ZNIEFF 930020480
LA BASSE DURANCE DES ISCLES DE CHEVAL-BLANC

(n° régional : 84123133)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre la digue de Redortié en amont, et la décharge communale de Cheval Blanc en aval, la vallée de la Durance a été profondément transformée par les travaux du TGV Méditerranée. La construction de ce très important ouvrage a entraîné le fractionnement de l’espace naturel qui comporte encore tous les éléments qui structurent la végétation d’un cours d’eau méditerranéen. Le site, qui est bordé par des vergers à l’abandon vers l’aval, est coupé   parallèlement à la digue principale   par une saignée occupée par une petite route. Cependant, les milieux conservés en bordure du lit mineur et de part et d’autre de la coupure principale offrent encore une grande richesse floristique à la faveur de la juxtaposition d’habitats différents. Une grande partie du secteur est particulièrement marquée par les influences du climat méditerranéen. La ripisylve très ouverte sur un sol sec limono sableux est dominée par le peuplier noir qui ne dépasse pas le stade arbustif, mais le tamarix y renforce sa présence. Les formations dunaires fluviatiles s’étendent au centre de la zone sur des poches sableuses mais ont tendance à être envahies par des herbacées très dynamiques. Autour de la décharge communale de Cheval Blanc, et vers l’intérieur du lit majeur au niveau de la digue de Redortié, persistent encore quelques étendues d’une forêt galerie méditerranéenne mature. Elle surplombe les plages de galets s’étirant entre les chenaux de la Durance. Entre ces deux milieux, une mare abrite une belle roselière au sud de la digue ainsi qu’au débouché du ruisseau issu de l’étang de Redortié.

Flore et habitats naturels

Dans cet espace très perturbé, la flore méditerranéenne devient omniprésente et les derniers éléments médio européens ont quasiment disparu. C’est sur les grèves humides de galets et de sables de ce site qu’a été découverte par L. Zeltner, il y a plusieurs dizaines d’années, Centaurium favargeri (petite centaurée de Favarger), espèce endémique française qui n’a jamais été confirmée à Cheval Blanc. Elle a été revue pour la dernière fois sur le cours de la Durance juste en aval du barrage de Serre-Ponçon dans les années 1990 et a peut-être disparu du territoire national. Les rares lônes qui sont très vite exondées sont souvent colonisées, à la fin de l’été, par une formation nitratophile à petites cypéracées, le Nanocyperion. Sur le lit majeur, ce sont les dunes fluviatiles fossiles qui marquent le paysage par leur étendue et leur composition floristique dominée par les graminées et les orchidées. C’est le domaine de la formation à Tripidium ravennae (canne de Ravenne) et à Imperata cylindrica (imperate cylindrique), particulièrement bien représentée dans le secteur de la digue de Redortié en compagnie d’Anacamptis  fragrans (orchis parfumé).

Faune

Ce tronçon de Durance a un intérêt faunistique assez élevé avec 18 espèces animales patrimoniales présentes dont cinq sont déterminantes.

Chez les mammifères, on notera la présence du Castor d’Europe (Castor fiber) ainsi que de la Loutre (Lutra lutra), observée en 2014. La présence de cette espèce est avérée en basse Durance et son aire de répartition tend à évoluer positivement.

L’avifaune nicheuse locale est composée de deux espèces déterminantes : la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) et le Rollier d’Europe (Coracias garrulus). Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta), le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), le Cochevis huppé (Galerida cristata), le Petit gravelot (Charadrius dubius), le Martin pêcheur (Alcedo atthis), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), la Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) et l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia).

L’ichtyofaune du site est composé de plusieurs espèces remarquables: le Blageon (Telestes souffia), le Toxostome (Parachondrostoma toxostoma), le Barbeau méridional (Barbus meridionalis).

Les reptiles sont représentés par la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

L’entomofaune patrimoniale est représentée par un hétérocère : le  Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante protégée en Europe, de mœurs crépusculaires et nocturnes, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'argousiers, rare et probablement en régression. Le bassin de la Durance représente un bastion en France pour cette espèce.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’espace durancien.

Les sites les plus dégradés ainsi que les cultures ont été exclus de la ZNIEFF.