ZNIEFF 930020485
LA BASSE DURANCE

(n° régional : 84123100)

Commentaires généraux

Description de la zone

La Durance, rivière longue de plus de 300 kilomètres, prend sa source au col du Montgenèvre, à l'est de Briançon, à 2 300 m d'altitude et se jette dans le Rhône à la hauteur d'Avignon, à 13 m d'altitude. Cours d’eau le plus important de la région méditerranéenne française, il est provençal sur environ 100 km. Entre l’usine électrique de Beaumont de Pertuis et les Rochers Rouges, l’apport du Verdon en fait encore une rivière à très fortes affinités montagnardes. En revanche, à l’aval du défilé de Mirabeau, ces influences, bien que toujours présentes, se réduisent et l’élément méditerranéen y prend de plus en plus d’importance. C’est d’ailleurs à ce niveau-là que le tracé de son cours s’infléchit pour prendre une orientation nettement est ouest.

La Durance, rivière en tresse de type alpin, possède un régime torrentiel excessif avec un débit de 35 m3/s en période d’étiage contre 5 000 à 6 000 m3/s lors des plus fortes crues. Elle avait autrefois un lit large parfois de plus d'un kilomètre, dans lequel elle déplaçait régulièrement son cours, déterminant des lônes et isolant des iscles, zones caillouteuses ou sableuses régulièrement inondées. Les berges fluctuaient, colonisées plus ou moins rapidement par la végétation. Les torrents et les ruisseaux se jetant dans la Durance, créaient un réseau de canaux et de fossés s'ajoutant encore à la diversité des milieux aquatiques.

Extrêmement redoutées, ses crues soudaines et violentes, représentaient néanmoins une source de richesse d'une part pour la pêche et la chasse, grâce à la quantité de poissons et de gibiers qu'elles engendraient et d'autre part, pour l'agriculture, par les limons qu'elles charriaient et qui, venant des Alpes, fertilisaient les basses terres.

Elle a pendant des siècles constitué un danger pour l’homme et ses biens. Et certains auteurs, parmi les plus célèbres, en ont parlé en des propos peu amènes. Déjà, à l’époque romaine, Pline la méprisait beaucoup : « La Durance inconstante, sans borne, sans lit et sans retenue » ! Et beaucoup plus tard, F. Mistral ne lui était guère plus favorable : « Le mistral, le Parlement et la Durance sont les trois fléaux de la Provence. »

Mais depuis, la terrible Durance aux crues dévastatrices a fait l’objet d’un ensemble d’aménagements, commencés dès le XVe siècle, poursuivis au XIXe siècle avec l’avènement du chemin de fer et achevés au XXe par la construction d’infrastructures hydroélectriques (la construction du premier barrage de Serre-Ponçon date de 1959 suivie plus tard par celle de sept autres barrages) et d’un réseau dense de canaux artificiels à des fins agricoles et industrielles. D'autres agressions ont eu lieu dans son lit même, où les terres agricoles ont peu à peu grignoté les espaces naturels inondables. D'importants travaux d'endiguements ont eu pour conséquence l'assèchement des zones marécageuses et le défrichement des iscles. Le développement du tourisme et l'emprise de nouvelles voies de communication ont également provoqué de profondes perturbations dans le fonctionnement écologique de cette rivière. Enfin l'exploitation de gravières gagne sur la forêt riveraine et induit une pression importante en agissant sur la hauteur de la nappe phréatique. Aussi, la majeure partie des milieux naturels originels a disparu.

Mais malgré tous ces bouleversements, l’espace durancien offre toujours une très grande biodiversité de biotopes et d’espèces et constitue une zone d’intérêt considérable sur le plan écologique.

