Sur la façade atlantique et Manche Mer du nord, les zostères sont les seules phanérogames qui vivent dans le domaine marin. La zostère marine, Zostera marina, se développe en milieu infralittoral à quelques mètres de profondeur (2-5 m). S'établissant sur substrat meuble, seules les contraintes physico-chimiques du milieu limitent leur extension. Cette espèce est sensible aux enrichissements en matière organique. On peut les rencontrer plus haut sur l'estran dans le cas où des cuvettes qui retiennent l'eau de mer se forment ou en patch sur les enclaves de sédiments présents dans un platier rocheux. On a alors installation de micro-herbiers de quelques dizaines de mètres carrés. Cette espèce peut développer un réseau dense de racines et de feuilles qui constituent un véritable habitat et où la biodiversité est très forte en termes d'espèces et de nombres d'individus.
Les herbiers jouent un rôle d’habitat pour de nombreuses algues et invertébrés qui n’occupent normalement pas les substrats meubles : ils utilisent les longues feuilles comme des substrats durs dans la mesure où ils peuvent soit se fixer soit trouver refuge et abri. Toute une faune fixée (épiphyte) peut s'y développer. On trouve également des microbrouteurs se nourrissant des zostères. De nombreuses espèces de crustacés et de poissons utilisent aussi l’herbier pour son rôle d’habitat dans lequel ils peuvent se déplacer aisément et trouver leur nourriture sans pour autant quitter le refuge procuré par la densité des feuilles. Les faunes de substrat meuble et de substrat dur se surimposent dans le même habitat expliquant la grande biodiversité du peuplement (Hily et al, 2004 ; Hily, 2006).
L’herbier de la grande Rade s’étend sur environ 5 ha en trois ilots (ZNIEFF-Marines polynucléaire). Il a été échantillonné par TBM lors de la caractérisation des habitats de la rade de Cherbourg et par Noémie Baux en 2015. Il est fort probable que d’autres ilots soient présents à proximité dans la baie du Becquet. Parmi l’épibiose sessile, on trouve de nombreux bryozoaires : Disporella hispida, Escharella variolosa, Hippothoa divaricata, Plagioecia patina, Schizomavella auriculata, Escharoides coccinea et Callopora lineata. On peut noter la présence d’hydraires qui sont fortement broutés par des gastéropodes.