ZNIEFF 930020441
MERCANTOUR, DE LA VALLÉE DES MERVEILLES À LA HAUTE TINÉE

(n° régional : 06100146)

Commentaires généraux

Description de la zone

La ZNIEFF est localisée principalement dans la zone centrale du Parc National du Mercantour. C’est une zone de hautes montagnes à proximité de la Méditerranée qui se caractérise par un ensoleillement propre aux Alpes du sud et un relief très contrasté qui découpe cette région en unités compartimentées et originales. Cette région présente une grande diversité de paysage, de sites rocheux, de vallées et de cirques glaciaires parsemés de lacs de dépôts morainiques et de roches moutonnées.

L’homme est présent dans ce massif depuis fort longtemps puisque le Mercantour possède le plus riche ensemble de gravures rupestres à l’air libre d’Europe. Ces plus de 100 000 dessins se trouvent notamment dans le Val des Merveilles et le Cirque de Fontanalbe et datent de l’âge du bronze.

La ZNIEFF s’étend de 650 m à 3 100 m d’altitude et présentent quatre étages de végétation.

 

Flore et habitats naturels

Le massif du Mercantour présente une richesse biologique exceptionnelle au carrefour de plusieurs domaines biogéographiques : arctique, alpin, euro sibérien, eurasiatique, méditerranéen. Le taux d’endémisme des espèces et des groupements y est très élevé. Représenté au sud de la ZNIEFF, l’étage supraméditerranéen sur silice est représenté par des forêts mixtes mésophiles à Frêne commun (Fraxinus excelsior) et Châtaignier (Castanea sativa). Les pentes d’adret chaudes et sèches sont colonisées dans le Vallon de Mollières par de remarquables formations à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera). A l’étage subalpin, la forêt de Mélèze (Larix decidua) et Pin cembro (Pinus cembra) domine le paysage, en mosaïque avec des landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum). Les nombreux ruisseaux de l’étage subalpin sont bordés par des mégaphorbiaies bien développées de l’Adenostylion alliariae, qui comprennent des espèces endémiques ou en limite d’aire : le Chérophylle élégant (Chaerophyllum elegans), le Séneçon de Balbis (Tephroseris balbisiana), le Cirse des montagnes (Cirsium alsophilum), le Doronic d’Autriche (Doronicum austriacum). On peut observer en tête des bassins et en bordure de lac des bas marais acides à Laîche noire (Carex nigra) du Caricion fuscae qui abritent des espèces rares comme la Drosera à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), la Laîche courte (Carex canescens) et diverses espèces de sphaignes (Sphagnum auriculatum, S. teres, S. russowii, S. warnstorfii…). Les parois rocheuses siliceuses subalpines à alpines sont colonisées par une végétation se rattachant à deux associations (Silenetum cordifoliae et Saxifragetum pedemontanae) caractérisées par des espèces endémiques du massif de l’Argentera : le Silène à feuilles en cœur (Silene cordifolia), la Saxifrage à fleurs nombreuses (Saxifraga florulenta). Les parois calcaires sont quant à elles représentées par l’association endémique des Alpes ligures, le Silenetum campanulae, abritant également une flore endémique avec notamment le Silène campanule (Silene campanula) et la Raiponce à feuilles en cœur (Phyteuma cordatum). Des isolats d’affleurements calcaires à l’est de la ZNIEFF permettent le développement de groupements orientaux comme les fourrés à Pin mugo (Pinus mugo) du Rhododendro hirsuti Pinion mugo. Les nombreux lacs alpins sont colonisés par des peuplements de Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) du Littorellion uniflorae. L’étage alpin comprend de nombreuses combes à neiges silicicoles, avec l’association répandue du Salicetum herbaceae. Parmi la flore patrimoniale, la Saxifrage à nombreuses fleurs (Saxifraga florulenta), emblème du Parc, en est l'exemple le plus connu. On pourrait également citer la Gentiane de Ligurie (Gentiana ligustica), le Passerage à feuilles d'Halimione (Hormatophylla halimifolia) ou encore la Raiponce de Balbis (Phyteuma cordatum).

