ZNIEFF 930020494
L'AUTHION

(n° régional : 06100140)

Commentaires généraux

Description de la zone

Le massif de l’Authion est un important nœud de chaînons montagneux et constitue un des éléments les plus visibles des grandes préalpes de Nice. L’Authion est un massif calcaire et gréseux qui se distingue des préalpes de Nice proprement dites par une altitude supérieure qui permet l’existence d’une végétation subalpine. Il se distingue également de la grande chaîne des Alpes Maritimes qui est exclusivement siliceuse dans la zone du Mercantour.

Flore et habitats naturels

Les flancs non boisés du massif, en particulier ceux de l’Authion, du Giagiabella, du Ventabren sont occupés par des pelouses subalpines de différents types : pelouses acidophile du Nardion strictae, à Nard raide (Nardus stricta) sur les pentes faibles et replats, et à Laîche toujours verte (Carex sempervirens) sur les pentes fortes, pelouse basophile des pentes faibles à Primevère intriquée (Primula elatior subsp. intricata) et Anémone à fleurs de Narcisse (Anemone narcissiflora) du Festuco violaceae Trifolietum thalii, pelouse basophile à Brachypode rupestre (Brachypodium rupestre) du Mesobromion erecti, Pelouse à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) sur sol profond, pelouse basophile écorchée à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) de l’Ononidion cenisiae. Les forêts de l’étage montagnard sont représentées par des sapinières à Trochiscanthe nodiflore (Trochiscanthes nodiflora) du Fagion sylvaticae (Troschiscantho abietetum), riches floristiquement (Bois Noir de Breil), abritant des espèces rares déterminantes comme l’Aspérule de Turin (Asperula taurina), la Clandestine écailleuse (Lathraea squamaria), le Vératre noir (Veratrum nigrum), ainsi qu’une bryophyte patrimoniale, la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis), espèce saprolignicole qui croît sur le bois pourrissant de conifères à l’étage montagnard. L’influence ligure est marquée à cet étage avec le développement d’ostryaies montagnardes. Dans la partie nord de la Znieff (Gordolasque), des mélézeins pionniers de reconquête ont colonisés les pâturages délaissés. Le secteur de la Cime de Tuor présente des groupements calcicoles subalpins typiques avec des pelouses à Seslérie bleue (Sesleria caerulea) et Gentiane de Ligurie (Gentiana ligustica) du Seslerion caeruleae.

Faune

L’Authion possède un cortège faunistique composé de 74 espèces animales d’intérêt patrimonial. Parmi elles figurent 24 espèces déterminantes.

Chez les mammifères, on remarquera la présence locale d’espèces aussi prestigieuses que le Loup gris (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion en région PACA depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço alpines correspondent à la sous espèce italienne, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m d’altitude, le Lièvre variable (Lepus timidus), une espèce rare et localisée au sein des plus hauts massifs dans les Alpes-Maritimes, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), une espèce remarquable, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude, le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole déterminante, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude, la Barbastelle commune (Barbastellus barbastellus), espèce forestière déterminante et vulnérable, en régression, d’affinité médioeuropéenne, très résistante au froid, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable, rare, à effectifs faibles et donc vulnérable et en danger, thermophile d’affinité méditerranéenne, affectionnant les zones de collines et de montagnes avec falaises, ravins, grottes, constructions, ruines et murailles, jusqu’à 2 500 m d’altitude.

Le cortège avien nicheur et estivant de ce massif est diversifié et riche en espèces intéressantes: Aigle royal (Aquila chrysaetos), prestigieux rapace diurne remarquable, actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace remarquable d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace forestier remarquable, d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace rare et localisé, occupant les milieux rupestres, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce avienne méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression aujourd’hui, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce avienne remarquable, menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent entre 1 800 et 3 700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m d’altitude, Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce remarquable de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en déclin général, présente jusqu’à 1 100 m d’altitude, Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce déterminante occupant les vastes étendues forestières parsemées de clairières, Torcol fourmilier (Jynx torquilla), espèce forestière remarquable plutôt localisée et pas très fréquente en région P.A.C.A., des milieux boisés clairs à tendance xérothermique jusqu’à 1 400 m d’altitude, Monticole de roche (Monticola saxatilis), espèce rupicole remarquable, des terrains accidentés secs, rocailleux et ensoleillés à végétation rase, jusqu’à 2 700 m d’altitude, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce remarquable de passereau de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Tarin des aulnes (Carduelis spinus), passereau remarquable, d’affinité montagnarde et nordique, nicheur possible localement, très sporadique et rare en région P.A.C.A., lié aux vieilles forêts claires de conifères (pessières surtout mais aussi sapinières et dans une moindre mesure les pinèdes), entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts (sapinières, pessières, pinèdes et mélézins), proches de prairies, pelouses et pâturages ensoleillés, entre 1 000 et 2 200 m d’altitude, Bruant fou (Emberiza cia), passereau remarquable d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce remarquable xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs et ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, d’affinité méridionale, en nette régression en France depuis 1950, jusqu’à 1 300 m d’altitude.

