Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Circalittoral (également dans l’infralittoral III.3.2.)
Nature du substrat : Sables grossiers et fins graviers
Répartition bathymétrique : jusqu'à 70 mètres (exceptionnellement 100 m)
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Fort, fréquence de courants unidirectionnels
Salinité : Normale
Température : Normale
Lumière : Faible

Cet habitat se retrouve le plus communément en Méditerranée entre 3-4 m et 20-25 m de profondeur, mais localement, il peut descendre jusqu’à 75 m de profondeur. Il se situe donc sur les deux étages infralittoral et circalittoral. Pérès et Picard (1964) considèrent que la biocénose SGCF est une biocénose édaphique, indépendante de l’étagement. Elle est «liée à la prédominance d’un facteur hydrodynamique, échappe à toute série évolutive climacique, même à l’étagement biocénotique dans la mesure où le facteur déterminant manifeste sa présence » (Bellan et al., 1960). Dans le circalittoral, cet habitat se retrouve dans les passes entre les îles soumises à de fréquents et violents courants, lesquels constituent, comme dans l’infralittoral, le principal facteur conditionnant son existence. Il peut, de même, être présent à l’accore de bancs isolés, à l’écart de la côte. Le sédiment est un mélange de sable grossier et de fins graviers. Toutefois, dans l’étage circalittoral, il est apparemment toujours associé à la biocénose du détritique côtier où il se trouverait en surimposition. Le rôle de l’hydrodynamisme est prépondérant dans le cas de la biocénose SGCF en position circalittorale.

Cet habitat strictement soumis aux courants de fond peut se modifier si la circulation hydrologique est modifiée artificiellement ou naturellement, comme lors de longues périodes de calme. Son extension en profondeur, dans l’étage circalittoral, est liée à des phénomènes hydrodynamiques particulièrement intenses, soit à l’aplomb de bancs rocheux du large (Bancs des Blauquières, Banc du Magaud) soit dans des détroits (Bouches de Bonifacio). Il peut, dans ces conditions, présenter des modifications tant qualitatives que quantitatives de son peuplement habituel. Les fluctuations saisonnières bien connues dans l’infralittoral, ne semblent pas avoir été étudiées dans le circalittoral, la plupart des campagnes de prospection ayant été réalisées dans le nord de la Méditerranée pendant la période estivale.

La dynamique du peuplement est liée à l'existence, à la fréquence et à la force des courants linéaires.

Les espèces caractéristiques de la biocénose SGCF en position infralittorale peuvent potentiellement se retrouver en position circalittorale.
 
L’algue mélobésiée Lithophyllum racemus.
Le madréporaire libre Stenotrochus intermedius.
Les annélides polychètes : Sigalion squamosus, Sigalion mathildae, Ophelia roscoffensis, Ophelia neglecta, Lumbrinerides acuta, Polygordius lacteus.
Les mollusques bivalves : Venus casina, Glycymeris glycymeris, Laevicardium crassum, Donax variegatus, Dosinia exoleta, Asbjornsenia pygmaea, Arcopagia crassa, Gari costulata, Antalis vulgaris.
Les échinodermes : Ophiopsila annulosa, Ophiopsila aranea, Echinocardium fenauxi, Leptosynapta inhaerens.
Les crustacés : Natatolana gallica, Natatolana borealis, Urothoe brevicornis, Pontocrates arenarius, Kroyera carinata, Anapagurus breviaculeatus, Thia scutellata.
Le céphalochordé : Branchiostoma lanceolatum.
Le poisson Gymnammodytes cicerelus.
Compte tenu du nombre relativement faible de prélèvements effectués dans le circalittoral, un grand nombre de ces espèces ne sont pas signalées dans le circalittoral.
On notera toutefois que certaines espèces apparaissent plus particulièrement importantes pour la définition de la biocénose SGCF en position circalittorale : les polychètes Sigalion squamosus et Euthalenessa oculata, les mollusques Glycymeris glycymeris, Arcopagia crassa, Donax variegatus, Antalis vulgaris, le crustacé Thia scutellata et le céphalochordé : Branchiostoma lanceolatum.
 
Cette biocénose est remarquablement riche en méiofaune (foraminifères, nématodes, plathelminthes, crustacés harpacticoïdes, etc…) toutefois les difficultés liées à la détermination de ces animaux et la quasi disparition des spécialistes ne permettent plus guère la prise en compte de cette faunule dans le cadre de la définition des habitats. Les quelques auteurs l’ayant étudiée sur les côtes françaises méditerranéennes sont Blanc-Vernet, Vitiello, Bodin, Reys-Vogeleisen, Swedmark.

Habitat constitué de sables grossiers et fins graviers, d'origine partiellement organogène, pratiquement dépourvus de phase fine et soumis à des courants linéaires puissants, qui se manifestent dans des zones particulières, chenaux, détroits, aplombs de falaises sous-marines jusqu’à des profondeurs dépassant les 70 m.

La biocénose des sables et graviers sous influence des courants de fond (SGCF) (III.3.2.) en position infralittorale, la biocénose circalittorale du détritique côtier (DC) (IV.2.2.).

Une confusion avec un autre habitat paraît difficile en raison de sa localisation en profondeur, dans les passes, de la qualité de son sédiment constitué de sables grossiers et fins graviers pratiquement dépourvus de fraction fine, et de sa faune très particulière. Lorsqu'il se produit en profondeur, à cause de conditions hydrologiques exceptionnelles, le mélange de cette biocénose avec celle du détritique côtier (IV.2.2) demeure aisément reconnaissable.

Habitat présent dans les grandes passes au large : Porquerolles, dans des détroits profonds et soumis à des courants forts lors d’évènements météorologiques particuliers (tempêtes), Bouches de Bonifacio, à l’accore de bancs au large, Banc des Blauquières, au large de caps, Cap Corse, etc.

Cette biocénose, dans le circalittoral, semble être toujours en surimposition avec celle du détritique côtier, cette dernière restant dominante. Les aspects fonctionnels de leur réunion apparaissent communs. Bien que la méiofaune des SGCF n’ait pas été spécialement étudiée dans le circalittoral, on peut envisager qu’elle participe au fonctionnement général du peuplement dual DC/SGCF.

Habitat ayant une valeur patrimoniale certaine par la présence de l'Amphioxus (Branchiostoma lanceolatum) qui est une espèce caractéristique de bon état écologique. Cette biocénose, dont le sédiment présente une porosité très élevée, est très riche en méiofaune, et en mesopsammom, groupes écologiques qui ont une grande importance dans l'alimentation des autres organismes.

Habitat ne supportant pas l'envasement. La qualité des eaux, et particulièrement la quantité de matière en suspension, sont donc d'une grande importance.
Cette biocénose ne résiste pas aux modifications des conditions de milieu qui lui sont propres et indispensables : apports d’eaux polluées, riches en matière en suspension, organiques ou minérales, travaux sous-marins, dragages pour l’extraction de maërl (assez rare en Méditerranée).

Tant que les conditions du milieu notamment édaphiques ne sont point perturbées, cette biocénose est robuste. Les variations saisonnières sont restreintes, liées aux modifications saisonnières locales de l’hydrodynamisme et au recrutement de certaines espèces.

Labrune C., Bellan G.

2016

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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