ZNIEFF 930020462
ESTEREL

(n° régional : 83189100)

Commentaires généraux

Commentaire général

Le massif de l’Esterel au sens large, succède à la chaîne des Maures dont il est séparé par la vaste dépression permienne de Fréjus. Les rhyolites amarante, les porphyres verts et les conglomérats qui s’y rencontrent, témoignent de l’intensité et de la diversité des éruptions volcaniques qui ont agité son socle durant 280 millions d’années. L’alternance de reliefs très tourmentés, marqués par de nombreux pics et des vallons très encaissés, sillonnés par des ruisseaux, en font un massif unique en France.

La végétation du massif est dominée par le maquis infiltré par le Pin mésogéen, mais pourrait en l’absence de dégradation évoluer vers la forêt de Chêne liège et la yeuseraie acidiphile à l’intérieur, et vers une brousse d’Olivier sauvage et de Lentisque sur le littoral.

 

Flore et habitats naturels

Le massif de l’Esterel forme un ensemble floristique très intéressant marqué par les influences méridionales et orientales. Ainsi cohabitent les chênaies vertes, lièges et pubescentes avec les ravins à Lauriers roses et Osmondes royales. Petits bosquets de châtaigniers dans la partie Nord et orientale de la zone. Le Chêne sessile infiltre par place la chênaie verte alticole à Erable et Houx avec Carex depauperata.

L’Esterel constitue donc un ensemble floristique extrêmement riche et diversifié tant au niveau des formations littorales que des ensembles forestiers de l’intérieur.

La flore bryophytique comprend plusieurs grandes raretés par exemple Orthothecium duriaei (trois stations en France). Le ravin de la Berle comporte un certain nombre de bryophytes exceptionnelles en Provence : Sphagnum subnitens, Polytrichum commune, Mnium hornum, Leucobryum glaucum, Diplophyllum albicans. « Par sa composition muscinale, cette association se rattache au type des tourbières qui naissent sur les socles cristallins des zones septentrionales et des hautes montagnes d’Europe ». Ce n’est pas un des moindres paradoxes de l’Esterel que de permettre la coexistence, dans un périmètre aussi restreint, d’une flore thermophile et xérophile au caractère méditerranéen accusé et d’une flore froide et hygrophile inattendue aussi près du littoral.

Le Parc Naturel Départemental de la Pointe de l’Aiguille est une des dernières zones préservées du littoral de l’Estérel oriental. Il abrite entre autres, la Barbe de jupiter (Anthyllis barba jovis), la Passerine hérissée (Thymelaea hirsuta), le Limonium cordé (Limonium cordatum), l’Asplénium des Baléares (Asplenium balearicum).

 

Faune

L’Esterel constitue une zone de très grand intérêt pour la faune.

Pour les mammifères, il faut signaler une donnée ancienne confirmée de Chat sauvage (Felis sylvestris), sans qu'il soit possible de qualifier une éventuelle population. Aucune nouvelle donnée de présence n’a été mentionnée jusqu’alors. Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) est également présent, au cœur de la forêt domaniale avec un effectif estimé en 1995 à 80 têtes environ. Cette espèce, autrefois présente dans le massif, a été introduite en 1961 lors d’un lâcher de 6 individus originaires d’Alsace. C’est la seule population française qui évolue entièrement dans un milieu méditerranéen. Pour les chiroptères, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), le Vespère de Savi (Hypsugo savii), le Murin de Bechstein (Myotis beichsteinii), le Murin de Capaccini (Myotis capaccinii), le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) et le Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) sont signalés dans le massif.

En ce qui concerne l’avifaune nicheuse, les espèces locales comprennent notamment l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Petit duc scops (Otus scops), la Chouette chevêche (Athene noctua), le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), l’Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), la Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), la Pie grièche à tête rousse (Lanius senator) le Monticole bleu (Monticola solitarius), le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), le Gobemouche gris (Muscicapa striata), la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Bruant proyer (Emberiza calandra) et la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon).

L’herpétofaune est quant à elle représentée par trois espèces déterminantes : la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni), la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), espèce Ibérique rare et en limite de répartition en PACA, présente surtout en Camargue et dans de rares stations dans le Var et la Grenouille agile (Rana dalmatina) espèce largement répartie en Europe mais seulement localisée au sud-est du Var et sud-ouest des Alpes-Maritimes en PACA ; et cinq espèces remarquables : la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), le Lézard ocellé (Timon lepidus), présents en densités moyennes, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

Pour les poissons d’eau douce, on peut citer notamment la présence de l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) et du Blageon (Telestes souffia).

Les milieux naturels de l’Esterel restent enfin d’un intérêt considérable sur le plan entomologique.

Les coléoptères représentent un riche cortège d’espèces patrimoniales avec en particulier de nombreux Coléoptères du sol comme Agonum longicorne et Hypotyphlus aubei dont certains endémiques provençaux et varois (Amaurops sp., Entomoculia sp., Leptotyphlus sp. et Mayetia sp. notamment), en particulier Amaurops colasi, endémique de l’Esterel. Citons encore les deux Carabiques : Scotodipnus glaber, coléoptère endogé ouest méditerranéen assez rare et menacé d’extinction, présent en France uniquement en PACA, propre aux endroits froids et humides, notamment des ravins exposés au nord où il vit sous les pierres ou dans les feuilles mortes profondément enfoncées dans le sol, l’humus et le terreau, les mousses et parfois dans les grottes et Bembidion siculum winkleri (= Ocydromus siculus winkleri), espèce déterminante menacée d’extinction, présente en France uniquement dans le Var et les Pyrénées orientales.

