E1-6 - Jardins et colonies isolées de coraux sur roches bathyales

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat E1-6 Jardins et colonies isolées de coraux sur roches bathyales de la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019) est une réorganisation des habitats de niveau 2 : P23 Jardins de coraux et R10 Roches et blocs du bathyal de la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015). L’ajout original à la version 2 provient des documents de références suivants : la typologie CORALFISH, la typologie EUNIS dans sa version 2007, la liste OSPAR et les habitats décrits par Le Danois (1948).
L’habitat P23 contenait alors les deux sous-habitats suivants (seul le premier est conservé pour la nouvelle classification E1-6) :
o P23.01 Jardins de coraux sur substrat dur qui présente trois sous-unités :
- P23.01.01 Jardins de scléractiniaires non récifaux au sein duquel se différenciaient les « Jardins d'Enallopsammia cf. rostrata » (P23.01.01.01), les « Jardins de Dendrophyllia » (P23.01.01.02) et les « Jardins de Caryophyllia spp. » (P23.01.01.03).
- P23.01.02 Jardins d’antipathaires et/ou de gorgones au sein duquel se différenciaient les « Jardins de Parantipathes spp. » (P23.01.02.01), les « Jardins d'Isidella elongata » (P23.01.02.02), les « Jardins de Narella cf. versluysi » (P23.01.02.03), les « Jardins de Plexauridae » (P23.01.02.04) et les « Jardins d'Acanella cf. arbuscula » (P23.01.02.05).
- P23.01.03 « Jardins d’alcyoniina » au sein duquel se différenciaient les « Jardins d'Anthomastus cf. grandiflorus » (P23.01.03.01) et les « Jardins de Nephtheidae » (P23.01.03.02).
o P23.02 Jardins de coraux sur substrat meuble qui présente trois sous-unités (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
L’habitat R10 contenait alors les huit sous-habitats suivants (seul le premier est conservé dans la réorganisation de la classification de E1-6) :
o R10.01 Colonies isolées de scléractiniaires récifaux qui présente la sous-unité suivante :
- R10.01.01 Colonies isolées de Madrepora, Desmophyllum pertusum ou mixte.
o R10.02 Agrégations d’éponges (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.03 Agrégations de crinoïdes pédonculés (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.04 Agrégations de brachiopodes (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.05 Agrégations de mégafaune mixte (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.06 Débris d'huîtres (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.07 Débris de coraux (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
o R10.08 Substrats durs du bathyal à faible couverture macrobiotique (ce sous-habitat ne faisant pas partie de la réorganisation de l’habitat E1-6, sa classification n’est pas détaillée ici).
Dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019), les sous-habitats P23.01 et R10.01 sont rassemblés pour former un seul habitat de niveau 2 : E1-6 Jardins et colonies isolées de coraux sur roches bathyales qui contient désormais quatre sous-habitats.
● Le sous-habitat E1-6.1 Colonies isolées de scléractiniaires récifaux sur roches bathyales (anciennement R10.01) qui contient la sous-unité E1-6.1.1 Colonies isolées de Madrepora et Desmophyllum pertusum (anciennement Lophelia pertusa ou mixte sur roches bathyales » (R10.01.01).
● Le sous-habitat E1-6.2 Jardins de scléractiniaires non récifaux sur roches bathyales (anciennement P23.01.01) qui regroupe les sous-unités « Jardins d'Enallopsammia cf. rostrata sur roches bathyales » (E1-6.2.1 anciennement P23.01.01.01), « Jardins de Dendrophyllia sur roches bathyales » (E1-6.2.2 anciennement P23.01.01.02) et « Jardins de Caryophyllia spp. sur roches bathyales » (E1-6.2.3 anciennement P23.01.01.03).
● Le sous-habitats E1-6.3 Jardins d’antipathaires et/ou de gorgones sur roches bathyales (anciennement P2301.02) regroupe les sous-unités « Jardins de Parantipathes spp. sur roches bathyales » (E1-6.3.1 anciennement P23.01.02.01), les « Jardins d'Isidella elongata sur roches bathyales » (E1-6.3.2 anciennement P23.01.02.02), les « Jardins de Narella cf. versluysi sur roches bathyales » (E1-6.3.3 anciennement P23.01.02.03), les « Jardins de Plexauridae sur roches bathyales » (E1-6.3.4 anciennement P23.01.02.04) et les « Jardins d'Acanella cf. arbuscula sur roches bathyales » (E1-6.3.5 anciennement P23.01.02.05).
● Le sous-habitat E1-6.4 Jardins d’Alcyoniina sur roches bathyales (anciennement P23.01.03) regroupe les sous-unités « Jardins d'Anthomastus cf. grandiflorus sur roches bathyales » (E1-6.4.1 anciennement P23.01.03.01) et les « Jardins de Nephtheidae sur roches bathyales » (E1-6.4.2 anciennement P23.01.03.02).
En 2021, suites à des évolutions dans la taxonomie des octocoralliaires, le sous-habitat de niveau 3 E1-6.3 Jardins d'antipathaires et/ou de gorgones sur roches bathyales devient E1-6.3 Jardins d'antipathaires et/ou d’octocoralliaires sur roches bathyales. De plus, E1-6.4 Jardins d’Alcyoniina sur roches bathyales est supprimé. Le sous-habitat E1-6.4.1 Jardins d'Anthomastus cf. grandiflorus sur roches bathyales devient E1-6.3.6 Jardins d'Anthomastus cf. grandiflorus sur roches bathyales et E1-6.4.2 Jardins de Nephtheidae sur roches devient E1-6.3.7 Jardins de Nephtheidae sur roches.

