Haute Provence qui affectionne les prés bois, lisières et matorral, le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce remarquable de grande taille, inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud européennes, le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable d'odonate Zygoptères (demoiselles), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires, le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest méditerranéenne dont la sous espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés.
Les peuplements de lépidoptères sont très intéressants, se distinguant par présence de la Zygène du peucédan (Zygaena cynarae), espèce déterminante très rare et localisée, qui fréquente les pelouses en lisière forestière, les boisements clairs et clairières où croît sa plante hôte l’Herbe au cerf (Cervaria rivini), l'Hespérie de la balotte (Muschampia baeticus), espèce déterminante d'affinité ouest méditerranéenne, rare, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), l'Hespérie de l'Herbe-au-vent (Muschampia proto), espèce remarquable de lépidoptère Hespériidés d'affinité méditerranéenne, peu commune et localisée aux pelouses et friches sèches, dont la chenille se nourrit principalement de Phlomis herbaventi, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), l’Hermite (Chazara briseis), espèce remarquable en forte régression, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes des graminées (fétuques et brachypodes), l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce remarquable d'affinité steppique, localisée et dont la sous espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante et protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude , l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), espèce remarquable d'hétérocère zygénidés, d'affinité ibéro provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix), et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée localement aux pelouses sèches à sainfoins sauvages(Onobrychis).
Enfin les mollusques sont représentés entre autres par la Perlée massue (Charpentieria itala ssp. punctata), clausilie remarquable habitant les forêts de feuillus et les vieux murs en contexte boisé et dont les populations en agrégat sont morcelées en France, les données contemporaines étant seulement situées en région PACA, du Vaucluse aux Alpes-Maritimes.
Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 englobe les cinq ZNIEFF de type 1 suivantes : «05_136_244 Montagne de Saint Cyr sommet de la Platte crête du Travers » ; «05_136_245 Montagne de Chanteduc – sommet de Fleossier» ; «05_136_247 Montagne du Pied du Mulet» ; «05_136_248 Montagne de Mare», & « 04_146_152 – Versant sud de la crête de l’âne »
Le site englobe un système de crêtes montagneuses de moyenne altitude. Les zones de moindre intérêt ou à anthropisation marquée sont exclues. Au sud et à l’ouest, ses limites s’appuient sur les hautes crêtes, qui caractérisent également le pourtour départemental. Sur le reste du périmètre, elles sont positionnées sur les parties inférieures de versant en évitant les zones où l’anthropisation est la plus accentuée. Elles se calent au mieux sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.