Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)
Date de mise à jour du jeu de données
01/03/2019
Auteurs de la typologie
Noëmie Michez (UMS 2006 PATRINAT), Annabelle Aish (MNHN-SPN), Ann C. Andersen (ABICE/UMR 7144/ Sorbonne Université), Erwan Ar Gall (LEMAR/UMR 6539/IUEM), Alexandrine Baffreau (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Touria Bajjouk (LEBCO/DYNECO/IFREMER), Hugues Blanchet (EPOC/UMR 5805/Université de Bordeaux), Pauline Cajeri (LIENSs/UMR 7266/Université de La Rochelle), Pauline Chauvet (LEP/EEP/IFREMER), Jean-Claude Dauvin (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Dominique Davoult (EFEB/UMR 7144/ Sorbonne Université), Thibaut de Bettignies (UMS 2006 PATRINAT), Marie-Noëlle de Casamajor (LRHAQ/IFREMER), Sandrine Derrien-Courtel (Station de Biologie Marine de Concarneau/MNHN), Stanislas Dubois (LEBCO/DYNECO/IFREMER), Marie-Claire Fabri (LERPAC/LITTORAL/IFREMER), Aurélie Foveau (FBN/LELRA/IFREMER), Franck Gentil (DIVCO/UMR 7144/ Sorbonne Université), Brigitte Guillaumont (LEP/EEP/IFREMER), Jacques Grall (UMS 3113/IUEM/UBO), Christian Hily (LEMAR/CNRS/IUEM/UBO), Céline Houbin (Station Biologique de Roscoff/OSU), Anne-Laure Janson (UMS 2006 PATRINAT), Marie La Rivière (UMS 2006 PATRINAT), Laurent Lévèque (Station Biologique de Roscoff/OSU), Line Le Gall (ISYEB/UMR 7205/MNHN), Sophie Lozach (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Lénaick Menot (LEP/EEP/IFREMER), Josiane Popovsky (IMA), Céline Rolet (LOG/UMR 8187/Université Lille 1), Thierry Ruellet (GEMEL), Pierre-Guy Sauriau (LIENSs/UMR 7266/Université de La Rochelle), Nathalie Simon (AD2M/UMR 7144/Sorbonne Université), Laurent Soulier (IMA), Eric Thiébaut (DIVCO/UMR 7144/ Sorbonne Université), Julie Tourolle (LEP/EEP/IFREMER), Inge Van den Beld (LEP/EEP/IFREMER)
Auteurs de la table
PatriNat
Territoire(s) concerné(s)
Manche, Mer du Nord et Atlantique français
Organisme responsable
PatriNat
Langue d'origine des données
FR
Contexte
Compte tenu de l’intérêt grandissant des politiques publiques pour le milieu marin et de l’actualité chargée des différents programmes de gestion, de conservation ou d’inventaire (inventaires ZNIEFF, inventaire biologique et analyse écologique des habitats marins patrimoniaux des sites N2000 et des PNM, Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin, Système d’Information sur la Nature et le Paysage), le besoin de cohérence est élevé. Le développement de ces programmes nécessite la mise en place et l’utilisation d’outils tels que les référentiels. Ils permettent de définir un langage commun ainsi que les unités de travail. Parmi ces référentiels, il existe plusieurs classifications des habitats benthiques. Créées dans des contextes particuliers, elles répondent à des objectifs donnés, soit de connaissance et d’inventaire comme la typologie des ZNIEFF-Mer (Dauvin et al., 1994), soit de gestion et de conservation comme la typologie des habitats d’intérêt communautaire de l’Union Européenne (European Commission, 2007). Ces outils, adaptés à leur problématique, se rapportent à des échelles différentes : européenne pour Natura 2000 et EUNIS, nationale ou régionale pour les ZNIEFF. Il était nécessaire d’homogénéiser et d’harmoniser ces référentiels existants. Pour cela un nouveau référentiel national des habitats marins benthiques a été créé en synthétisant cet existant et en le complétant. Il est composé de deux typologies : une relative aux biocénoses de Méditerranée et l’autre concernant les habitats de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Son utilisation est préconisée pour l’ensemble des programmes ayant trait à la conservation des habitats marins à l’échelle nationale.