Facteurs abiotiques

Étage : Bathyal
Nature du substrat : Roches, blocs
Répartition bathymétrique : 200 à 3000m (répartition explorée)
Hydrodynamisme : Moyen / Fort
Salinité : Milieu marin
Température : Variable (9 à 12 °C)
Lumière : Système aphytal
Régime trophique : Mésotrophe

Caractéristiques stationnelles

On retrouve l’habitat dans des canyons, falaises, parois verticales de la zone bathyale, sur une large gamme de profondeurs et de températures. Il est caractérisé par l’agrégation d’une ou plusieurs espèces de coraux (coraux durs, coraux mous, coraux noirs). Il est présent dans des zones modérément exposées au courant, ce qui permet un apport trophique suffisant et qui empêche l’ensevelissement des coraux sous les sédiments. L’hydrodynamisme semble aussi un facteur important pour la dispersion larvaire des coraux.

Variabilité

L’habitat E1-6 Jardins et colonies isolées de coraux sur roches bathyales présente trois sous-habitats, eux-mêmes déclinées en habitats de niveau 4 . Les habitats de niveau trois sont décrits dans leurs fiches INPN dédiées.

Communautés ou espèces caractéristiques

L’habitat se reconnaît par la présence des taxons suivants :
- Scléractiniaires : Madrepora oculata, Desmophyllum pertusum, Solenosmilia variabilis, Enallopsammia rostrata, Dendrophyllia cornigera et Caryophyllia spp.
- Antipathaires et gorgones : Antipathes dichotoma, Parantipathes spp., Isidella elongata, Narella cf. versluysi, Plexauridae et Acanella cf. arbuscula.
- Alcyoniina: Anthomastus, Anthomastus cf. grandiflorus et Nephtheidae.

Espèces associées

En fonction des sous-habitats et des espèces qui les caractérisent, les taxons associés peuvent être différentes.
E1-6.1.1 : Des éponges, cérianthaires, des actiniaires, des échinoïdes, des astéroïdes, des brachiopodes et des crinoïdes (par ex. Koehlermetra porrecta).
E1-6.2.1 : Des éponges, des brachiopodes et des échinoïdes.
E1-6.2.2 : Des actiniaires et Helicolenus dactylopterus.
E1-6.2.3 : Lepidisis spp., des astéroïdes, des crinoïdes et des échinoïdes.
E1-6.3.1 : Des actiniaires, des crustacés dont Munida spp., des échinoïde, des gastéropodes et des éponges.
E1-6.3.2 : Des gastéropodes, des hydrozoaires, des crustacés dont Munida spp., des cérianthaires, des brachiopodes, des astéroïdes, des crinoïdes (fixes ou mobiles), des échinoïdes, des ophiures et des éponges.
E1-6.3.3 : Des actiniaires et des astéroïdes.
E1-6.3.4 : Des crinoïdes, des ophiures et des cérianthaires.
E1-6.3.5 : Des échinoïdes, des crinoïdes, des ophiures, des brachiopodes, et des cérianthaires.
E1-6.3.6 : Non connues.
E1-6.3.7 : Des huîtres (Neopycnodonte spp.), des crinoïdes et des hydrozoaires.

