Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

L’habitat A5-5 Sables médiolittoraux en milieu à salinité a été ajouté dans la première version de la typologie (Michez et al., 2013) sous la codification M04.03 Sables intertidaux en milieux à salinité variable. Le code et l’intitulé ont été modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Etage : Médiolittoral
Nature du substrat : Sables très fins (≥ 63 µm) à moyens (< 500 µm), propres ou envasés [5 à 25 % de particules < 63 µm]
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Faible à fort
Salinité : Variant de l'eau saumâtre à faible salinité à la salinité proche de celle de la mer
Température : Cyclotherme journalier, bimensuel et saisonnier
Lumière : Système phytal, Eaux claires ou turbides
Régime trophique : Oligotrophe à eutrophe

Bancs de sables très fins à moyens, propres ou envasés, formés dans les estuaires ou sur les rivages des baies et des lagunes sous influence d’eaux douces. Dans l’estuaire interne, ils sont le résultat de la désagrégation des versants par le fleuve, qui transporte par saltation les particules sédimentaires d’origine continentale jusque sur les berges abritées. En milieux ouverts, ils sont d’origine fluviale et marine. Les grains se répartissent le long des rivages en fonction de leur taille et de leur densité. De manière générale, plus on s’approche des embouchures, plus le taux d’envasement diminue. Le sédiment sèche plus ou moins à marée basse selon sa granulométrie et le profil de pente. L’endofaune est généralement paucispécifique dans les sables propres mobiles et plus diversifiée dans les sables fins envasés. Ceci est valable dans les milieux où la salinité est relativement proche de celle de la mer.

La granulométrie du substrat, la topographie du site et le gradient de salinité, directement liés à la circulation des masses d’eaux locales, sont les facteurs de variabilité principaux de cet habitat. Leur combinaison détermine la composition faunistique. Plus le sédiment est fin et envasé, plus l’endofaune est diversifiée, mais plus la salinité diminue, plus elle s’appauvrit. La structuration de la faune benthique varie également selon l’élévation et le régime tidal (mésotidal, macrotidal ou mégatidal).
Les sables propres mobiles sont situés dans les zones exposées à un hydrodynamisme relativement important. On les retrouve plus fréquemment en milieux ouverts, à l’embouchure des systèmes estuariens ou dans les baies sous influence d’eaux douces. Ils peuvent parfois s’accumuler en bordures d’îlots au sein des estuaires.
Les sables envasés sont retrouvés dans des secteurs soumis à des régimes de courants moins importants. Ils se trouvent principalement dans les zones abritées des estuaires externes et des baies, en partie avale des estuaires internes et dans les lagunes.

L’habitat médiolittoral A5-5 ne se reconnaît pas par des espèces caractéristiques mais par le type de substrat en milieu à salinité variable.

La liste fournie regroupe les espèces associées aux différents types de faciès de cet habitat, des sables moyens propres aux sables fins envasés, communément retrouvées dans les secteurs polyhalin, mésohalin et oligohalin. Pour le secteur euhalin, se référer aux listes d’espèces associées aux habitats A5-2 Sables médiolittoraux mobiles, A5-3 Sables fins médiolittoraux et A5-4 Sables fins envasés médiolittoraux, auxquelles peuvent être ajoutées les espèces citées ici.
Des espèces inféodées à d’autres habitats, associés ou en contact, peuvent être retrouvées dans les sables médiolittoraux, transportés par les flots.
En domaines oligohalin et mésohalin, le type sédimentaire joue un rôle secondaire dans la structuration des peuplements benthiques. On pourra ainsi trouver dans ces secteurs les mêmes espèces quel que soit le type de substrat meuble.