Description du travail
Cette typologie sert de référence à l’échelle nationale pour les habitats marins benthiques présents en Manche, en Mer du Nord et en Atlantique.
Sa première version, parue en 2013 (rapport explicatif Michez et al., 2013), était intégralement basée sur la proposition de typologie du REBENT (Guillaumont et al., 2008 et Bajjouk et al., 2011) à laquelle des habitats identifiés dans la bibliographie ou émanant de la communauté scientifique avaient été intégrés ainsi que certains habitats de la classification EUNIS (2008). Elle contenait 458 unités réparties en 7 niveaux. Suite à l’acquisition de nouvelles informations sur les habitats marins benthiques, une mise à jour de la typologie était nécessaire pour qu’elle soit le reflet des connaissances actuelles et a abouti à une deuxième version parue en 2015 (rapport explicatif Michez et al., 2015). Elle incluait 565 unités réparties en 6 niveaux. La version actuelle, la version 3, est parue en 2019 (rapport explicatif Michez et al., 2019). Elle comporte 664 unités hiérarchisées selon 5 niveaux. Par rapport à la version 2, le premier niveau hiérarchique a entièrement été modifié par soucis de cohérence avec la mise à jour d’EUNIS. Il se compose de 28 unités qui sont des combinaisons d’un étage et d’un type de substrat (par exemple les roches infralittorales). De nouveaux habitats ont été ajoutés, la codification a été totalement revisitée et la terminologie a été homogénéisée.
La collaboration de nombreux experts benthologues a été primordiale pour l'établissement et la consolidation de ce référentiel.
Origine du jeu de données
Fichier créé par Noëmie Michez et mis à jour par Marie La Rivière, Juliette Delavenne et Salomé Andres (PatriNat)
Références bibliographiques
Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p.
Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J.-C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Le Gall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiebaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p.
Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p.
La Rivière M., Delavenne J., Janson A.-L., Andres S., de Bettignies T., Blanchet H., Decaris F.-X., Derrien R., Derrien-Courtel S., Grall J., Houbin C., Latry L., Le Gal A., Lutrand A., Menot L., Percevault L., Tauran A., Thiébaut E., 2022. Fiches descriptives des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique. PatriNat (OFB-CNRS-MNHN),Paris.
Bajjouk T., Derrien S., Gentil, F., Hily C., Grall J., 2011. Typologie d’habitats marins benthiques : analyse de l’existant et propositions pour la cartographie. Habitats côtiers de la région Bretagne - Note de synthèse n° 2 - Habitats du circalittoral. Projets REBENT-Bretagne et Natura 2000-Bretagne. RST/IFREMER/DYNECO/AG/11-03/TB. 24 p. + Annexes.
Bajjouk T., Menot L., Van den Beld I., Tourolle J., Fabri M.C., Chauvet P., 2015. Contributions au Référentiel National des Habitats Benthiques de la Région Atlantique : Identification et Classification des Habitats Profonds ‐ Fiches Descriptives. Rapport d’activités 2014, Réf. RST/IFREMER/DYNECO/AG/15‐03/TB, 41 p.
Commission OSPAR, 2008. Descriptions des habitats inscrits sur la liste OSPAR des espèces et des habitats menacés et/ou en déclin. Commission OSPAR, numéro de référence 2008-07, 10 p.
Dauvin J.C., Bellan G., Bellan-Santini D., Castric A., Comolet-Tirman J., Francour F., Gentil F., Girard A.,Gofas S., Mahé C., Noël P. et de Reviers B., 1994. Typologie des ZNIEFF-Mer, liste des paramètres et des biocénoses des côtes françaises métropolitaines. Coll. Patrimoines Naturels, vol. 12. 2e éd., Secrétariat Faune-Flore/MNHN, Paris, 70 p.
European Topic Centre on Biological Diversity, 2012. European Nature Information System (EUNIS) Database. Habitat types and Habitat classifications. ETC/BD-EEA, Paris. Traductions et statut de présence en France : SPN-MNHN et IFREMER / INPN, octobre 2016.
Evans D., Aish A., Boon A., Condé S., Connor D., Gelabert E. Michez N., Parry M., Richard D., Salvati E., Tunesi L., 2016. Revising the marine section of the EUNIS Habitat classification - Report of a workshop held at the European Topic Centre on Biological Diversity, 12 & 13 May 2016. ETC/BD report to the EEA, 8 p.