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région PACA, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Du côté des reptiles, citons la présence de trois espèces remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les peuplements d’arthropodes présentent un intérêt majeur du fait de la très grande diversité entomologique locale avec la présence de nombreuses espèces rares et endémiques.

Citons pour les orthoptères, le Criquet de la Bastide (Chorthippus binotatus daimei), sous espèce déterminante et endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, la Leptophye provençale (Leptophyes laticauda), espèce remarquable de sauterelle, rare en France, généralement inféodée aux fourrés et lisières en bordure de cours d'eau ou en fond de vallon, la Decticelle des alpages (Metrioptera saussuriana), espèce remarquable de sauterelle d’affinité euro sibérienne, rare et en limite d'aire méridionale en Région PACA où elle fréquente certaines zones humides d'altitude, et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), sauterelle cavernicole endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Le cortège des coléoptères est ici d’un très grand intérêt. Pas moins de six espèces déterminantes y ont été inventoriées : les Carabidae Carabe violacé (Carabus violaceus picenus), endémique franco-italien en limite d’aire en région PACA, exclusivement localisé en France au massif de l’Authion, dans les champs, les talus et les forêts humides, Molops ovipennis medius, espèce endémique des Alpes-Maritimes, le Ptérostique dilaté (Pterostichus truncatus dilatatus), espèce endémique franco italienne localisée en France aux Alpes-Maritimes où elle fréquente la zone alpine et les forêts supérieures, Amara lantoscana, espèce d’affinité montagnarde, endémique des Alpes-Maritimes où elle affectionne les zones presque dépourvues de végétation aux alentours de 2 000 m d’altitude sur substrat granitique, l'Eucnemidae Epiphanis cornutus, espèce à large répartition néarctique mais très rare et localisée, se développant dans la carie rouge des troncs décomposés de conifères des forêts à caractère naturel, et le charançon Barynotus maritimus, espèce assez rare et endémique des Alpes-Maritimes. S’ajoutent à cette liste huit autres espèces remarquables, les Cerambycidae Anaglyptus gibbosus, espèce ouest-méditerranéenne inféodée aux arbres feuillus des boisements thermophiles, la Callidie bronzée (Callidium aeneum), espèce eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle n'est jamais abondante, la Callidie violacée (Callidium violaceum), espèce eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle est discrète et localisée,  Evodinus clathratus, espèce à répartition européenne vivant dans le bois en décomposition des arbres de montagne, présente en France seulement dans les Alpes où elle est rarement abondante, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence, Stictoleptura simplonica, espèce des forêts de montagne vivant dans les branches mortes de conifères et de feuillus, endémique alpine en Suisse, Italie et France, où elle ne se trouve que dans le Mercantour et le Queyras, Tetrops gilvipes, espèce eurocaucasienne se trouvant seulement en PACA à l'échelle nationale, dans quelques vallées alpines où elle se nourrit dans les branches mortes de feuillus, ainsi que le Lyce rugueux (Platycis minutus), espèce de Lycidae eurosibérienne se développant dans le bois humide et décomposé de feuillus et conifères dans les forêts fraîches, connue en PACA de quelques stations dans le Mercantour et les Alpes-de-Haute-Provence.

Les diptères présentent un enjeu particulier grâce à la présence de sept espèces déterminantes, Berdeniella boreonica, Berdeniella brauxica, Szaboiella foliacea et Szaboiella spinosa, Psychodidés endémiques du secteur du Mercantour et donc des Alpes-Maritimes, Orphnephilina carthusiana, espèce orophile de Thaumaléidés, très menacée par la dégradation de son habitat, endémique du secteur du Mercantour, recherchant les sources d’eau très pures et froides, Ulomyia montium, espèce orophile de Psychodidés, endémique du secteur du Mercantour et présente à des altitudes élevées, et Ulomyia szaboi, espèce orophile de Psychodidés, très rare et endémique du secteur du Mercantour.

Quant aux hémiptères, signalons la présence de la Punaise Acalypta finitima, espèce déterminante d’Hémiptères Tingidés, d’affinité montagnarde, à aire de répartition morcelée et peu étendue, exclusivement localisée en France aux départements de la Drôme et des Alpes-Maritimes, vivant dans les mousses des étages montagnard et subalpin.

Enfin, les lépidoptères se distinguent au travers d’espèces telles que la Zygène du peucédan (Zygaena cynarae), espèce déterminante d‘hétérocères,  rare et localisée, en populations dispersées, qui fréquente les pelouses en lisière, les clairières et boisements clairs où croît sa plante hôte Cervaria rivini, représentée ici par la sous espèce vallettensis, endémique des Alpes Maritimes, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum), et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre le massif de la Tête de Tuor localisé à l’est de Belvédère et la chaîne orientée nord / sud qui domine la ville de Sospel et qui comprend principalement l’Authion, le Mont Giagiabella, le Mont Ventabren.