ZNIEFF 940013127
EMBOUCHURE DU FIUME SECCO

(n° régional : 2BLUM1)

Commentaires généraux

L’embouchure du Fiume Seccu est située au nord-ouest de la Corse, dans le Golfe de Calvi, à environ 2 km à l’est de Calvi. Elle est séparée de l’embouchure de la Figarella (ZNIEFF Embouchure de la Figarella) par le terrain militaire du Camp Raffali.

Le bassin du Fiume Secco draine une partie des montagnes de la Balagne (Monte Grosso notamment). Caractérisé par un régime pluvial typiquement méditerranéen, le débit du cours d’eau montre une très forte variabilité saisonnière et annuelle. Les orages d’automne génèrent une érosion des pentes du bassin versant et un charriage important d’éléments grossiers dans la plaine. A l’issue des crues, le lit est occupé par des éléments grossiers (blocs, cailloux, graviers) qui constituent des substrats très drainants, régulièrement remaniés. Le milieu s’assèche rapidement à l’issue de la fonte des neiges et des pluies de printemps. A l’étiage, l’aridité des biotopes est défavorable à l’installation de végétations pérennes.

Dans ce contexte de cours d’eau intermittent, les peuplements végétaux se cantonnent aux berges, où les dépôts d’éléments fins lors des crues permettent de conserver des substrats plus favorables, et à des stations ponctuelles restant en eau plus longtemps (cuvettes, bras secondaires…). L’hétérogénéité des stations, liées aux variations de la granulométrie et à la microtopographie se traduit par des organisations en mosaïques plus ou moins hygrophiles :

- Quelques îlots de ripisylves arborescentes dominées par l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) répartis le long des berges stabilisées. Ces ripisylves sont fortement contraintes par les perturbations d’origine anthropique (défrichements) ;

- Fourrés arbustifs à saules roux (Salix atrocinerea), Saule fragile (Salix fragilis) et Saule pourpre (Salix purpurea) formant un cordon arbustif plus ou moins développé le long des rives des deux cours d’eau ;

- Cuvettes limoneuses longtemps humides à Souchet doré (Cyperus flavescens), Souchet brun (Cyperus fuscus), Jonc articulé (Juncus articulatus), Jonc des vasières (Juncus tenageia), Jonc en tête (Juncus capitatus), Plantain d’eau (Alisma plantago aquatica) …;

- Zones de ruissellements temporaires en bordure du lit vit, alimentées lors des hautes eaux à Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius), Renoncule à feuilles capillaires (Ranunculus trichophyllus), Isoète de Durieu (Isoetes durieui), Isoète épineux (Isoetes histrix), Pâquerette annuelle (Bellis annua), Menthe pouillot (Mentha pulegium), Cicendie naine (Cicendia filiformis), Samole de Valérand (Samolus valerandi)… ;

- Peuplements hygrophiles des eaux vives : Cresson des fontaines (Nasturtium officinale), Berle à feuilles étroites (Berula erecta), Véronique cresson de cheval (Veronica beccabunga)…

- En marge du lit du cours d’eau, les terrasses sont occupées par des mosaïques de groupements arbustifs et herbacés, localement enrésinés.

Dans la zone d’embouchure, le ralentissement du cours d’eau et la présence d’un petit marais d’arrière plage permettent le développement de formations hygrophiles plus ou moins halophiles disposées en ceintures : phragmitaies à Roseau commun (Phragmites australis), typhaies à Massette à feuilles larges (Typha latifolia) et Massette à feuilles étroites (Typha angustifolia), scirpaies à Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus). Ces groupements à grandes herbes sont bordés par des fourrés à Tamaris d’Afrique (Tamaris africana), en transition avec les ripisylves à Aulne glutineux.

Le littoral est occupé par des bancs de galets où se maintient une végétation très éparse caractérisée par la Roquette de mer (Cakile maritima), le Pavot cornu (Glaucium flavum), et la Soude épineuse (Salsola kali).

Les milieux humides de la zone (prairies humides, saulaie, aulnaie, marais d’arrière plage, eau calme des rivières) sont favorables à la halte migratoire des oiseaux survolant la Corse en automne et surtout au printemps au cours de leur migration. Bien que la superficie des zones humides soit relative, et que l’accueil d’effectifs important d’oiseaux migrateurs soit ainsi limité, il n’en demeure pas moins qu’une importante diversité d’espèces utilisent stationnent sur le site durant leur migration. Les milieux humides sont par définition très favorables aux amphibiens. La zone accueille notamment l’euprocte de Corse (Euproctus montanus). De même, les zones humides littorales sont favorables aux libellules, la diversité de milieux humides (eaux stagnantes, eaux courantes plus ou moins oxygénées, bassins, mares, fossés,…) apporte une diversité notable d’odonates. Chez les reptiles, on trouve la tortue d’Hermann (Testudo hermanni) mais avec des densités faibles.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la zone a tout d'abord été définie à partir de la répartition des espèces et habitats déterminants inventoriés. Nous y avons inclue l'ensemble des compartiments qui constituent l'unité fonctionnelle écologique pour les espèces animales, c'est à dire les différents milieux qu'elles utilisent au cours de leur cycle biologique et leurs activités (chasse, reproduction, hivernage, halte migratoire, ...). Nous avons pris en compte les corridors écologiques afin de préserver les continuités écologiques au sein de la ZNIEFF, en préservant les liaisons (1) entre embouchure et partie amont, et (2) entre les cours d’eau, les prairies humides et les boisements alluviaux.