ZNIEFF 930020493
LE LOUP

(n° régional : 06108100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Cours d’eau salmonicole, le Loup est une rivière à la fois de 1ère catégorie et 2ème catégorie. Fleuve côtier long de 48 km (124 km avec ses affluents), il prend sa source vers 1 240 m d’altitude, au pied du massif de l’Audibergue, sur la commune d’Andon. Sa surface en eau couvre 28,5 hectares. Issu de massifs karstiques, le Loup s’écoule essentiellement sur un substrat calcaire (calcaires et dolomies jurassiques et crétacés, argiles et évaporites du trias, gypse, marnes, sables et conglomérats), souvent au fond de gorges très encaissées, entre des falaises aux parois verticales très abruptes et riches en grottes, d’où l’intérêt chiroptérologique particulier de ce cours d’eau. Le cours du Loup possède quelques cascades naturelles infranchissables. Il est bordé de belles formations de ripisylves à Peuplier blanc, Peuplier noir, Saules et Frênes. Son bassin versant occupe une superficie de 283 km2. Son débit reste soutenu malgré plusieurs captages au niveau de ses sources principales, des forages en nappe sur les rives du fleuve et des prélèvements importants effectués sur son cours pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable, ce qui induit fréquemment des étiages estivaux sévères et même des assecs périodiques, des étiages hivernaux, une diminution de la capacité d’auto-épuration du cours d’eau, ainsi qu’un réchauffement des eaux. Les eaux du Loup présentent un pH alcalin compris entre 8 et 8,6. Elles sont bien minéralisées et riches en calcium (Ca2+). Le taux de saturation en oxygène dissous (O2) est satisfaisant pour l’ensemble de la rivière. Les taux en matières azotées et en nitrates (NO3 ) demeurent faibles ou très faibles.

Les pollutions d’origine organique semblent faibles, les taux en matières phosphorées étant en général faibles ou très faibles sauf sur un secteur sensible bien localisé vers l’amont, à proximité d’Andon (problème des effluents de la station d’épuration d’Andon), et dans une bien moindre mesure (faible perturbation) sur un autre secteur situé plus en aval (problème des effluents de la station d’épuration de Bar sur Loup). Bien que bonne à excellente (classée essentiellement 1A, parfois 1B), la qualité physico chimique des eaux du Loup souffre quand même des effluents des stations d’épuration ainsi que des rejets que produisent certaines usines de transformation, en particulier dans sa partie aval, d’où une légère eutrophisation avec un développement algal, et une altération de la qualité physico chimique des eaux du Loup : ces impacts restent cependant limités. Sur le plan hydrobiologique, la densité des invertébrés benthiques est souvent élevée, les indices IBGN classent le plus souvent cette rivière en catégorie « bonne qualité » à l’aval ou « très bonne qualité » en amont : le Loup fait ainsi partie des cours d’eau caractérisés par une forte aptitude biogène et ayant une faune aquatique abondante et plus variée que celle habituellement observée dans les autres cours d’eau du département des Alpes Maritimes. Le cours du Loup a connu divers aménagements (recalibrage, curage, enrochement, chenalisation). On note également une surfréquentation importante du cours du Loup (baignade, randonnée aquatique, canoë kayak). Enfin, plusieurs dépôts et décharges sauvages sont signalés le long du cours d’eau.

Flore et habitats naturels

Les ripisylves sont encore bien développées le long du cours inférieur du Loup, malgré une anthropisation importante. Quelques lambeaux de peupleraie blanche alluviale (Populion albae) sont à signaler, ainsi que la présence de l’ostryaie ripicole à Mélique à une fleur (Melico uniflorae Ostryetum carpinifoliae), bordée par son ourlet à Consoude bulbeuse (Symphytum bulbosum) du Lamio maculati Symphytetum bulbosi). Certains secteurs abritent de beaux taillis de Laurier noble (Laurus nobilis), voire un véritable matorral arborescent à Laurier (Fraxino orni Lauretum nobilis). Les berges du cours moyen et supérieur sont colonisées ponctuellement par des mégaphorbiaies du Convolvulion sepium, des prairies humides méditerranéennes à Molinie bleue (Molinia caerulea subsp. arundinacea) du Molinio arundinaceae Holoschoenion vulgaris, hébergeant l’ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum). Dans les gorges, des formations de tuf (Cratoneurion commutati) sont parfois présentes en bas de versant et pie de falaise surplombant la rivière. Les basses gorges du Loup abritent la rare hépatique à feuilles Marchesinia mackaii, de répartition méditerranéo atlantique, qui se développe sur les rochers calcaires secs en bordure de rivière dans des stations sous climat méditerranéen à hygrométrie élevée.