Guillaumont B., Bajjouk T., Rollet C., Hily C., Gentil, F., 2008. Typologie d’habitats marins benthiques : analyse de l’existant et propositions pour la cartographie - Habitats côtiers de la région Bretagne - Note de synthèse. Projets REBENT-Bretagne et Natura-Bretagne. RST/IFREMER/DYNECO/AG/08-06/REBENT. 16p + Annexes.
Référencement
PatriNat, 2023. Table de la typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl). Base de données HabRef v7.
Dernière modification
Depuis la version 5.0 d'HABREF (novembre 2019), modifications de la version 3 de la typologie incluses dans la version 7.0 d'HABREF : 108 fiches descriptives complètes ont été ajoutées pour toutes les unités de niveau 2 et certains champs descriptifs ont été remplis pour 320 fiches de niveau 3 ou 4. Le libellé de 10 unités a été modifié (5 pour tenir compte de l'évolution de la taxonomie et 5 pour clarifier le cadre de l'unité). Une unité de niveau 3 a été supprimée et les 2 unités de niveau 4 qu'elle incluait ont été déplacées. Le statut de présence en France de 22 unités a été modifié en incertain (à confirmer).
Version 3 de la typologie incluse dans la version 5.0 d’HABREF, pour plus d’explications sur les modifications opérées dans cette version de la typologie se reporter au rapport : Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p.
Source de l'ajout à la typologie
L’habitat B3-4 Bancs de maerl sur sables grossiers et graviers infralittoraux était inclus dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code P03.01 Bancs de maërl sur sédiments propres. Dans la version 3 (Michez et al., 2019), des précisions sur le substrat sont ajoutées et l’intitulé devient « Bancs de maërl sur sables grossiers et graviers infralittoraux ».
Facteurs abiotiques
Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Sables grossiers ; Graviers
Répartition bathymétrique : 5-40 m
Hydrodynamisme : Fort
Salinité : Milieu marin
Température : Variable
Lumière : Eaux claires
Régime trophique : Mésotrophe
Caractéristiques stationnelles
Les bancs de maerl sont composés d’algues rouges corallinacées non fixées vivantes, géographiquement isolés dans l’étage infralittoral. En mer ouverte les bancs sont dominés essentiellement par l’espèce Phymatolithon calcareum même si d’autres espèces de maerl peuvent être présentes (Lithothamnion corallioides, Phymatolithon lusitanicum, Lithophyllum fasciculatum).
Les brins de maerl s’accumulent au-dessus d’une matrice sédimentaire composée de sables grossiers propres ou de graviers. Les pélites sont absentes au moins dans les premiers centimètres de dépôts sédimentaires, apparaissant plus profondément dans la colonne sédimentaire. Ces bancs sont très souvent structurés en ripple-marks dont les rides peuvent atteindre plusieurs dizaines de cm voire 1m de hauteur.
La vitalité du maerl y est généralement moyenne, autour de 50% de recouvrement, même si certains bancs peuvent laisser apparaitre de larges surfaces de maerl mort. En général, le maerl vivant se concentre au creux des ripple-marks, ce qui entraîne une forte variabilité naturelle de la couverture en maerl vivant à petite échelle. Cela est naturel.
Les algues rouges vivant en épiphyte sur les thalles de maerl sont nombreuses saisonnièrement : Rhodymenia ardissonei, Rhodothamnielia floridula, Cruoria cruoriiformis, Cordylecladia erecta, Spermothamnion repens. La faune associée est riche et diversifiée, les bancs de maerl apparaissant comme l’habitat le plus riche en espèce de l’infralittoral côtier de métropole (plus de 2400 taxons associés au maerl identifiés à ce jour). Les espèces dominantes et régulières des bancs de maerl sur sables grossiers et graviers infralittoraux sont les crustacés Pisidia longicornis, Liocarcinus pusillus, Atelecyclus rotundatus, Ebalia tuberosa, les amphipodes Socarnes erythrophthalmus, Animoceradocus semiserratus, les annélides Polygordius lacteus, Glycera alba, Lysidice unicornis, Mediomastus fragilis, les mollusques gastropodes Gibbula magus, Rissoa lilacina, les bivalves Clausinella fasciata, Polititapes rhomboides, le chiton Leptochiton scabridus, les échinodermes Sphaerechinus granularis, Ophiura albida. En outre ces bancs peuvent abriter des populations denses de coquilles Saint-Jacques ou de praires (Venus casina).