Cette biodiversité s’inscrit dans une structuration transversale de la végétation qui s’organise selon un gradient hydrique décroissant entre les eaux plus superficielles du lit mineur et le système hydrique des nappes souterraines du lit majeur. C’est ainsi que l’espace durancien permet d’individualiser :

- des groupements aquatiques d’eaux courantes ou stagnantes (lônes, mares, étangs, etc.) qui offrent une grande diversité spécifique d’hydrophytes. Ces peuplements s’étendent à l’ensemble de la Durance. Ils se développent généralement à la pointe amont des bancs de sable et des iscles issus de la division du cours d’eau ;

- des groupements à hélophytes. Ce sont des milieux très fertiles qui permettent une croissance rapide de la végétation. Ce type de formation est observé en de nombreux points tout le long de la basse Durance ;

- des groupements pionniers terrestres qui comportent des groupements herbacés, arbustifs et arborescents. Les groupements herbacés colonisent le lit moyen, étendue de galets et de sable généralement surélevée par rapport au cours d’eau et donc sèche. Ils sont constitués de plantes annuelles et bisannuelles, aux racines puissantes qui permettent la fixation du sol. Les groupements pionniers arbustifs sont étroitement associés aux précédents car ils colonisent les sols limoneux ou sableux parsemés de galets et consolidés par les groupements herbacés. Il s’agit de saussaies basses à saule pourpre, à saule drapé et à saule à trois étamines auxquelles s’ajoutent de jeunes pousses de peuplier noir. Ces saussaies se rencontrent tout au long du cours d’eau en bandes étroites le long des berges ou en taches disséminées. La zone d’atterrissement du bassin de Mallemort héberge, sur des substrats très fins (limono argileux) des groupements à saule cendré et à saule blanc venant enrichir la biodiversité de la Durance. Exerçant un rôle majeur dans la fixation des berges, ces groupements possèdent une qualité biologique intéressante. Le lit majeur est le domaine de la forêt riveraine, essentiellement pionnière à peuplier noir et peuplier blanc. Si la succession des crues ne permet pas à des stades matures de s’installer durablement, des éléments de cette forêt existent néanmoins, dans les sites les plus protégés avec aulne blanc, frêne oxyphylle et parfois même chêne pubescent. Le platane semble s’y installer et constitue, localement, des peuplements significatifs. Sur le cours aval, au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’embouchure, la ripisylve évolue vers une formation plus thermophile dans laquelle le tamarix apparaît ;

- des groupements herbacés caractéristiques des « dunes fluviatiles fossiles », les iscles à Canne de Ravenne. Ils sont situés en retrait des autres formations, et dominent d’un à deux mètres les plages de galets et de sable du lit central. Ils s’étendent sur pratiquement l’ensemble du cours de la basse Durance, mais ils sont très rares sur les rives des autres systèmes fluviaux méditerranéens.

 

Flore et habitats naturels

En Provence, où le paysage est surtout marqué par une végétation à feuillage persistant, la grande coupure de la vallée durancienne apporte un élément de diversification important avec ses formations caducifoliées. Située sur un carrefour biogéographique, dans lequel les éléments montagnard et médio européen viennent côtoyer l’élément méditerranéen, y compris dans ses aspects les plus xérothermophiles, la basse Durance possède une exceptionnelle biodiversité d’espèces et d’habitats. Mais l’espace durancien, labile par excellence, possède sa propre dynamique à l’intérieur d’un vaste ensemble dans lequel cette biodiversité évolue sans cesse dans l’espace et dans le temps. Et c’est ainsi qu’espèces et habitats apparaissent ou disparaissent au gré de la succession des évènements qui marquent son cours.

