6110 - Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles de l'Alysso-Sedion albi

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractères généraux

Sous le terme de « pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles », l’habitat réunit les végétations pionnières à dominance de vivaces (souvent crassulescentes) de dalles rocheuses calcaires plus ou moins horizontales développées sous climat océanique à subcontinental (classe des Sedo albi-Scleranthetea biennis, alliance de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi). En sont cependant exclues les communautés développées sur substrats artificiels (murs, enrochements, dalles de béton…).
Sur ces dalles, les contraintes écologiques sont extrêmes : substrats calcaires affleurants, sols squelettiques, déficit hydrique et ensoleillement importants. Les conditions de sécheresse qui en résultent, fortement sélectives pour la végétation locale, entraînent l’installation d’une flore xérophile très spécialisée qui a développé diverses stratégies d’adaptation telles que succulence des feuilles, réduction des surfaces foliaires, cycle annuel hivernal très court. L’aspect général et saisonnier des communautés végétales associées tient beaucoup à ces modifications morphologiques et écophysiologiques ainsi qu’à leur succession saisonnière. L’abondance des espèces du genre Sedum donne habituellement à l’habitat sa physionomie caractéristique de pelouses rases écorchées dominées par les chaméphytes succulents, à peine égayée au printemps par les floraisons nombreuses mais irrégulières, discrètes et fugaces des annuelles. L’implantation progressive d’espèces pionnières des pelouses calcicoles conduit à la fermeture du tapis végétal et à de fréquentes situations dynamiques intermédiaires. La strate toujours complexe des mousses et des lichens est habituellement très diversifiée et joue un rôle protecteur important dans les processus de germination et de développement des plantules.
L’origine de ces communautés peut être primaire sur les corniches rocheuses et les vires rocheuses des bordures de plateaux calcaires, mais les situations les plus fréquentes sont associées aux affleurements rocheux des parcours pastoraux d’ovins, de caprins ou de bovins. La végétation à caractère secondaire de ces dalles calcaires appartient aux paysages complexes des systèmes pastoraux extensifs des plateaux de calcaires durs et se trouve favorisée par le piétinement des troupeaux. L’action des lapins y est également souvent déterminante.
En France, cet habitat est assez largement distribué sur les plateaux de calcaires durs des domaines atlantique et médioeuropéen depuis le Périgord jusqu’aux Alpes, au Jura et à la Lorraine. En dehors de ces régions calcaires, l’habitat est localisé à de rares pointements rocheux.
Ces pelouses s’insérant dans des unités de gestion pastorale plus larges, aucune gestion ne doit leur être plus particulièrement appliquée au-delà du maintien d’un pâturage extensif et de la canalisation de la fréquentation des sites par les randonneurs.

Déclinaison en habitats élémentaires

L’habitat est encore imparfaitement connu en France, notamment dans les régions atlantiques à subatlantiques. En outre, les difficultés d’analyse typologique et structurale des complexes de pelouses sur calcaires durs ne permettent malheureusement pas toujours d’exploiter le matériel phytosociologique, par suite de confusions avec les pelouses pionnières riches en thérophytes des lithosols sur rochers calcaires (classe des Stipo capensis-Trachynietea distachyae). De même les limites avec les communautés subatlantiques à médio-européennes, planitiaires à montagnardes, acidiclines (alliance du Sedo albi-Veronicion dillenii) largement répandues sur substrats volcaniques et cristallins sont parfois difficiles à fixer et des interprétations différentes ont été proposées par certains auteurs. Enfin, des conceptions méthodologiques différentes amènent certains auteurs à intégrer les bryophytes et les lichens à la définition des associations végétales vasculaires des dalles.
La dizaine d’associations provisoirement recensées, dont certaines sont à revoir, peuvent être réparties en deux habitats élémentaires en fonction des bioclimats d’altitude.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
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