 

Faune

Le cortège faunistique de cette zone est exceptionnel, avec 99 espèces d’intérêt patrimonial, dont 48 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique local est composé d’un grand nombre d’espèces rares et menacées dans notre région : le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), espèce déterminante alpine de ruminant, d’intérêt communautaire, très localisée en France où les effectifs de ses populations sont encore assez faibles, affectionnant les zones montagneuses avec éboulis, parois rocheuses, pelouses et arbres épars, entre 2 000 et 3 500 m d’altitude, le Lièvre variable (Lepus timidus), le Loup gris (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion en région PACA. depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço alpines correspondent à la sous espèce italienne, le Campagnol de Fatio (Microtus multiplex), petit rongeur remarquable, bien adaptée aux conditions écologiques difficiles de montagne, que l’on rencontre aussi bien dans les prairies de montagnes et les pelouses alpines que dans les forêts de mélèzes, les cembraies, les prés bois, et les milieux ouverts des basses vallées, jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante, la Grande noctule (Nyctalus lasiopterus), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2000 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude, la Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssonii), espèce nordique déterminante, rare et localisée en France et en région PACA où elle se trouve en limite d’aire sud occidentale de son aire de répartition, à effectifs faibles et en danger latent, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude en montagne, notamment dans les bois clairs riches en broussailles, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout riverains) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Barbastelle commune (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante et vulnérable, en régression, d’affinité médioeuropéenne, très résistante au froid, présente jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable, rare, à effectifs faibles et donc vulnérable et en danger, thermophile d’affinité méditerranéenne, affectionnant les zones de collines et de montagnes avec falaises, ravins, grottes, constructions, ruines et murailles, jusqu’à 2 500 m d’altitude, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante.

En ce qui concerne l’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, et estivante, elle est riche de 3 espèces déterminantes : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce rare et localisée dans les Alpes Maritimes, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m d’altitude, Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Lagopède alpin (Lagopus mutus), Tétras lyre (Tetrao tetrix), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), Gros bec casse noyaux (Coccothraustes coccothraustes), Venturon montagnard (Carduelis citrinella), Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), Bruant ortolan (Emberiza hortulana).

Les amphibiens comprennent notamment le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée dans la région, correspondant à un endémique franco-italien présent en France essentiellement dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Du côté des reptiles, citons le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce remarquable d’affinité médio européenne nordique, des landes, lisières de forêts et prairies herbeuses jusqu’à 2 000 m d’altitude, dont les populations régionales, peu nombreuses, sont isolées et fragmentées et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les peuplements d’arthropodes sont riches et composés de nombreuses espèces rares, en limite d’aire ou endémiques.

Parmi les odonates, citons la Cordulie des Alpes (Somatochlora alpestris), espèce déterminante et peu répandue, en limite d’aire dans les Alpes du sud, liée aux lacs, étangs, marais, alpages humides, prairies tourbeuses et tourbières aux eaux acides jusqu’à 2 200 m d’altitude,

Les orthoptères sont représentés par trois espèces déterminantes : le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, l'Analote ligure (Anonconotus ligustinus), sauterelle aux ailes atrophiées présente en France uniquement dans les Alpes-Maritime et l'Analote du Mercantour (Anonconotus mercantouri), sauterelle microptère endémique de la Haute Vallée de la Vésubie, accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), la Decticelle des alpages (Metrioptera saussuriana) et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami).

Quant aux hémiptères, ils sont représentés par Acalypta visolensis, espèce déterminante de Tingidés très localisée et menacée d’extinction, en limite d’aire dans la région, correspondant à un endémique franco-italien, d’affinité montagnarde, présente dans les étages subalpin et alpin. Les données disponibles pour cette espèce sont anciennes et mériteraient des prospections ciblées pour les actualiser.

