ZNIEFF 930020526
CRETE DU CHEIRON

(n° régional : )

Commentaires généraux

Description

La crête du Cheiron surplombe le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur. Sa cime est le point culminant de la montagne du Cheiron, à 1 778 m d’altitude. La ZNIEFF englobe les pelouses et landes sèches, habitats préférentiels de la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), et quelques éléments forestiers en périphérie.

Flore

Les milieux ouverts d'altitude sont représentés par des groupements végétaux de garides et de pelouses typiques des montagnes des Préalpes du Sud : lavandaies et garides à genêt cendré (Lavandulo angustifoliae-Genistion cinereae), pelouse à avoine toujours verte (Avenion sempervirentis), pelouse du Potentillo velutinae-Ononidetum striatae et pelouse à Genista pulchella subsp. villarsii (Genistion lobelii), pelouse calcaire karstique à Valeriana tuberosa (Valerianion tuberosae). Les nombreuses parois et rochers calcaires sont principalement colonisés par une association riche en endémiques des Alpes sud-occidentales, le Saxifragetum lingulatae (Saxifragion lingulatae), caractérisée notamment par le saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga callosa). Une population isolée de la micro-endémique Campanula albicans est localisée à l'ubac du Cheiron.

Faune

Le secteur abrite 45 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 11 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique est essentiellement caractérisé du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région P.A.C.A., présent jusqu’à 2 500 m d’altitude.

L‘herpétofaune locale est représentée par la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), espèce déterminante d’affinité orientale aujourd’hui rare, très localisée, en régression et menacée d’extinction en France, liée aux pelouses sèches et rocailleuses à genévriers entre 900 et 2 200 m d’altitude, accompagnée de plusieurs espèces remarquable : le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce endémique franco-italien présent en France essentiellement dans les Alpes-Maritimes et très localisé dans les Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) entre 0 et 2 400 m d’altitude, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, comprend un grand nombre d’espèces intéressantes, d’affinité biogéographique variée (médioeuropéenne, voire nordique méditerranéenne, montagnarde). Parmi les espèces déterminantes, citons la présence du Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole rare et localisé en France et en région P.A.C.A. mais en augmentation aujourd’hui et du Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique de milieux ouverts et rocailleux et d’affinité méridionale, en forte régression depuis plusieurs décennies. Ces oiseaux sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Fauvette grisette (Sylvia communis), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Venturon montagnard (Serinus citrinella), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Alouette lulu (Lullula arborea), Pipit rousseline (Anthus campestris), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), espèce grégaire et rupicole, assez rare et en légère régression, d’affinité montagnarde, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude, propre aux falaises et escarpements rocheux (où il niche) situés à proximité de prairies, landes et pâturages où il se nourrit), dont une vingtaine de couples fréquentent le Cheiron.

Le peuplement entomologique de cette zone est diversifié et d’un très grand intérêt. De nombreuses espèces patrimoniales ont été recensées, appartenant à divers cortèges, surtout de milieux ouverts, même si les zones plus fermées du site, en périphérie, sont occupées par des espèces plus forestières.

Les coléoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), espèce protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus et le Ptérostique de Lasserre (Pterostichus lasserrei), Carabidae des montagnes de Provence, Echinodera ochsi, Curculionidae endémique des Alpes-Maritimes, d’affinité montagnarde, vivant à l’état larvaire dans les branches mortes ou dépérissantes, plus rarement saines, de diverses essences d’arbres et deux espèces remarquables, la Callidie bronzée (Callidium aeneum), Cerambycidae eurasiatique boréo-alpin lié aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où il n'est jamais abondant et le Mycetophagidae Entoxylon abeillei, espèce endémique du sud-est de la France et du nord de l'Italie, fongivore sur les champignons lignicoles des branches mortes.

Du côté des lépidoptères, citons la présence de deux espèces déterminantes : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 m d’altitude, accompagnées de plusieurs espèces remarquable comme l’Apollon (Parnassius apollo), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), l’Hermite (Chazara briseis) et le Louvet (Hyponephele lupina).

Cinq espèces d’orthoptères d’intérêt patrimonial sont également présentes, dont deux sont déterminantes : le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, le Criquet hérisson (Prionotropis azami), espèce protégée et en régression, endémique des plateaux calcaires de Provence qui colonise les pelouses rases, et trois sont remarquables : l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), espèce endémique provençale à mobilité réduite qui fréquente les pelouses sèches et garrigues ouvertes, l'Œdipode stridulante (Psophus stridulus), espèce boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xerothermiques et des alpages bien exposés, et le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest méditerranéenne dont la sous espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés.

Citons aussi la présence du Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable de neuroptères (ascalaphes et fourmilions), assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches et d’un mollusque remarquable, l’Escargot de Nice (Macularia niciensis).

Enfin, du côté des mollusques, une espèce déterminante a été inventoriée, la Fausse-veloutée de la Riviera (Urticicola moutonii), espèce endémique distribuée entre les Préalpes d'Azur jusqu'à la Riviera où elle fréquente les milieux frais et humides.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF prend en compte la répartition de la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), depuis le collet de Barri jusqu’au Cacalet, en s’étirant vers le nord jusqu’à la limite de la forêt. La partie la plus artificialisée de la station de Gréolières n’est pas prise en compte.