Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Remarque introductive : espèce thermophile méditerranéo-montagnarde, le Buis toujours vert (Buxus sempervirens) n’est plus présent vers le nord, l’ouest et l’est de la France qu’en noyaux de populations plus ou moins isolés. Dans ces régions de plaine, il acquiert préférentiellement un comportement forestier et se réfugie volontiers en sous-bois où il démontre une capacité de multiplication active et peut participer en abondance aux stades arbustifs des cycles sylvogénétiques. Dans beaucoup de ces cas, le caractère introduit et naturalisé du Buis a été démontré, mais sa spontanéité paraît par contre parfaitement crédible lorsque son habitat et les espèces qui l’accompagnent fournissent un faisceau convergent d’indications mésoclimatiques thermophiles à affinités méditerranéo-montagnardes. Dans de telles situations, à caractère généralement relictuel, le Buis participe fréquemment aussi à des fourrés thermophiles pionniers qui présentent une certaine stabilité à l’échelle des observations de l’histoire botanique, et l’on peut parler alors de conditions subprimaires. Ne seront donc pris en considération ici que des fourrés à Buis à caractère plus ou moins stable, présents en foyers isolés dans les plaines atlantiques, subatlantiques et continentales et qui appartiennent aux manteaux calcicoles xérophiles à caractère subméditerranéen [alliance du Berberidion vulgaris].
Le Buis est une espèce très fréquente depuis les régions supra-méditerranéennes jusqu’en Bourgogne et Franche-Comté, d’une part, Charentes, d’autre part (au nord de ces régions, le Buis se rencontrera en populations disjointes).
Cette espèce a dû connaître un plus grand développement à l’époque xéro-thermique (- 4 000, - 5 000 ans), régressant ensuite, tout en se maintenant en quelques sites particuliers dans le nord-est et le nord-ouest.
L’indigénat du Buis a fait l’objet de nombreux débats dans le nord-est et le nord-ouest… Si quelques localités proviennent d’introductions par l’homme, la plupart d’entre elles ont une origine autochtone.
Le Buis a connu de multiples usages : exploitation du bois, recettes médicinales, transplantations à des fins ornementales, usages horticoles, utilisation culturelle… Certaines activités anciennes (vignes notamment) ont pu faire disparaître des populations. Mais les déboisements anciens sont à l’origine de son implantation dans certains sites à partir des stations primaires.
Le Buis fleurit et fructifie régulièrement dans ses localités. La dispersion des graines se fait par éclatements des fruits ; il est donc incapable de réaliser une dispersion à longue distance. Il affectionne les substrats calcaires, mais se retrouve aussi sur des sols issus d’altérites siliceuses. On le rencontre sur des stations montrant tout un éventail de bilans hydriques : -en conditions xéro-thermophiles, en situation de crête ou de corniche, de haut d’adret rocailleux ; -en conditions xérophiles à méso-xérophiles d’adrets (évolution vers la chênaie pubescente ou la hêtraie sèche). Mais aussi : -en conditions mésophiles ; -en conditions hygroclines à méso-hygrophiles de fond de vallon ; -en conditions hygrosciaphiles de forêts de ravins.
Les habitats concernés par la directive européenne sont limités aux fruticées séchardes, stables. Dans les stations les plus typiques (crêtes, corniches, versants rocailleux) le Buis participe à un complexe d’habitats : fruticées, lisières, pelouses du plus grand intérêt de par la présence fréquente d’espèces rares.
Dans la plupart des sites où le Buis se rencontre, l’espèce n’est pas en danger, bien au contraire, et la gestion consiste souvent à maîtriser son extension dommageable aux autres habitats de la mosaïque ou à la végétation forestière.
Le Buis participe à de nombreux habitats arbustifs et forestiers. Mais les habitats concernés par la directive se limitent aux formations xéro-thermophiles, généralement calcicoles, installées dans des conditions de sols très superficiels où l’évolution vers la forêt est très difficile, voire impossible.
En dehors des habitats strictement concernés par la directive, il est souhaitable, à travers les travaux forestiers, d’assurer la pérennité des populations de Buis (sachant que souvent il est nécessaire d’en limiter l’importance du fait des difficultés de régénération des arbres forestiers).
D’un grand intérêt paysager, ces formations à Buis sont menacées par une évolution vers des forêts calcicoles. Leur conservation passe, d’une part, par un pâturage extensif hors période de végétation pour favoriser la régénération de la strate herbacée, d’autre part, par une taille régulière, voire un recépage périodique des buis pour les rajeunir et, enfin, par le dessouchage des arbres colonisateurs.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)