Signalons également la présence d’un cortège de coléoptères longicornes (Cerambycidae) intéressants avec entre autres le Macrotome écussoné (Prinobius myardi), espèce déterminante dont la présence en France est pour l’essentiel limitée à de vieux boisements de chênes lièges, dont la larve se nourrit du bois sénescent ou mort, en Corse et dans le Var siliceux, le Lepture à deux taches (Nustera distigma), espèce déterminante à larve saproxylique, d'affinité ouest-méditerranéenne à aire morcelée, dont les collines du Var rassemblent la principale population française, ainsi que le Lepture à trois marques (Stictoleptura trisignata), espèce remarquable endémique du sud-ouest de l'Europe, présente en France uniquement dans les forêts de feuillus méditerranéennes où sa larve vit dans le bois mort des arbres vivants mais aussi Pidonia lurida, espèce remarquable dont la larve vit dans les racines des feuillus et conifères de montagne et l'adulte est floricole, localisée en PACA principalement dans les Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence. Notons également deux Charançons (Curculionidés) Homorhythmus schöenheri, espèce endémique de la partie littorale des départements du Var et des Alpes Maritimes et Raymondionymus fossor, espèce déterminante de Curculionidés, très rare et endémique du Var et des Alpes Maritimes.

Parmi les diptères, figurent tout particulièrement Pericoma segregata, espèce déterminante endémique des sources isolées du massif de l’Esterel et Thornburghiella quezeli, espèce présente au Maghreb et localisée en France aux Maures et à l’Esterel, liée aux substrats métamorphiques, semblant en régression aujourd’hui.

Chez les Lépidoptères figurent notamment la Thécla de l'arbousier (Callophrys avis), espèce déterminante de Lycénidés d'affinité ouest méditerranéenne liée aux maquis et garrigues à Arbousier, son unique plante-hôte, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce déterminante de Lépidoptères rhopalocères (« papillons de jour »), d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles et dont la chenille vit sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), , la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1300 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m, l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce remarquable à aire de distribution morcelée, inféodé aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum) et la Nonagrie des marais (Archanara geminipunctata), espèce paludicole remarquable présente un peu partout en France mais plus localisée dans le Sud dont la chenille endophyte vit dans les tiges de Phragmites australis.

Les neuroptères (fourmilions et ascalaphes) sont représentés par trois espèces, l’Ascalaphon du midi (Deleproctophylla dusmeti), espèce déterminante qui chasse ses proies en vol, le Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches et l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus) insecte remarquable qui affectionne les surfaces ouvertes avec une strate herbacée dense.

Les hémiptères sont notamment représentés par la Cochenille du Kermès (Kermes vermilio), espèce déterminante de Kermésidés, d’affinité méditerranéenne, provoquant des galles de couleur rouge écarlate sur le Chêne kermès, et par la Punaise Nabis mediterraneus, espèce ouest méditerranéenne déterminante de Nabidés, sciaphile et mésoxérophile, liée à la végétation herbacé, strictement localisée à la Péninsule ibérique et en France aux Alpes Maritimes, aux Alpes de Haute Provence et au Var (Esterel et Sainte Baume).

Citons également la présence de la Cigale argentée (Tettigetta argentata), espèce remarquable d'affinité méditerranéenne qui recherche les milieux arides parsemés d'arbustes et de l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable et protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes.

Enfin, les autres Arthropodes de l’Esterel comprennent les Cloportes (Crustacés Isopodes) Tiroloscia esterelana, endémique des châtaigneraies, suberaies et yeuseraies des Maures et de l’Esterel, et Trichoniscus fragilis, espèce halophile remarquable des bords de mer, ainsi que, pour les Arachnides, le Scorpion jaune languedocien (Buthus occitanus), espèce méditerranéenne remarquable d’Arachnides Buthidés, relativement localisée, liée aux endroits rocailleux, ouverts, secs, chauds et ensoleillés (espèce dite « xéro thermophile »).

Chez les mollusques, citons enfin l’Escargot Urticicola suberinus, espèce remarquable de Gastéropodes appartenant à la famille des Hygromiidés, décrite en 1882 puis redécouverte récemment dans les environs de Collobrières après être complètement tombée dans l’oubli, reconnue comme espèce bien caractérisée et endémique des subéraies des Maures et de l’Esterel, cette espèce étant très dépendante des feuilles de chêne liège dont elle se nourrit.

Commentaires sur la délimitation

La carte écologique de Cannes de Barbero et Loisel ainsi que l’ancien inventaire ZNIEFF sont les deux documents principaux qui ont servi à la délimitation de la zone. Après avoir englobé la zone littorale jusqu’à Anthéor, la ZNIEFF s’insinue profondément au cœur des communes de Fréjus et Saint Raphaël de façon à prendre en compte les ripisylves et les plaines alluviales. La RN 7 matérialise la limite ouest du zonage.
La portion orientale du massif de l’Estérel, inclue l’ancien massif volcanique de Maure Vieille, réputé pour ses formes de relief et ces couleurs. Dans cette partie, toute la zone littorale a été exclue compte tenu du degré d’artificialisation qu’elle présente, à l’exception du parc départemental de la Pointe de l’Aiguille à la Pointe Saint-Marc.