Variabilité
Les communautés associées aux bancs de maerl sont contrôlées par différents paramètres environnementaux et biotiques présentés ci-dessous.
- Lumière : Si le maerl a besoin de lumière pour se développer, il se restreint cependant souvent aux zones où celle-ci est relativement limitée. Faible compétiteur avec les autres macroalgues, Lithothanmion et Phymatolithon spp. sont, et présentent même, une inhibition face aux trop fortes lumières incidentes ; Par contre, il est capable d’assurer sa croissance à des profondeurs essentiellement inaccessibles aux autres macroalgues rouges.
- Turbidité : l’accès à la lumière est un facteur essentiel pour le maerl. Les fortes turbidités (supérieures à 10mg/l sur de longues périodes) dégradent ses capacités de survie et empêchent le développement de bancs importants (cf Pertuis Charentais).
- Profondeur : Il s’agit d’un paramètre évidemment en lien avec lumière et turbidité. Néanmoins, les algues constituant le maerl sont extrêmement sensibles à la dessiccation et ne peuvent donc survivre sur l’estran. La profondeur maximale atteinte est souvent liée à la topographie des lieux (présence de banquettes relativement planes).
- Salinité : le maerl est sensible aux baisses de salinité qui entraînent des problèmes de calcification. Sa répartition se limite donc aux zones strictement euhalines et ne pénètre pas les estuaires. L’hypothèse ancienne proposant que les bancs de maerl s’installaient préférentiellement face aux apports d’eau douce directs a été réfutée.
- Épaisseur de maerl « libre » : l’épaisseur de maerl qui n’est pas envasée peut varier d’un banc à l’autre. Il a été démontré que ce paramètre contrôle directement la biodiversité associée en termes de nombre d’espèces associées et de diversité fonctionnelle.
L’habitat B3-4 présente une variante qui n’est pas à ce jour inclue dans la typologie comme sous-habitat mais qui peut être rencontrée sur nos côtes :
- Bancs de maerl et cailloutis des chenaux tidaux : il se caractérise par la présence de brins de maerl en mélange avec des cailloutis, pour certains couverts par la forme encroûtante de P. calcareum, et se situe dans les chenaux entre les ilots des mers à fort marnage. Relativement pauvre en espèces, il est associé à la présence d’espèces de milieu rocheux (algues Melobesioideae, porifères, cnidaires), mollusques Gibbula magus, Ocinebrina aciculata, Steromphala cineraria.
Communautés ou espèces caractéristiques
L’habitat se reconnaît par la présence de maerl à la surface du sédiment. Il est généralement admis qu’une couverture en maerl (vivant ou mort) de 30% constitue la limite qui permet de définir un banc de maerl.
Espèces associées
La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat. Les inventaires menés sur les bancs de maerl ont permis de recenser à ce jour près de 1500 espèces associées aux bancs de maerl sur sables grossiers. Ces espèces proviennent soit de milieux meubles soit de milieux rocheux. La liste d’espèces associées présentée ici ne constitue en aucun cas une liste exhaustive.