Les formations à hydrophytes, surtout bien conservées à l’intérieur des lônes qui sont toujours en état de fonctionner, se caractérisent par la présence régulière de Zannichellia palustris (zannichellie des marais). À la fin de l’été, l’exondation laisse souvent la place à de petites plages de sable ou de limon, sur lesquelles apparaît la formation nitratophile à petites cypéracées du Nanocyperion. Elles peuvent rester longtemps sans s’exprimer, mais dès que les conditions deviennent plus favorables, c’est l’explosion de la vie. La Durance, entre ses nombreux chenaux et sur ses rives laisse souvent apparaître des grèves très étendues. Formées généralement de galets roulés mêlés à des plages de sable ou de limon, elles sont envahies par des herbacées et par quelques arbustives plus ou moins hygrophiles. C’est là qu’ont été ou sont encore observées trois espèces parmi les plus rares de la flore de France comme Centaurium favargeri (petite centaurée de Favarger), espèce endémique française qui a presque disparu du territoire national. Observée pour la première fois à Cheval Blanc, elle a été par la suite revue ailleurs, sur le cours de la Durance, mais les crues de la dernière décennie semblent l’avoir fait disparaître. Elle se trouvait souvent en compagnie de Polygala exilis (polygale grêle) qui survit près de la Barthelasse à Mérindol. À côté de ces deux espèces, les grèves de la Durance offrent encore la présence, sur des loupes de sable de Corispermum gallicum (corisperme de France). Sa présence est toujours fugace, mais on la retrouve régulièrement, jamais dans les mêmes localités. En basse Durance, après avoir existé il y a une vingtaine d’années près de Caumont sur Durance à Bonpas et au Grand Islon, elle a été détectée récemment à Mirabeau aux Iscles d’où elle a déjà disparu. En revanche, elle vient d’être retrouvée près de Manosque. C’est encore sur ces mêmes milieux qu’avait été découverte, il y a cinquante ans environ, Trisetum loeflingianum (trisète de Loefling). C’était la seule localité française pour cette espèce, surement accidentelle, qui a probablement disparu dans les travaux de construction du barrage de Jouques. Les grèves hébergent encore, près d’Avignon, Bromus japonicus (brome du Japon) ou encore Ranunculus sceleratus (renoncule scélérate) près de Bonpas. Entre les formations aquatiques et les formations terrestres, les berges et pieds de berges sont habituellement colonisées par un important contingent d’hélophytes. Les espèces médio européennes y trouvent là leurs localités les plus méridionales. Tel est le cas de Carex pseudocyperus (laîche faux souchet) observé à Pertuis, près du pont de Mallemort et à la Barthelasse à Mérindol, ou encore de Leersia oryzoides (leersie faux riz), qui, présente régulièrement sur le cours du Rhône, remonte peu sur la Durance (à Avignon, près de Saint Gabriel). En revanche, certaines espèces méditerranéennes, comme Carex hispida (laîche hispide) ou encore Juncus fontanesii (jonc de Desfontaine) à Gourre d’Aure à Pertuis et à la digue de la Garde à Villelaure y sont pratiquement en limite septentrionale de leur aire de répartition. Située dans les sites les plus abrités des lônes, Typha minima (petite massette) y trouve encore quelques-unes de ses plus belles populations à Cadenet et à Villelaure (digue de la Garde). Cette espèce, qui est considérée comme en voie de raréfaction sur l’ensemble de son aire de répartition, est localisée en France à quelques affluents rive gauche du Rhône. En revanche, Thalictrum lucidum (pigamon luisant) citée à Mirabeau dans les années 1950 n’a jamais été confirmée.

En arrière de la berge, la forêt riveraine, qui est rarement dense, ménage de larges espaces ouverts, les iscles, sur lesquelles s’expriment la formation à Erianthus ravennae (canne de Ravenne) et Imperata cylindrica (impérate cylindrique) qui est une constante de la Durance, puisqu’on la rencontre sur tout le cours. Ce sont les milieux les plus xérothermophiles de l’espace durancien car ils sont assez déconnectés de la nappe phréatique. On y rencontre une flore des plus inattendues qui exprime toute l’aridité de ces sites (surtout en période estivale). On peut en particulier y observer des pelouses à orchidées avec entre autres Anacamptis coriophora subsp. fragrans (orchis punaise, parfumé) à Cheval Blanc (des Iscles à la digue de Redortier) et à Mérindol (la Barthelasse) mais aussi Pheum paniculatum (phléole paniculées) aux Iscles de Beaumont de Pertuis ou encore Clematis recta (clématite dressée) dans le même secteur.