Faune

Ce cours d’eau présente globalement un intérêt faunistique élevé. On y dénombre pour le règne animal 32 taxons d’intérêt patrimonial dont dix sont déterminants.

Le peuplement chiroptérologique du site mérite toute notre attention avec la présence des espèces suivantes: le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante  et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii), espèce déterminante rare d’affinité méditerranéenne, s’alimentant essentiellement dans les formations de ripisylves (le Loup étant la rivière française la plus orientale qui abrite cette espèce), le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole déterminante , commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce grégaire remarquable, menacée, en régression partout en France y compris dans notre région, d’affinité méditerranéenne et typiquement cavernicole et troglophile, recherchant les grottes et les cavernes proches d’endroits dégagés, les paysages karstiques riches en falaises avec cavités, jusqu’à 2 000 m d’altitude, la Vespère de Savi (Hypsugo savii) et la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii).

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale est représentée par quelques espèces remarquables : le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), deux espèces occupant les secteurs forestiers, le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), espèce peu fréquente liée au milieu aquatique, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio) occupant les terrasses ouvertes parsemées de bosquets arbustifs.

Le site abrite une espèce remarquable de serpent, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les poissons d’eau douce sont notamment représentés par l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla), espèce déterminante et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Les peuplements d’arthropodes sont diversifiés et se caractérisent par la présence d’espèces rares voire endémiques.

Ils sont représentés par une espèce remarque de crustacés décapodes, l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce en régression, devenue rare et localisée dans la région et strictement inféodée aux eaux courantes fraiches et non polluées

Parmi les insectes, citons la punaise Nabis mediterraneus, espèce ouest méditerranéenne déterminante de Nabidés, sciaphile et mésoxérophile, liée à la végétation herbacé, strictement localisée à la Péninsule ibérique et en France aux Alpes-Maritimes, aux Alpes-de-Haute-Provence et au Var (Esterel et Sainte-Baume), le coléoptère Laemostenus obtusus, espèce déterminante de carabique cavernicole et troglophile, endémique franco italienne, en limite d’aire, strictement localisée en France aux départements des Alpes-de-Haute Provence et des Alpes Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités et, le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), orthoptère cavernicole endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides et trois lépidoptères diurnes, la Zygène du peucédan (Zygaena cynarae), espèce déterminante, rare et localisée, en populations dispersées, qui fréquente les pelouses en lisière, les clairières et boisements clairs où croît sa plante hôte Cervaria rivini, représentée ici par la sous espèce vallettensis, endémique des Alpes Maritimes et en voie de disparition dans la zone naturelle considérée, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce remarquable d’affinité méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, inféodée à des aristoloches, dont localement Aristolochia pistolochia dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1300 m d’altitude, et l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.

Enfin, les mollusques gastéropodes présentent un grand intérêt, représentés par sept espèces patrimoniales, la Pagoduline élancée (Argna ferrarii), espèce déterminante rare et exclusivement répandue en France dans les Alpes-Maritimes mais présente aussi en Espagne et en Italie, se rencontrant dans les bois humides et parmi les rochers, le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot remarquable localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs, le Cochlostome du Verdon (Cochlostoma macei), espèce remarquable rare et localisée, d’affinité méditerranéenne, endémique des départements du Var, des Alpes Maritimes et des Alpes-de-Haute Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, l’Aiguillette de Grasse (Renea moutonii moutonii), sous espèce remarquable d’Aciculidés, rare et vulnérable, endémique provençale des départements du Var et des Alpes Maritimes, protégée en France, habitant la litière des forêts et les rochers, l’Aiguillette du Loup (Renea moutonii singularis), sous espèce remarquable et protégée en France, rare et vulnérable, endémique des Alpes Maritimes, recensée dans deux stations seulement et habitant la litière des forêts et les rochers, la Petite Moitessierie (Moitessieria locardi), espèce remarquable endémique de la région méditerranéenne française et la Luisantine italienne (Retinella pseudoaegopinella).

Commentaires sur la délimitation

La limite de la ZNIEFF correspond aux cours d'eau dans son ensemble ainsi que ses bordures (ripisylves,…).