Les peuplements de faune associés aux bancs de maerl sur sables grossiers et graviers se composent essentiellement :
- des éponges Ciocalypta penicillus, Suberites carnosus ;
- des cnidaires Cerianthus lloydii, Capnea sanguinea, Peachia cylindrica ;
- des siponcles Golfingia (Golfingia) elongata et Phascolion (Phascolion) strombus strombus ;
- des polychètes Polygordius lacteus, Notomastus latericeus, Lumbrineris latreilli, Pista cf mediterranea, Glycera lapidum, Caulleriella alata, Eurysyllis tuberculata, Scalibregma celticum, Heteromastus filiformis ;
- des crustacés décapodes Pisidia longicornis, Galathea intermedia, Athanas nitescens, Pagurus prideaux, Liocarcinus pusillus, Ebalia tuberosa, Atelecyclus rotundatus, des amphipodes melitidae Abludomelita gladiosa, Gammarella fucicola, Animoceradocus semiserratus, Socarnes erythrophthalmus, Leptocheirus tricristatus, de la caprelle Phtisica marina, des isopodes Janira maculosa, Jaera (Jaera) albifrons, Paranthura nigropunctata, des tanaidacés Apseudopsis latreilli et Apseudes talpa ;
- des mollusques polyplacophores Leptochiton cancellatus, Callochiton septemvalvis, des gastéropodes Caecum glabrum, Euspira nitida, Tectura virginea, Bittium reticulatum, Onoba semicostata, Gibbula magus, des bivalves Clausinella fasciata, Polititapes rhomboides, Aequipecten opercularis, Loripes orbiculatus ;
- des échinodermes avec les ophiures Amphipholis squamata, Ophiotrix fragilis, les oursins Sphaerechinus granularis et Psammechinus miliaris, les holothuries Pseudothyone raphanus, Ocnus planci ;
- des ascidies.
Dynamique temporelle
La dynamique saisonnière est forte en termes d’abondance en organismes associés (faune et flore) qui atteint son maximum en début d’automne et est minimale en fin d’hiver. Les juvéniles d’invertébrés sont nombreux à y recruter au printemps puis peuvent migrer vers d’autres habitats (pectinidae).
Les bancs de maerl sont des formations sédimentaires mobiles dont les contours peuvent varier en fonction des plans de houles dominants ou par l’effet de tempêtes exceptionnelles. Leur emplacement peut donc varier au cours des saisons.
Habitats pouvant être associés ou en contact
L’habitat B3-4 peut, entre autres, être associé ou en contact avec :
- A3-2 Sédiments grossiers propres médiolittoraux : continuité bathymétrique, contact supérieur
- B3-2 Sables grossiers et graviers infralittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible.
- B5-2 Sables fins propres infralittoraux : contact de même niveau
- B5-3 Sables fins envasés infralittoraux : contact de même niveau
- B4-1 Sédiments hétérogènes infralittoraux : contact de même niveau
- B1-1 Roches ou blocs de la frange infralittorale : contact de même niveau
- B4-4 Herbiers à Zostera marina sur sédiments hétérogènes infralittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible
- B5-5 Herbiers à Zostera marina sur sables infralittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible
Confusions possibles
Il n’est pas possible de confondre les bancs de maerl avec d’autres habitats meubles. Néanmoins une confusion est possible avec l’habitat B4-3 Bancs de maerl sur sédiments hétérogènes envasés infralittoraux qui se caractérise par un fort taux de pélites à proximité de la surface du sédiment.
Répartition géographique
L’habitat se répartit essentiellement sur la façade Atlantique et en particulier sur les côtes de Bretagne, du cotentin jusqu’à Belle-Ile.
Fonctions écologiques
Les bancs de maerl constituent un des habitats côtiers les plus riches et les plus fragiles de nos zones côtières. Par leur structure physique tridimensionnelle, ils abritent une biodiversité exceptionnelle, regroupant au même endroit des espèces aux affinités très différentes (de milieux rocheux et de milieux meubles). Par-là, ils jouent le rôle de réservoir potentiel de biodiversité en abritant un pool d’espèces qui peut potentiellement aider à recoloniser des habitats qui se seraient dégradés.
Les bancs de maerl jouent également un rôle important en tant que nurserie pour de nombreuses espèces halieutiques (coquillages tels que les pectinidés, palourdes, praires, les ormeaux), les crustacés (araignées de mer, homards) et les poissons (gadidés, sparidés, …). Ce rôle de nurserie peut varier localement en fonction des espèces présentes et doit donc être évalué pour chaque banc rencontré.
Les bancs de maerl, par l’abondance de la faune qu’ils abritent jouent également un rôle de nourricerie pour une large gamme de poissons qui les exploitent régulièrement.
Enfin ils jouent également un rôle de nourricerie pour les oiseaux plongeurs (cormorans) et peuvent même localement jouer un rôle essentiel pour des hivernants tels que les Harles huppés, Grèbes huppés et à cou noir, ou les plongeons.
Ces rôles peuvent varier localement en fonction des espèces présentes.