Dynamique temporelle

Trop peu de connaissance sur le sujet.

Habitats pouvant être associés ou en contact

E1-1 Agrégations d’éponges sur roches bathyales : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.
E1-2 Agrégations d’échinodermes sur roches bathyales : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.
E1-3 Agrégations de brachiopodes sur roches bathyales : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.
E1-4 Agrégations de mégafaune mixte sur roches bathyales : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible
E1-5 Roches bathyales à faible couverture macrobiotique : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.
E1-7 Thanatocénoses bathyales : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.
E2-1 Récifs ou massifs bathyaux de scléractiniaires récifaux : contact de même niveau et continuité bathymétrique possible.

Confusions possibles

Les colonies isolées de scléractiniaires récifaux sur roches bathyales (E1-6.1) se distinguent des massifs bathyaux (E2-1.2 et E2-1.3), d’une part par la densité des colonies, éparses pour l’habitat E1-6.1 et formant une couverture quasi continue pour les habitats E2-1 ; d’autre part par la nature et la topographie du fond, constitué de blocs ou vases indurée de pente variable pour l’habitat E1-6.1 et de falaise rocheuse abrupte pour les massifs bathyaux.

Répartition géographique

L'hétérogénéité de la répartition des habitats coralliens semble être largement déterminée par le type de substrat, tant à l'échelle du golfe de Gascogne qu'à l'échelle des canyons. Le principal patron de distribution étant une absence d'habitats de scléractiniaires vivants dans les canyons de la marge aquitaine, probablement due à la prédominance d'habitats sur substrat meuble (van den Beld et al., 2017). Les scléractiniaires récifaux et non récifaux ont été observés sur la marge Celtique (canyons de Sorlingues, la Petite-Sole et Shamrock), la marge nord Armoricaine (canyons de Blackmud, Lampaul, Guilcher, Brest, Morgat et Douarnenez) et la marge centrale armoricaine (canyons de Guilvinec, Croisic et Saint-Nazaire). Les scléractiniaires du genre Caryophyllia n’ont été observés qu’une seule fois dans le canyon de Douarnenez (marge nord armoricaine). Les antipathaires et octocoralliaires ont été observés sur la marge celtique (canyon de Sorlingues), la marge nord armoricaine (canyons de Blackmud, Lampaul, Brest, Guilcher, Morgat et Douarnenez), la marge sud armoricaine (canyon de Arso) et la marge aquitaine (canyon de Athos). Des agrégations de coraux mous ont été observés de façon ponctuelle dans les canyons du golfe de Gascogne.

Fonctions écologiques

De façon générale, l’habitat est associé à une abondante diversité faunistique, probablement due à l'hétérogénéité des structures tridimensionnelles qu’il offre. Il fournit des habitats, des zones de refuge, des aires d’alimentation et de nurseries pour de nombreuses espèces, notamment pour des poissons d’importance commerciale (van den Beld et al., 2017).

Statut de conservation

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs ». L’habitat E1-6 peut également en partie être considéré comme l’habitat " Jardins de coraux " figurant sur la liste OSPAR des habitats menacés et/ou en déclin : cela concerne l’habitat de niveau 3, E1-6.2, certains sous-habitat de E1-6.3 et l’habitat de niveau 3 E1-6.4.
L’habitat E1-6 est également listé comme écosystème marin vulnérable : ICES/NAFO Joint Working Group on Deep‐water Ecology (WGDEC – ICES, 2020).

Tendance évolutive

Même si les connaissances relatives aux milieux rocheux du domaine bathyal sont encore trop peu nombreuses, ces habitats subissent certaines pressions, notamment des pressions liées aux activités de pêche au chalut qui entraîne la destruction de l’épifaune sessile et engendre la remise en suspension de particules.

Auteur(s)

Tourolle J., van den Beld I., Menot L., Percevault L., Bajjouk T.

Date de rédaction

2020

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