41.31d - Forêts sur djougoung-pété à malobi, funguti koko et guedou

Catalogue des habitats forestiers de Guyane (Guitet et al., 2015)

Description et situation dans le paysage

Ces forêts ont été rencontrées au sein des reliefs multi-concaves dans le Bassin de la grande Waki, mais pourraient s’étendre plus au nord et à l’est jusqu’au pied des massifs Emerillons et sur la rive sud de l’Inini. Cette zone apparait comme particulièrement remarquable sur les images satellitales, les indices de végétation qu’elle renvoie tranchant avec le signal des autres forêts du Sud et correspondant à celui de forêts plus ouvertes et plus humides. Des survols ont permis d’y détecter la présence de vastes pinotières perchées (Euterpe oleracea) et de peuplements de palmier-bâche (Mauritia flexuosa) rares dans cette partie méridionale de la Guyane.

Correspondance CORINE Biotopes

46.41113

Correspondance CORINE Land Cover

332

Conditions stationnelles

Comme son nom l’indique, les djougoung-pété sont particulièrement abondants dans cet habitat. Ils occupent localement près de 30% de la surface au sol. On les suppose lié à la présence d’une nappe temporaire se développant à faible profondeur lors de la saison des pluies. Cette nappe favoriserait un drainage latéral provoquant un lessivage des éléments fins du sol, un enrichissement en sable et un appauvrissement en éléments organiques et minéraux solubles. Ces mauvaises conditions de drainage pourraient aussi faciliter le phénomène de chablis.

Structure et physionomie forestière

Le peuplement est particulièrement dense (>200 tiges/ha) mais le diamètre moyen assez faible (29 cm). Le sous-bois ne contient que peu de palmiers (<150 pieds/ha) et est encombré de nombreux chablis de taille moyenne qui représentent une emprise couvrant 7 à 8% de la surface totale du peuplement, signe d’une dynamique de peuplement rapide. La canopée est de fait fréquemment ouverte et irrégulière et dépasse rarement 30 m de hauteur. Le mourou-mourou (Astrocaryum sciophilum) est totalement absent.

Composition taxonomique

Essences forestières : Le sali (Tetragastris spp.) explose dans cet habitat alors que le moni (Protium spp.) se fait plus discret. Le trait le plus prégnant du peuplement forestier concerne la présence en très forte densité de deux espèces peu fréquentes par ailleurs : le malobi (Ecclinusa spp.) qui représente 15-20% du nombre de tiges, essentiellement cantonné dans les petits et moyens diamètres (<55 cm) et en second lieu le funguti koko (Parinari campestris) totalisant 5% du nombre de tiges et plus de 30% des gros et très gros bois (>55 cm).
On note aussi la présence très spectaculaire de nombreux Tachigali spp. (guedous et autres gangui oudou, diaguidia et matawaïe guedou), très visibles en survol : leurs houppiers secs suite à une mortalité brutale succédant à la fructification, sont très remarquables lors des survols de la canopée.

Les Vochysiaceae sont aussi bien représentées notamment dans les gros bois avec le jaboty (Erisma spp.), un gonfolo (Qualea caerula) et le wana kouali (Vochysia tomentosa) représentant 17% du nombre de tiges dans ces catégories de diamètre.

Le caractère sableux des sols est marqué par la fréquence du bouchi mango (Tovomita spp.) et du wapa rivière (Eperua rubiginosa) que l’on retrouve aussi en nombre sur les sables blancs et autres sols sableux développés sur quartzite.

Flore du sous-bois : La densité moyenne des espèces est assez faible (1,5 ind/m2). La forte luminosité permet l’établissement d’espèces de milieux ouverts telle que Phenakospermum guyannense et Scleria secans qui ne trouvent habituellement pas en sous-bois les conditions favorables à leur présence. Au niveau de la strate arbus-tive le paysage est essentiellement marqué par les Rubiaceae (Psychotria apoda très abondante sur le site de la Waki, Psychotria carthagenensis, Faramea quadricostata) Chrysobalanaceae du genre Hirtella (H. hispidula, H. racemosa) Piperaceae (P. paramaribense, P. consanguineum, P. anonifolium) Violaceae (Paypayrola spp., Rinorea pubiflora) et Apocynaceae (Bonafousia undulata). La strate herbacée est représentée majoritairement par les Marantaceae (Goeppertia elliptica, Ischnosiphon spp.) Cyperaceae (Calyptrocarya glomerulata, Diplasia karatifolia) et Poaceae (Olyra longifolia, Ichanthus spp., Streptogyna americana). Les conditions fréquentes de fort éclairement favorisent également la densité, exceptionnelle par endroits, des espèces du genre Heliconia (H. richardiana, H. acuminata, H. hirsuta), ainsi que des Araceae et Cyclanthaceae épiphytes et hémi-épiphytes (Philodendron spp., Evodianthus funifer, Heteropsis spp.). La présence des ptéridophytes (Lindsaea spp., Adiantum spp., Elaphoglossum spp.) reste très discrète.

Faune : Du point de vue faunistique, ce site se distingue des autres situations sur paysage multi-concave par l’absence des petits primates saïmiris (Saïmirus sciureus) et tamarins (Saguinus midas), très abondants sur les autres sites (Arawa et Yaroupi), et par une diversité et abondance globales nettement inférieures. Cependant les sakis à face pâle (Pithecia pithecia) et les tortues terrestres (Chelonoidis denticulata) y sont observés en grand nombre ainsi que les marails (Penelope marail).

Enjeux de biodiversité

Fort (originalité de la flore)

Enjeux de production de bois

Faible

Enjeux biomasse et carbone

Faible

Enjeux de protection des sols et des paysages

Moyen

Fréquence du type forestier

~1%

Protection du type forestier

~50%

Intégration dans les ZNIEFF de type 1

0%

Intégration dans les ZNIEFF de type 2

38%

Bibliographie

 Guitet S., Brunaux O., de Granville J. J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. (Source)