En revanche, Satureja hortensis (sarriette des jardins) observée au XIXe siècle par M. Palun à Avignon n’a jamais été confirmée.

 

Faune

La Durance est cours d’eau qui est doté d’un patrimoine faunistique exceptionnel puisque plus de quatre-vingt espèces animales patrimoniales, dont 26 sont déterminantes, ont été recensées dans cette zone.

L’intérêt ornithologique du site est considérable tant en ce qui concerne l’avifaune hivernante et migratrice de passage, car la Durance est l’un des axes importants de migration à l’échelle de la région Provence Alpes Côte d’Azur, que l’avifaune nicheuse. Cette dernière est représentée par un cortège d’espèces extrêmement riche et diversifié comportant à la fois des espèces forestières, inféodées aux formations boisées y compris les ripisylves et généralement d’affinité médio européenne, des espèces de milieux ouverts, propres aux cultures, friches et pelouses situées en bordure de cours d’eau et souvent d’affinité steppique méditerranéenne, et enfin des espèces pour la plupart aquatiques ou paludicoles, liées au lit de la Durance, à ses berges, à ses roselières et au milieu aquatique lui-même, qui sont plutôt d’affinité médio européenne, ainsi qu’une espèce rupicole (le Grand-duc d’Europe).

Les premières comprennent notamment l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus, nicheur très occasionnel), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), le Gobemouche gris (Muscicapa striata). Les secondes correspondent à l’Œdicnème criard (Burhinus oedicnemus), à la Chouette Chevêche (Athene noctua), au Petit duc scops (Otus scops), au Guêpier d’Europe (Merops apiaster), à la Huppe fasciée (Upupa epops), à l’Alouette calandre (Melanocorypha calandra), au Pipit rousseline (Anthus campestris), à l’Alouette lulu (Lullula arborea), à l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), au Rollier d’Europe (Coracias garrulus), au Cochevis huppé (Galerida cristata), au Bruant proyer (Emberiza calandra) et au Bruant fou (Emberiza cia). Les troisièmes comportent des espèces telles que le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta), le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), la Sarcelle d’été (Anas querquedula), la Nette rousse (Netta rufina), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Petit Gravelot (Charadrius dubius), le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), la Sterne naine (Sternula albifrons), la Marouette ponctuée (Porzana porzana, nicheuse possible occasionnelle), le Fuligule milouin (Aythya ferina), le Fuligule morillon (Aythya fuligula), le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) et la Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus).

Les mammifères sont représentés en majorité par les Chiroptères, dont cinq sont déterminants, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce localisée et peu fréquente, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce bien représentée en PACA, mais dont la population régionale est répartie sur très peu de sites et ayant subi un déclin important suite à une épidémie. Le Petit Murin (Myotis blythii), espèce d’affinité méditerranéenne et le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune, mais localement en régression y sont aussi observés. Enfin, le Castor d’Europe (Castor fiber), y est abondant et le retour de la Loutre (Lutra lutra) récent (2012). Les espèces remarquables observées sont la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière relativement fréquente et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce d’affinité méditerranéenne dont très peu de colonies sont connues en PACA.

L’herpétofaune patrimoniale de la Durance est représentée par une espèce déterminante : le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes), et par six espèces remarquables : la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), seule population fonctionnelle présente sur la Durance (au niveau de la Roque d’Anthéron), le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), le Triton palmé (Lissotriton helveticus), le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

L’ichtyofaune héberge nombre d’espèces dignes d’intérêt comme la Bouvière (Rhodeus amarus), le Blageon (Telestes souffia), le Toxostome (Parachondrostoma toxostoma), le Barbeau méridional (Barbus meridionalis) ou encore l’Anguille européenne (Aguilla anguilla).

