Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Sous l’intitulé de « landes sèches européennes », l’habitat englobe l’ensemble des landes fraîches à sèches développées sur sols siliceux sous climats atlantiques à subatlantiques depuis l’étage planitiaire jusqu’à l’étage montagnard. En sont cependant exclues, les landes littorales à Bruyère vagabonde (Erica vagans) [habitat 4040* de la directive] et les landes des dunes maritimes intégrées aux « Dunes fixées décalcifiées atlantiques (Calluno-Ulicetea) » [habitat 2150* de la directive].
Les landes sèches européennes correspondent à des végétations ligneuses basses (inférieures à 2 m) principalement constituées de chaméphytes et de nanophanérophytes de la famille des Éricacées et des Fabacées. Bruyères, Callune, Myrtilles, Airelles, Genêts, Ajoncs contribuent pour l’essentiel aux couleurs et aux structures de ces landes. Le feuillage est surtout sempervirent et sclérophylle. Les surfaces foliaires sont des plus réduites, en particulier chez les Éricacées et les Fabacées. Ce sont autant d’adaptations morphologiques et physiologiques aux conditions édaphiques sévères, en particulier en ce qui concerne les aspects trophiques (sols acides maigres) et hydriques (sécheresse au moins une partie de l’année).

Mis à part le cas des falaises littorales et de quelques situations intérieures particulières (corniches, vires rocheuses), les landes sont secondaires et d’origine habituellement anthropique. Par le passé, elles ont fait l’objet d’exploitations extensives variées (fauche, pâturage) et de quelques utilisations locales (litière, fourrage, balais). L’intensité et la fréquence de ces perturbations anthropiques ont des conséquences importantes à la fois sur la physionomie et la flore des landes.
Le terme de lande est avant tout associé à des végétations ligneuses basses (inférieures à 2 m). Mais aux marges de cette définition centrale, les limites structurales, dynamiques et spatiales sont diversement appréhendées et caractérisées. Ces difficultés proviennent pour l’essentiel du caractère généralement secondaire et instable des landes atlantiques et subatlantiques.
Cette origine tient à deux groupes principaux de perturbations :
- les perturbations agropastorales, qui après une période initiale de déboisement ont permis au cours de l’histoire des civilisations pastorales, la mise en place et le développement de landes « pastorales » ;
- les perturbations sylvicoles ou agro-sylvicoles qui ont fortement contribué à installer de manière plus ou moins cyclique et plus ou moins prolongée des landes au sein des systèmes forestiers acidiphiles.
En conséquence, la lande est d’abord un concept flou ayant fluctué entre pelouses et forêts suivant le schéma dynamique « pelouse ↔ lande ↔ fourré ↔ forêt ». En fonction du contexte agropastoral ou préforestier prédominant, de la morphologie (hauteur, espèces dominantes), on a classiquement rattaché :
- les landes planitiaires à montagnardes aux pelouses acidiphiles ; -
les landes subalpines aux forêts subalpines.
Les arguments floristiques de ces rattachements tiennent à la présence plus ou moins importante :
- d’un contingent relictuel d’espèces des pelouses acidiphiles ;
- d’un contingent pionnier d’espèces préforestières, soit herbacées, soit arbustives.
L’importance de ces contingents est généralement le fait de la vitesse des processus dynamiques soit progressifs (lande → forêt), soit régressifs (lande → pelouse) et du mode d’exploitation de la lande, permettant ou non de favoriser les plantes spécifiques aux landes.

Les progrès dans l’analyse dynamique et structurale des végétations acidiphiles et notamment les notions de « pré-manteau acidiphile » [classe des Cytisetea scopario-striati] et d’ourlet acidiphile [classe des Melampyro pratensis-Holcetea mollis] ont largement contribué à disséquer les composantes floristiques des landes et préciser leur optimum physiographique et écologique. En outre, l’existence de situations primaires stables de landes, de techniques de gestion favorisant la régénération et le développement des espèces proprement landeuses ont aussi fortement aidé à épurer le concept structural et floristique de landes.
L’autonomie des landes en tant qu’entité structurale typologique est aujourd’hui confortée par une meilleure caractérisation des cortèges floristiques qui les constituent. On peut ainsi reconnaître au sein des landes, les cortèges floristiques suivants :
- landeux, c’est-à-dire ayant son optimum d’existence au niveau des landes ;
- de pelouses pionnières à annuelles (dans certaines conditions) [Helianthemetea guttati];
- de pelouses acidiphiles vivaces, généralement agropastorales [Nardetea strictae, Caricetea curvulae], parfois, en situation édaphique plus hydromorphe, de prémaigre acidiphile [Molinio caeruleae-Juncetea acutiflori];
- d’ourlets acidiphiles herbacés [Melampyro pratensis-Holcetea mollis];
- de pré-manteaux acidiphiles pionniers [Cytisetea scopariostriati];
- de manteaux arbustifs préforestiers [Crataego monogyni-Prunetea spinosae].
Ce type d’habitat correspond presque entièrement aux landes atlantiques à continentales riches en Éricacées et Fabacées (Calluno vulgaris-Ulicetea minoris), à l’exception de leur aile hydromorphe (landes humides à Erica tetralix) [habitats 4010 et 4020* de la directive], des landes dunaires et des landes littorales à Erica vagans. Il est largement distribué en France, mais son développement est surtout important dans l’Ouest, le Sud-Ouest et les montagnes.

La grande diversité de ces landes, des contextes géographiques et climatiques, nécessite d’adapter quelque peu les pratiques. Toutefois, leur mode de gestion répond à certaines caractéristiques communes à toutes ces formations.
En effet, le respect d’une formation en mosaïque de strates de hauteurs et d’âges différents nécessite de conjuguer trois types de pratiques :
- le pâturage extensif (d’ovins ou bovins) qui, bien que ces landes n’aient qu’un intérêt fourrager limité, permet un entretien régulier ;
- une fauche ou un gyrobroyage tous les dix ans qui, avec exportation des produits, permettent de régénérer la formation ;
- l’étrépage et l’écobuage qui permettent également de rajeunir ces landes.
Mais ce sont des pratiques coûteuses et plus radicales qui ne doivent être menées que rarement lorsque la lande a vieilli et est envahie de ligneux.
En zones littorales et pour les landes de grande diversité biologique (Bruyères et Myrtille), il est recommandé de ne pas intervenir hormis pour lutter contre la colonisation par les fourrés et le Pin maritime (Pinus pinaster) et contre les risques d’incendies.
La gestion de la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) est problématique dans la plupart des landes sèches. La maîtrise de son extension nécessite une attention particulière et des techniques adaptées localement.

L’habitat présente une grande diversité typologique en France avec une cinquantaine d’associations actuellement reconnues. Sa déclinaison s’appuie sur les grandes coupures de la classification phytosociologique au rang d’alliance et reconnaît sept unités principales à caractère géographique et bioclimatique :
- landes xérophiles méditerranéo-atlantiques (Cisto salvifolii-Ericion cinereae);
- landes thermophiles ibéro-atlantiques (Daboecion cantabricae);
- landes atlantiques maritimes (Dactylido maritimae-Ulicion maritimi);
- landes atlantiques non maritimes (Ulicion minoris);
- landes subcontinentales acidiphiles (Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi);
- landes subcontinentales acidiclines (Genistion tinctoriogermanicae);
- landes subcontinentales montagnardes thermophiles (Calluno vulgaris-Arctostaphylion uvae-ursi).
Les unités les plus diversifiées ont ensuite été subdivisées selon une logique climatique et édaphique pour les landes atlantiques, par grande région géographique pour les landes subcontinentales.

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