Description de la zone
Sur les marges orientales du bassin de Carpentras, une longue et étroite échine d’altitude réduite (300 400 m environ) et à très fort pendage sur son versant oriental, s’étire sur une dizaine de km, de Crillon le Brave à Méthamis. Dans sa partie centrale, deux sites marquent le paysage : les escarpements qui vont de Limon à l’ancienne Platrière de Mormoiron et le Vallat de Canadel avec son prolongement au sud est du village de Blauvac. Cette zone se caractérise par une alternance de bancs de gypse dans un contexte dolomitique avec argiles magnésiennes néoformées et argiles vertes d’origine détritique. Ce faciès continental (évaporites) date de l’Oligocène inférieur (Ludien). Tout ce versant oriental est constitué de sols bruns calcaires très argileux qui s’érodent facilement, notamment lorsqu’ils sont gorgés d’eau, d’où la fréquence des phénomènes de solifluxion et de reptation. L’exploitation du gypse s’effectue encore, à l’heure actuelle, dans une seule très grande carrière située non loin de la zone.
Même si ce secteur est situé globalement dans l’étage mésoméditerranéen, on y observe des formations affines de l’étage supraméditerranéen. En revanche, dans les fonds de vallons, le sol est plus profond et la végétation a pu s’installer. Les groupements forestiers originels, chênaie verte ou chênaie pubescente couvrent des surfaces très limitées. Certains fonds de vallons hébergent de belles formations de peuplier blanc, mais l’essentiel est occupé par des pelouses ou des landes lorsque la pente le permet.
Flore et habitats naturels
Ici, les espèces sont étroitement liées à la nature du substrat et ont dû de plus s’adapter à la morphologie des lieux. C’est ainsi que dans les escarpements et leurs piémonts, les espèces toujours rares développent un système racinaire très puissant qui s’étire dans le sol en cherchant à s’ancrer dans ces terrains très plastiques. En dehors de quelques ripisylves méditerranéennes du Populetum albae qui se localisent dans les fonds de vallons (Vallat du Canadel surtout), ce sont les pelouses riches en chaméphytes qui couvrent l’essentiel de l’espace. Elles sont installées sur des sols très compacts et qui maintiennent l’humidité longtemps. On peut y rencontrer, dans le Vallat du Canadel (au nord est du village de Blauvac) Euphorbia graminifolia (euphorbe à feuilles de graminée), endémique provenço dauphinoise qui couvre de vastes surfaces. Plus au nord, et à l’ouest de Mormoiron, Ophrys saratoi (ophrys de la Drôme), endémique provenço dauphinoise (entre Saint Alban et le Mourre de la Ville) occupe le même type de formation. C’est également ici que s’observe une des très rares populations du Brassica elongata subsp. integrifolia.
Faune
Cette zone présente un cortège faunistique d’un intérêt patrimonial assez élevé. Il comporte 17 espèces animales patrimoniales, dont 3 sont déterminantes.
L’intérêt du site est surtout mammalogique (Grand Rhinolophe, Petit Rhinolophe, Vespertilion à oreilles échancrées, Cerf élaphe), ornithologique (nidification du Circaète Jean le blanc, de l’Autour des palombes, du Faucon hobereau, du Petit duc scops, du Grand duc d’Europe, du Guêpier d’Europe, de la Huppe fasciée, du Pic épeichette, du Cochevis huppé, du Monticole bleu et du Bruant proyer), herpétologique (présence du Pélobate cultripède et du Pélodyte ponctué).
Aucune espèce d’arthropode d’intérêt patrimonial n’a été observée. Notons la présence d’une espèce inscrite à l’annexe 2 de la directive Habitats, toutefois commune au niveau régional, le Lucane cerf volant (Lucanus cervus).
Répartition et agencement des habitats : les boisements et les pelouses occupent la totalité de cette zone, permettant ainsi de définir les contours de cette ZNIEFF.
Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les milieux plus fermés.
Le contexte géologique conforte la définition du pourtour de la zone puisque sa fonctionnalité s’appuie essentiellement sur des affleurement de gypses ou d’argiles.
Presque toujours, les secteurs agricoles ont été exclus de la zone (à l’exception de quelques très rares agrosystèmes), comme d’ailleurs les carrières encore en exploitation.