Statut de conservation
Les bancs de maerl au sens large sont listés par la Convention OSPAR comme habitat menacé et/ou en déclin. Au titre de la DHFF (92/43/CEE), l’habitat B3-4 peut être inclus dans le HIC 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde. L’habitat B3-4 peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires », à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » ou à l’HIC 1160 « Grandes criques et baies peu profondes » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille). Deux des espèces constitutives du maerl (Lithothamnium coralloides et Phymatholithon calcareum) font également partie des espèces d’intérêt communautaire listées à l’annexe V de la DHFF.
Tendance évolutive
La tendance évolutive s’est avérée plutôt négative sous la pression des activités de pêche au cours des dernières décennies. La question des effets du changement global commence à être évaluée en termes de capacité du maerl à assurer sa croissance (acidification) et en compétition face à des algues opportunistes.
Sur le long terme, les bancs de maerl peuvent potentiellement être menacés par l’acidification de l’eau de mer qui engendre des problèmes de précipitation du carbonate de calcium par la plante ainsi que des problèmes de compétition avec d’autres algues rouges.
Auteur(s)
Grall J., Tauran A.
Date de rédaction
2020
Bibliographie
Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)
Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J. -C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Legall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiébaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p. (Source)
Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p. (Source)
Bajjouk T., Duchêne J., Guillaumont B., Bernard M., Blanchard M., Derrien-Courtel S., Dion P., Dubois S., Grall J., Hamon D., Hily C., Le Gal A., Rigolet C., Rossi N. & Ledard M., 2015. Les fonds marins de Bretagne, un patrimoine remarquable : connaître pour mieux agir. Edition Ifremer - DREAL Bretagne, 152 p. http://dx.doi.org/10.13155/42243
Bajjouk T., Guillaumont B., Michez N., Thouin B., Croguennec C., Populus J., Louvel‐Glaser J., Gaudillat V., Chevalier C., Tourolle J. & Hamon D., 2015. Classification EUNIS, Système d’information européen sur la nature : Traduction française des habitats benthiques des Régions Atlantique et Méditerranée. Vol. 1. Habitats Littoraux. Réf. IFREMER/DYNECO/AG/15‐02/TB1, 231 p.
BIOMAERL team, 1999. Final Report, BIOMAERL project (Coordinator: P.G. Moore, University Marine Biological Station Millport, Scotland), EC Contract No. MAS3-CT95-0020, 973 p.
Birkett D.A., Maggs C.A. & Dring M.J., 1998. Maerl (volume V). An overview of dynamic and sensitivity characteristics for conservation management of marine SAC’s. Scottish Association for Marine Science (UL Marine SAC’s Project), 116 p.
Croguennec C., Guillaumont B., Bajjouk T., Hily C. & Gentil F., 2011. REBENT – Atlas de cartes d’habitats historiques. Rapport RST/IFREMER/DYNECO/AG/11-10/REBENT/CC, 110 p. + annexes.
Grall J., 2009. Fiche de synthèse d’habitat “Maerl” - Avril 2009, 9 p.
Hall-Spencer J.M., Kelly J. & Maggs C.A., 2010. Background Document for Maërl beds Biodiversity Series, 36 p.
Hily C. & Kerninon F. 2012. Caractéristiques et état biologique - Golfe de Gascogne. Habitats particuliers du médiolittoral. Evaluation Initiale – DCSMM. 14 p.
Hily C. & Kerninon F. 2012. Caractéristiques et état biologique - Manche Mer du Nord. Habitats particuliers du médiolittoral. Evaluation Initiale – DCSMM. 15 p.
Hily C. & Kerninon F. 2012. Caractéristiques et état biologique - Mers Celtiques. Habitats particuliers du médiolittoral. Evaluation Initiale – DCSMM. 10 p.
Le Mao P., Godet L., Fournier J., Desroy N., Gentil F., Thiébaut É.& Pourinet L. 2019. Atlas de la faune marine invertébrée du golfe Normano-Breton. Volume 1. Présentation. Station biologique de Roscoff, 83 p.
Peña V., Bárbara I., Grall J., Maggs C.A. & Hall-Spencer J.M., 2014. The diversity of seaweeds on maerl in the NE Atlantic. Marine Biodiversity, 44(4): 533-551. https://doi.org/10.1007/s12526-014-0214-7