Les bancs de sables mobiles peuvent présenter des variations saisonnières importantes, avec une accumulation de sédiments pendant les mois calmes de l’été et une érosion lors des tempêtes et des crues hivernales. A l’échelle temporelle des marées, en milieux ouverts exposés, la formation de laisses de mer au sommet des rivages attire des invertébrés détritivores, tel que le crustacé amphipode Talitrus saltator, ainsi que leurs prédateurs.
Les rivages abrités de sables vaseux sont plus stables à l’année, mais peuvent être recouverts par un tapis de macroalgues (Ulva spp.) durant l’été, en particulier dans les zones riches en nutriments.
L’endofaune qui subit ces variations sera la plus diversifiée et la plus abondante au cours de la saison calme, surtout dans les sédiments fins. Dans les sables moyens propres, les communautés benthiques évoluent peu. La dispersion verticale des espèces benthiques le long de l’estuaire évolue selon les fluctuations saisonnières du débit du fleuve et des gradients de salinité. En conditions hivernales, le fort débit fluvial emporte les communautés benthiques à la dérive qui de surcroît ne sont plus adaptées aux conditions de salinité du même secteur. La saison estivale, synonyme d’un régime hydraulique et de gradients de salinité plus stables, favorise le recrutement d’espèces.

L’habitat A5-5 peut être en contact avec les habitats suivants (liste non exhaustive) :
Contact supérieur avec les habitats supralittoraux :
- A6-2 Vases supralittorales en milieu à salinité variable du schorre

Contact ou association de même niveau bathymétrique :
- A1-5 Roches ou blocs médiolittoraux avec fucales en milieu à salinité variable
- A3-3 Sédiments grossiers médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A4-2 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A6-3 Vases médiolittorales en milieu à salinité variable de la slikke
- A5-6.2 Herbiers à Zostera noltei sur sables médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A6-4.2 Herbiers à Zostera noltei sur vases médiolittorales en milieu à salinité variable

Contact inférieur avec les habitats infralittoraux :
- B1-8 Roches ou blocs infralittoraux en milieu à salinité variable
- B3-3 Sables grossiers et graviers infralittoraux en milieu à salinité variable
- B4-2 Sédiments hétérogènes infralittoraux en milieu à salinité variable
- B5-4 Sables mobiles infralittoraux en milieu à salinité variable
- B5-5 Herbiers à Zostera marina sur sables infralittoraux
- B5-6 Herbiers à Ruppia maritima sur sables infralittoraux
- B6-4 Vases infralittorales en milieu à salinité variable

Confusion possible avec les habitats A3-3 Sédiments grossiers médiolittoraux en milieu à salinité variable et A6-3 Vases médiolittorales en milieu à salinité variable de la slikke selon l’appréciation de la granulométrie du sédiment sur le terrain. Ces habitats peuvent de plus accueillir une faune similaire, voire identique, en domaines mésohalin et oligohalin. Des analyses sédimentaires complètes en laboratoire permettraient de distinguer si nécessaire ces différents habitats.
Une confusion d’ordre altitudinale peut aussi avoir lieu avec l’habitat B5-4 Sables mobiles infralittoraux en milieu à salinité variable. Le relevé des coordonnées GPS couplé aux cartes marines permet de faire la distinction.
Pour ces mêmes facteurs bathymétrique et granulométrique, les habitats B3-3 Sables grossiers et graviers infralittoraux en milieu à salinité variable et A5-5 Sables médiolittoraux en milieu à salinité variable peuvent également porter à confusion.

Les bancs de sables sont visibles dans la plupart des estuaires et des abers de la façade Manche – Mer du Nord – Atlantique, généralement proches des embouchures ou en bordure d’îlots. Ils sont également présents dans les baies et lagunes sous influence d’eaux douces.

La partie supérieure des bancs ou des dunes de sable recouverts par la laisse de mer constitue un écosystème fréquenté par les crustacés et insectes détritivores, eux-mêmes consommés par des oiseaux marins.
Les sables envasés en milieux abrités représentent une zone potentielle de nourrissage pour des oiseaux limicoles.

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1140 « Replats boueux ou sableux exondés à marée basse ». Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines submergées ou semi-submergées » sous réserve de respect des critères d'identification de l'HIC (notamment de structure) et à l’HIC 1130 « Estuaires » ou l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.

Pas d’information disponible.

Latry L., Blanchet H.

2020

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