Parmi les coléoptères, citons huit espèces déterminantes : les Carabidae Amara lantoscana, espèce d’affinité montagnarde, endémique du département des Alpes Maritimes où elle affectionne les zones presque dépourvues de végétation aux alentours de 2 000 m d’altitude sur substrat granitique, Licinus oblongus, espèce d’affinité montagnarde endémique des trois départements alpins de la région où elle est très localisée, vivant dans les pelouses et les prairies alpines, Cychrus angulicollis, espèce rare et menacée d’extinction, en limite d’aire dans la région, localisée en France dans les Alpes-Maritimes, correspondant à un endémique franco-italien, habitant surtout les massifs calcaires entre 2 000 et 2 600 m d’altitude, dans les éboulis et les amoncellements de blocs rocheux, à l’entrée des gouffres et des grottes, sous les détritus, Bembidion decorum decorum sous-espèce endémique du Var et des Alpes-Maritimes, l'Acméops marginé (Acmaeops marginatus), espèce de Cerambycidae eurasiatique liée en France aux conifères blessés des forêts de montagne, très localisée et jamais abondante, Prostomis mandibularis, espèce saproxylique liée aux grosses pièces de bois mort humide, ayant fortement régressé et présente en PACA seulement dans le massif du Mercantour, Trechus delarouzeei, et le Cerambycidae Tragosoma depsarium, espèce très rare à répartition boréoalpine, présente en France uniquement dans les Pyrénées et les Alpes. Plusieurs autres espèces de coléoptères déterminants sont citées anciennement et mériteraient des prospections complémentaires comme Anostirus gabilloti, Megathous nigerrimus, Dichotrachelus doderoi, Carabus solieri, Laemostenus angustatus ou Laemostenus obtusus. Citons également le longicorne Evodinus clathratus, espèce remarquable à répartition européenne vivant dans le bois en décomposition des arbres de montagne, présente en France seulement dans les Alpes où elle est rarement abondante et le Lyce rugueux (Platycis minutus), espèce remarquable de Lycidae eurosibérienne se développant dans le bois humide et décomposé de feuillus et conifères dans les forêts fraîches, connue en PACA de quelques stations dans le Mercantour et les Alpes-de-Haute-Provence.

Les insectes liés aux cours d’eau sont représentés par sept espèces de trichoptères (Allogamus antennatus, Allogamus hilaris, Catagapetus nigrans, Consorophylax consors, Melampophylax melampus, Plectrocnemia praestans, Tinodes maclachlani), deux plécoptères (Leuctra armata et Protonemura caprai) et un éphéméroptère (Ecdyonurus zelleri).

Les peuplements de lépidoptères comprennent huit taxons déterminants : l'Eupithécie illustre (Eupithecia pernotata), Geometridae rare en France et découverte dans les Alpes-Maritimes où elle est localisée, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud, l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Petit apollon du Mercantour (Parnassius corybas gazeli Praviel, 1936), sous espèce protégée au niveau européen, menacée et endémique, limitée en France à deux vallées alpines du Mercantour, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, le Solitaire (Colias palaeno), espèce protégée en France, dont la sous-espèce europomene est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Nacré des Balkans (Boloria graeca), espèce à distribution fractionnée, dont la sous-espèce tendensis est endémique franco-italienne, vivant dans les pelouses subalpines rases et sèches à Violette éperonnée (Viola calcarata), le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Apollon (Parnassius apollo), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), le Grand sylvain (Limenitis populi), et le Céphalion (Coenonympha macromma). Il est important de signaler l’observation ancienne de la Psodos valaisanne (Glacies bentelii) Geometridae déterminante qui mériterait des prospections ciblées.

Les peuplement d’orthoptères est composé de deux espèces déterminantes, l'Analote du Mercantour (Anonconotus mercantouri), sauterelle microptère, endémique de la Haute Vallée de la Vésubie, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et plusieurs espèces remarquables comme le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), la Decticelle des alpages (Metrioptera saussuriana), et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami).

Du côté des araignées, signalons la présence d’Aculepeira carbonaria, qui se trouve exclusivement à haute altitude dans les Alpes, lorsque la végétation se réduit à de l'herbe rase et qui fait sa toile dans les éboulis rocheux.

Enfin, en ce qui concerne les Mollusques Gastéropodes, citons l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum ssp. flavovirens), gastéropode d'altitude déterminant et subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise, la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique déterminante, endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin, le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce remarquable localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés et l’Escargot de Nice (Macularia niciensis niciensis), sous espèce endémique franco-italienne, protégée en France, fréquentant rochers, vieux murs et oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2500 m d’altitude.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF du Mercantour est adossée à la chaîne frontière des Cimes de l’Agnelli à la Cime de Tavel, et elle intègre également la rive droite du Vallon de Mollières.