ZNIEFF 930020497
CIRQUES ET LACS DES CORDES ET DE LA MADELEINE - VALLON GRAS

(n° régional : 05106123)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie nord est du département des Hautes Alpes, dans la région du Briançonnais, le site est établi au niveau des contreforts nord du massif du Queyras. Ce vallon suspendu au dessus de la vallée de la Cerveyrette, est creusé dans un substrat carbonaté de dolomies et calcaires dolomitiques, roches dures déterminant des parois verticales, de reliefs ruiniformes et des éboulis grossiers.
Localisé dans la zone biogéographique des Alpes internes briançonnaises, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Débutant à l’étage de végétation subalpin supérieur, à environ 2170 m d'altitude, le site culmine à 3087 m à l'Escalinade. Il se répartit essentiellement entre les étages de végétation alpin et nival.
Entouré de crêtes ébouleuses et de falaises abruptes, il est caractérisé par de nombreux lacs, des bas marais d’altitude et par des éboulis étendus.

Milieux remarquables

Les cinq habitats déterminants que compte le site se rapportent à des milieux humides et des éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site, en mosaïque avec les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)] (habitat remarquable), les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Cinq autres habitats remarquables sont présents. Ils comprennent des marécages et des milieux rocheux. Ce sont : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)] et les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)].

Flore

Six espèces végétales déterminantes sont présentes, dont quatre sont protégées au niveau national : la Laîche bicolore (Carex bicolor) cypéracée typique des bas marais arctico alpins à dépôts d’alluvions fins des bords de ruisseaux froids, la Laîche des bourbiers (Carex limosa), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), une autre petite cypéracée affectionnant quant à elle les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, et le Saule à dents courtes (Salix breviserrata), et une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Jonc arctique (Juncus arcticus), qui partage l’écologie de la Laîche bicolore. Une cypéracée rare dans le département des Hautes-Alpes figure également parmi les espèces végétales déterminantes : la Linaigrette des Alpes (Trichophorum alpinum), qui se rencontre dans les milieux tourbeux.
Le site compte par ailleurs une espèce remarquable, protégée au niveau national : le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude.

Faune

Douze espèces animales patrimoniales, toutes remarquables, ont été identifiées sur ce site.
Il s’agit d’un mammifère, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), et de six oiseaux nicheurs : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce rupestre par excellence, Monticole de roche ou Merle de roche (Monticola saxatilis), Bruant fou (Emberiza cia).
Concernant les insectes patrimoniaux, trois espèces de lépidoptères sont à signaler : l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique localisée en France dans les Alpes internes et du nord, dans les landes et tourbières à airelles (Vacciinum ssp.), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_106_100   Vallées de la haute Cerveyrette et du Blétonnet   versants ubacs du Grand pic de Rochebrune».
Très enclavé au cœur d’un vallon de haute altitude, il dispose de peu de connexions avec les vallons voisins par l’intermédiaire des quelques cols et des crêtes ébouleuses.
La fréquentation touristique, très importante du fait de la présence de lacs d'altitude, peut avoir des conséquences directes sur la flore et ses habitats, notamment les milieux humides et bordures péri lacustres (création de drailles, cueillette, piétinement, érosion, pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place).

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont tributaires de la topographie qui définit un haut vallon rocheux, délimité par des crêtes d’altitude élevée. Ce haut vallon correspond fonctionnellement au bassin versant du lac des Cordes, élément patrimonial majeur du site.