L’entomofaune patrimoniale est représentée par un cortège de fort intérêt d’espèces spécialisées sur des habitats peu fréquents formés par la dynamique alluviale. Cet éco complexe durancien représente une zone refuge importante pour le maintien de nombreuses espèces d’insectes de la Basse Provence calcaire.

Les coléoptères se distinguent par la présence de la Cicindèle des rivières (Cylindera arenaria), espèce déterminante rare et en régression, strictement liée aux plages humides de gravier, de limon ou de sable dans le lit mineur des rivières en tresses, le Dorcatype triste (Herophila tristis), espèce remarquable de Cerambycidae aptère, polyphage dans le bois mort humide de diverses essences, à répartition nord-méditerranéenne, peu abondante en France où la région PACA abrite la majorité de ses effectifs connus et le Lamie tisserand (Lamia textor), espèce remarquable aptère liée aux zones humides où elle se développe dans les vieux peupliers et saules, à répartition large mais morcelée du fait de sa faible capacité de déplacement et de la destruction de son habitat,

Parmi les odonates (libellules et demoiselles) signalons la présence de l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce déterminante d’affinité ouest méditerranéenne, liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable et protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable, protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres rivulaires des cours d’eau de plaine et certains lacs bordés par la ripisylve, le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable et globalement peu commune qui affectionne les canaux et cours d'eau intermittents, et dont le bassin de la Durance représente un bastion. Les milieux stagnants d’origine artificielle sont également colonisés par l’Agrion joli (Coenagrion pulchellum), espèce remarquable d’odonate en régression.

Les orthoptères se distinguent par la présence du Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante rare et en régression, strictement liée en région PACA aux rives des cours d'eau dynamiques, la Courtilière provençale (Gryllotalpa septemdecimchromosomica), rare espèce déterminante qui peuple certains milieux marécageux en zone méditerranéenne, et le Criquet tricolore (Paracinema tricolor bisignata), espèce remarquable peu commune et localisée, des marais et prairies très humides en zone méditerranéenne. Les neuroptères sont représentés par l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus), espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne qui affectionne les milieux très ouverts avec une strate herbacée dense.

Citons plusieurs espèces de lépidoptères, le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante d’hétérocères crépusculaire et nocturne, protégée en Europe, rare et probablement en régression, inféodée aux berges de cours d'eau ou ravines peuplées d'argousiers, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France, l'Hespérie de la ballote (Muschampia baeticus), espèce déterminante d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches, surfaces pâturées ou remaniées où croît sa plante hôte préférentielle Marrubium vulgare, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce remarquable méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée aux ripisylves claires et prairies humides où croît sa plante hôte l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda), et la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés. 

Enfin, les Mollusques Gastéropodes sont notamment représentés par Moitessieria (Moitessieria) locardi, espèce de Moitessieriidés, endémique français des départements du Alpes Maritimes, du Var, du Vaucluse (connue de deux stations seulement) et du Gard et l'Aiguillette ventrue (Cecilioides veneta), espèce remarquable à distribution ponto-méditerranéenne qui possède la particularité d'être aveugle, ses milieux de vie étant les sols rocailleux calcaires et les vieux murets.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre la bande active et le corridor végétal.

Les limites externes de la ZNIEFF correspondent aux zones cultivées, au passage vers une autre unité fonctionnelle (cas au sud-est du massif du Saint-Sépulcre), à des zones anthropisées (mitage, etc.), trop dégradées (sur le site du tracé TGV en particulier) ou artificialisées (digues, etc.).

Cette démarche se justifie également par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les sites plus fermés.

Interaction entre les écosystèmes aquatiques et terrestres : la ripisylve est un lieu de refuge pour l’avifaune venant s’alimenter sur les plans d’eau ou sur le cours d’eau.