Commentaire général :
Cette zone est située au nord-ouest du massif des Maures entre les communes de Pignans, Besse-sur-Issole, Flassans-sur-Issole, Le Luc et Gonfaron. Il s’agit d’un vaste plateau parsemé de dépressions, souvent inondables, appelées localement lacs, qui ont été et son encore parfois soumises à la culture ou au pâturage.
Flore
Les pelouses et fruticées sèches permettent le développement des gagées (Gagea lacaitae), de la petite férule (Ferulago campestris) ou encore de l’amarinthe (Prangos trifida). Les lisières de la chênaie pubescente sont l’habitat de la violette de Jordan (Viola jordanii) et de la vesce noirâtre (Vicia melanops). Près des habitations s’observent quelques peuplements de la staphisaigre (Staphisagria macrosperma), ancienne plante médicinale. Mais les éléments les plus remarquables se trouvent dans les dépressions inondables. Les années suffisamment humides voient se développer au printemps une communauté d’annuelles à étoile d’eau (Damasonium polyspermum) et salicaire à trois bractées (Lythrum tribracteatum) accompagnées de la véronique à feuille d’acinos (Veronica acinifolia), de la renoncule à feuilles d’ophioglosse et de divers petits joncs (Juncus pygmaeus, J. sphaerocarpos). Plus tard en saison, après l’assec, ce sont des communautés plus eutrophes qui prennent le relais avec l’héliotrope (Heliotropium supinum), la verveine (Verbena supina) et le scirpe couchés (Schoenoplectus supinus) ou encore le crypsis (Crypsis schoenoides). Ces espèces peuvent ne pas s’exprimer tous les ans et rester en dormance dans le sol sous forme de graines, jusqu’à l’année où la dépression se remet en eau. Très localement se développe une communauté vivace avec l’armoise de Molinier (Artemisia molinieri), espèce endémique provençale dont toutes les localités connues se trouvent dans cette ZNIEFF ! Elle est accompagnée par le butome (Butomus umbellatus). Les années sèches, ce sont des espèces de friches qui vont dominer dans ces dépressions comme le rare chardon à épingle (Carduus acicularis) ou la mauve bienne (Alcea biennis) et les populations de Phalaris (P. caerulescens, P. aquatica et P. paradoxa). Le peuplement en charophytes est également remarquable. Très localement a été trouvée la bryophyte Riella notarisii, en bordure de vignoble inondable.
Faune
Avec cinquante-deuxespèces d’intérêt patrimonial, dont dix-sept sont déterminantes, ce grand territoire est très riche.
Les mammifères sont représentés par deux espèces remarquables très discrètes, la Genette (Genetta genetta) et par le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile dans l’utilisation de ses gîtes.
Trois espèces d’amphibiens profitent des nombreuses dépressions humides de cette ZNIEFF pour se reproduire : le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes), espèce déterminante ibéro-française méridionale affectionnant les milieux ouverts, accompagné de deux espèces remarquables, le Pelodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce ouest-européenne d'affinité méridionale et la Grenouille agile (Rana dalmatina) espèce remarquable largement répartie en Europe mais localisée en PACA.
Cette ZNIEFF accueille de très belles populations de Tortue d'Hermann (Testudo hermanni), espèce déterminante de distribution circumméditerranéenne rare et très localisée en France. A noter également des observations de Cistude d'Europe (Emys orbicularis), espèce déterminante ayant une répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA et dont des études seraient à mener afin de préciser son statut dans le secteur.
De nombreux oiseaux d’intérêt patrimonial fréquentent les différents habitats disponibles. Cinq espèces déterminantes peuvent y être observées. Le Rollier d'Europe (Coracias garrulus), espèce cavernicole et inféodée aux paysages ouverts méditerranéens est nicheuse sur le site. Les quatre autres espèces sont de passage ou viennent se nourrir ponctuellement : le Milan Royal (Milvus milvus), la Grande aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpuea) et le Héron crabier (Ardeola ralloides). Ces oiseaux sont accompagnés de treize espèces remarquables. Certaines sont nicheuses ou probablement nicheuses sur le site : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Petit-duc scops (Otus scops), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), le Guêpier d'Europe (Merops apiaster), l'Alouette lulu (Lullula arborea), le Bruant proyer (Emberiza calandra) et le Gobemouche gris (Muscicapa striata). Les autres espèces sont observées plus ponctuellement et sont de passage : l'Échasse blanche (Himantopus himantopus), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago) et le Bruant fou (Emberiza cia).
Cette zone est occupée par de nombreux arthropodes d’intérêt patrimonial.
Citons la Scolopendre ceinturée (Scolopendra cingulata), imposant chilopode (« mille-pattes ») limité en France à la bordure méditerranéenne.
Les lépidoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches) et le Faux-cuivré smaragdin (Tomares ballus), espèce ouest méditerranéen menacée, inféodée aux pelouses, vergers extensifs et abords de cultures exemptes de pesticides et où croissent des petites légumineuses dont se nourrit sa chenille. Elles sont accompagnées de quatre espèces remarquables : le Procris de la vigne (Theresimima ampellophaga), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), la Thécla de l'orme (Satyrium w-album) et la Diane (Zerynthia polyxena).
Certaines zones humides sont fréquentées par deux espèces remarquables d’odonates : l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum).
Les orthoptères sont représentés par deux espèces remarquables méditerranéenne : l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili) et l'Ephippigère de Provence (Ephippiger provincialis).
Trois espèces de neuroptères se reproduisent sur le site l’Ascalaphon du midi (Deleproctophylla dusmeti), espèce déterminante qui chasse ses proies en vol au-dessus de milieux arides et très ouverts, accompagnée de deux espèces remarquables, l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus) et le Grand fourmilion (Palpares libelluloides).
Le cortège de coléoptères de cette ZNIEFF est marqué par la présence de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial. Cinq espèces déterminantes y sont présentes : l’Agrile de l’Armoise de Molinier (Agrilus lacus), Buprestidés Agrilinés, endémique varois et strictement inféodé à la plante dont il porte le nom, le Carabe voyageur (Carabus vagans), espèce franco ligure de Carabidés, vulnérable et en limite d’aire, présent en France uniquement en Provence, habitant les suberaies claires, les bords de cultures et les jardins, le Carabique Poecilus puncticollis, espèce menacée des marais et prairies littorales du bassin méditerranéen central et oriental, le Carabique Pterostichus gracilis (= Platysma gracile), espèce rare et menacé d’extinction, propre aux zones humides boisées et le taupin (Athous olbiensis). Ce cortège est complété par six espèces remarquables : les carabidés Dicheirotrichus pallidus et Licinus silphoide, les chrysomèles Altica palustris, Chaetocnema chlorophana et Chaetocnema major et l’hydrophilidé Helophorus asturiensis.
Il est également important de signaler la présence du branchiopode Lepidurus apus, espèce remarquable peu fréquente en région P.A.C.A.
Enfin, une donnée historique (1884) du mollusque Hippeutis complanatus mériterait quelques recherches complémentaires pour confirmer sa présence.
Les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques important.