Description de la zone
La chaîne de l’Etoile correspond à une ligne de crête assez sinueuse qui culmine à 778 m au Puech de Mimet. Son relief est dissymétrique avec un versant sud au pentes peu accusées mais profondément entaillé de nombreux vallons parallèles et un versant nord plus raide, accidenté de barres rocheuses parallèles à la crête et créant un relief secondaire assez tourmenté. Plus frais, ce versant nord est encore très boisé par opposition au versant sud. Les reliefs de l’étoile présentent l’immense attrait d’un milieu peu artificialisé malgré la proximité de l’agglomération phocéenne.
Flore et habitats naturels
Du fait de la proximité de la mer, la formation des crêtes élevées à Genêt de Lobel est représentée de manière affaiblie sur le massif, toujours sur des surfaces réduites. On y observe néanmoins plusieurs caractéristiques, dont le Genêt, mais l’existence de la Jurinée humble et de l’Ephédre à châtons opposés dans d’autres formations de garrigue est peut-être le signe d’une survivance d’un Genistetum lobelii autrefois plus étendu. Le groupement propre aux sables dolomitiques des crêtes élevées à Laîche à fruits luisants et Crépis de Suffren est cependant bien représenté de la Grande Etoile jusqu’au Puech de Mimet, et peut être même jusqu’au Col de Cadolive où le Crépis a été autrefois cité. Cette formation parvient à descendre avec les sables dolomitiques à moins de 300 m, en dessous du cirque des Santons par exemple. Les formations rupestres sont elles aussi bien représentées. Sur calcaire, à l’exposition sud, les fentes étroites de rochers portent la végétation des falaises calcaires ibéro méditerranéennes à Doradille de Pétrarque. A l’exposition nord, entre le Pilon du Roi et les escarpements élevés de Notre Dame des Anges se développe l’association des falaises calcaires alpiennes et sub méditerranéennes à Doradille des sources. Elle reparaît ailleurs sur le flanc nord mais appauvrie. L’association des falaises et rochers dolomitiques de Basse Provence est commune dans le centre du massif, surtout sur les crêtes, mais elle descend aussi dans les vallons jusque vers 500 m d’altitude. La pelouse à Seslérie se rencontre entre le Puech de Mimet et le Pilon du Roi suivant un mince liseré au pied nord des falaises les plus élevées, en des points jamais ou faiblement ensoleillés. Les éboulis portent la formation classique des reliefs littoraux calcaires de Provence avec les populations les plus occidentales de l’espèce endémique, la Sabline de Provence, dans l’est de Notre Dame des Anges jusqu’au vallon du Ratier. La grande extension des sables dolomitiques permet le développement de garrigues à Romarin, qui s’enrichissent de l’Hélianthème à feuille de Lavande en flanc sud sous le Pilon du Roi ou sous les bâtiments de Notre Dame des Anges et au nord dans le cirque des Santons. Le plateau de la Mure correspond à une des plus importantes localités françaises de Germandrée à allure de pin avec celle du secteur du Marinier et du Moulin du Diable au-dessus de l’Estaque. Ici encore, la germandrée est accompagnée de l’Hélianthème à feuilles de lavande. Enfin, quelques espèces rares sont connues très ponctuellement, l’Anémone palmée au vallon de l’Equarissage ou l’Ophrys miroir au-dessus d’Allauch, l’Ophrys de Provence étant plus largement représenté dans divers types de pelouses du massif.
Faune
Ce site renferme 34 espèces d’intérêt patrimonial dont huit sont déterminantes.
La Chaîne de l’Etoile dispose d’une faune riche en espèces rares et peu répandues dans les Bouches-du-Rhône et en Provence de manière plus générale. Un couple d’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) se reproduit dans ce massif qui accueille des espèces nicheuses très intéressantes comme le Coucou geai (Clamator glandarius), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), la Bécasse des bois Scolopax rusticola (un des très rares sites de nidification dans le département), le Circaète Jean le Blanc Circaetus gallicus (4 couples), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Grand-Duc d’Europe Bubo bubo (au moins 9 couples), les Fauvettes à lunettes (Sylvia conspicillata) et orphée (Sylvia hortensis), le Monticoles bleu (Monticola solitarius), le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica). En migration et en hivernage, les reliefs et les barres rocheuses de l’Etoile hébergent une avifaune rupicole descendue des Alpes et comprenant notamment le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) et l’Accenteur alpin (Prunella collaris).
Concernant les reptiles, quatre espèces remarquables se trouvent sur le site : le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne qui est ici abondant, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.
Concernant les insectes, deux espèces déterminantes de lépidoptères sont à noter : il s’agit du Marbré de Lusitanie (Euchloe tagis bellezina), espèce très localisée endémique du sud de la France et nord-ouest de l’Italie qui peuple les milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata et du Sablé de la luzerne (Agrodiaetus dolus), dont la sous espèce type (subsp. dolus) est endémique des collines et montagnes méditerranéennes de la région PACA, se développant sur des sainfoins (Onobrychis ssp.).
Un cortège d’espèces remarquables complète les peuplements d’arthropodes du périmètre, composé d’éléments typiques des collines méditerranéennes. Il s’agit de l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), grosse espèce à mobilité réduite, endémique de Provence ; de la Proserpine (Zerynthia rumina), lépidoptère ouest méditerranéen étroitement lié à la présence de sa plante hôte locale Aristolochia pistolochia, du Louvet (Hyponephele lupina), lépidoptère d’affinité méditerranéo steppique très localisé et globalement rare et de la Scolopendre ceinturée (Scolopendra cingulata), imposant chilopode (« mille pattes » prédateur) commun dans les Bouches-du-Rhône.
Citons également deux lépidoptères déterminants vus pour la dernière fois par le docteur Pierre SIEPI en 1920 : l'Hespérie de la balotte (Muschampia baeticus), Hespériidés d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare) et Idaea exilaria une géomètre.
Logique de massif fondée sur la zone de chasse du couple d'Aigle de Bonelli, et englobant l'ensemble des sites possédant des intérêts patrimoniaux en terme de faune comme de flore ou d'habitats, tout en évitant les secteurs trop urbanisés, ainsi que les carrières de la partie ouest du massif. La ZNIEFF chaîne de l’Etoile est limitée à l’est par la ZNIEFF du Garlaban.