ZNIEFF 930020447
MASSIF DE CRÉMON - LA BERNARDE - VAUPLANE - CRÊTE DU TEILLON - COL DES PORTES - LA FAYE - TRÉBEC - PLAN DE MOUSTEIRET

(n° régional : 06141100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie sud est du département des Alpes de Haute Provence et à l’extrémité ouest du celui des Alpes Maritimes, à l’est de la ville de Castellane, ce site englobe deux petits massifs de moyenne montagne dont l’axe des crêtes est orienté est ouest. Il est établi entre les villages de Saint Julien du Verdon, Castellane, La Foux et Ubraye.

La géologie du site est complexe et s’inscrit dans les nappes sédimentaires de Haute Provence. La majeure partie des formations géologiques rencontrées concernent des calcaires, marno calcaires, marnes et cargneules couvrant l’ensemble de l’ère Secondaire du Crétacé au Trias. Les dépôts récents constitués d’éboulis anciens ou encore actifs, de brèches de pente et de zones de glissement recouvrent ces diverses formations sur des surfaces importantes, en particulier dans les bas de pentes et fonds de vallons.

Le site est soumis à un climat de montagne dans une zone de transition entre les affinités provençales plus sèches et ensoleillées à l'ouest et celles des Alpes Maritimes plus humides et avec nébulosité plus abondante, à l'est.

Etendu entre 800 m et 1950 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur, montagnard et subalpin.

La végétation du site associe diverses formations forestières comprenant surtout des pinèdes sylvestres, des chênaies pubescentes et des hêtraies, avec des formations ouvertes et semi ouvertes de landes, fruticées, prairies sèches, éboulis et rochers.

La partie située sur la commune de Saint Auban autour du hameau de la Sagne, correspond à un versant d’adret composé principalement de milieux ouverts et semi ouverts aux étages supraméditerranéen et montagnard : pelouses calcicoles, garrigues, fruticées.

 

Milieux naturels

Le site compte deux habitats déterminants : les landes épineuses franco-ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [all. phyto. Genistion lobelii (31.7456)], qui occupent les crêtes au niveau de replats rocheux ventés, et les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)].

Sept autres habitats remarquables, typiques ou représentatifs sont également présents sur le site avec les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.81)], les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)] et les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)].

Ce site compte en outre deux autres habitats d’intérêt patrimonial marqué avec les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] et les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)].

 

Flore

Le site comprend vingt-deux espèces végétales déterminantes, dont cinq sont protégées au niveau national : la Gagée de Burnat (Gagea reverchonii), gagée inféodée aux crêtes essentiellement des Préalpes du Verdon, l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), l'Orchis à odeur de punaise (Anacamptis coriophora subsp. coriophora), la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes, et l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest.

Quatre sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Sabline cendrée (Arenaria cinerea), caryophyllacée endémique de Provence inféodée aux pelouses et lisières rocailleuses calcaires, et l'Orpin à odeur suave (Sedum fragrans), crassulacée liée aux balmes et grottes calcaires.

La Laîche de Hartman (Carex hartmannii), découverte récemment dans ce département où elle ne compte que deux localités, le Dryoptéris submontagnard (Dryopteris submontana), fougère nouvellement observée pour la région du Verdon, inféodée à des formations karstiques d'altitude, le Maceron perfolié (Smyrnium perfoliatum), la Marguerite de Burnat (Leucanthemum burnatii), petite marguerite inféodée aux crêtes rocailleuses essentiellement des Préalpes du Verdon, le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), qui occupe les hêtraies du site, la Passerage à feuilles d'halimus (Hormathophylla halimifolia), l'Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, la Minuartie de Burnat (Minuartia glomerata subsp. burnatii), petite caryophyllacée inféodée aux crêtes rocailleuses essentiellement des Préalpes du Verdon, le Pigamon simple (Thalictrum simplex) et l'Armoise d’Arménie (Artemisia armeniaca), une armoise découverte récemment en France et cantonnée aux Préalpes du Verdon, sont les treize autres espèces déterminantes connues de ce site.

Par ailleurs, il abrite sept autres espèces végétales remarquables, parmi lesquelles deux sont protégées au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, et la Gagée des prés (Gagea pratensis), rare liliacée des pelouses sèches, et une en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Violette de Jordan (Viola jordanii). Le Moloposperme du Péloponnèse (Molopospermum peloponnesiacum), grande et spectaculaire ombellifère localisée en France au sud des Alpes, à la bordure sud du Massif central et aux Pyrénées orientales, le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), l'Euphorbe de Canut (Euphorbia hyberna subsp. canutii) et la Passerine dioïque (Thymelaea dioica) sont les quatre autres espèces remarquables connues de ce site.

 

Faune

Ce site héberge un cortège faunistique de 17 espèces animales patrimoniales. Parmi celles-ci, figurent sept espèces déterminantes.

Pour les mammifères, on note la présence en gîte du Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile

L’avifaune nicheuse locale comprend une espèce déterminante : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur. Il est accompagné de deux espèces remarquables : la Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique d’affinité nordique recherchant préférentiellement les forêts mixtes et la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne en régression recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses.

Pour les reptiles, il convient de noter la présence de la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les insectes d’intérêt patrimonial connus sont représentés par des espèces d’affinités méditerranéenne et alpine, principalement liées à des milieux ouverts et semi ouverts.

Chez les lépidoptères deux espèces déterminantes sont présentes : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée à aire disjointe, d’affinité méditerranéo montagnarde liée aux éboulis et pentes caillouteuses où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, à la répartition fragmentée et assez localisée, dont la chenille vit sur des Corydales (Corydalis sp.) des clairières et lisières de bois, entre 500 et 2200 m d’altitude. Ces papillons sont accompagnés de trois espèces remarquables : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion) espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches à serpolets, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne dont la chenille vit sur l’Aristoloche Aristolochia pistolochia dans les boisements clairs et pelouses sèches des coteaux pierreux, chauds et ensoleillés et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce alpine en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin.

Chez les orthoptères, signalons la présence de deux criquets patrimoniaux liés aux pelouses et landes sèches et ouvertes, le Criquet de la Bastide (Chorthippus binotatus daimei), sous-espèce déterminante, endémique de Haute Provence et des Alpes du sud et l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), espèce remarquable endémique de Provence à mobilité réduite.

Trois coléoptères déterminants sont à signaler, le Carabique Duvalius convexicollis, espèce de la famille des Carabidés, endémique des départements des Alpes de Haute Provence et des Alpes Maritimes, où elle est localisée en montagne dans les racines d’orties au pied des parois rocheuses, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes et l'Acméops marginé (Acmaeops marginatus), espèce de Cerambycidae eurasiatique liée en France aux conifères blessés des forêts de montagne, très localisée et jamais abondante. Deux espèces remarquables sont également présentes sur site : le longicorne Anaglyptus gibbosus, espèce ouest-méditerranéenne inféodée aux arbres feuillus des boisements thermophiles et le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce remarquable de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence.

Enfin, dans les pelouses sèches se rencontre la Lycose tarentule (Lycosa tarantula), espèce remarquable d’araignée d'affinité ouest méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier.

Commentaires sur la délimitation

Le site comprend un complexe de crêtes d’altitude moyenne et leurs versants. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.