Carpino betuli-Fagenalia sylvaticae (Scamoni & H. Passarge 1959) R. Boeuf & J.-M. Royer in R. Boeuf 2014

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Hêtraies-chênaies-charmaie planitiaires à collinéennes, atlantiques à médioeuropéennes, acidiclines à calcicoles, mésophiles à xéroclines. Climat favorable au Hêtre, avec précipitations généralement supérieures à 750 mm/an, et des bilans hydriques climatiques assez favorables (humidité atmosphérique) notamment en été [11].
Largement réparti sur l’ensemble du territoire en dehors des reliefs où ces forêts sont remplacées à l’étage montagnard par des végétations des Fagenalia sylvaticae, et des régions à bilan hydrique défavorable (précipitations faibles ou forte évapotranspiration, notamment dans le Sud-Ouest et dans le bassin méditerranéen) ou à mésoclimat sec (plaines du centre de la France sous climat ligérien, bassins sous climat d’abri des Limagnes auvergnates, de la Plaine d’Alsace, des côtes de Bourgogne…). Dans ce cas, le climax observé relève des Quercetea pubescentis Doing-Kraft ex Scamoni & H. Passarge 1959.

[11] D’après Gégout et al. 2008 , les bilans hydriques de juillet sont généralement compris pour ce type de végétation entre -30 mm et -60 mm, voire jusque -75 mm pour certaines associations du SO, alors que ce bilan s’échelonne entre -80 mm et -110 mm pour les végétations des Quercetea pubescenti, beaucoup plus xérophiles d’un point de vue du de la sécheresse climatique.

Nom cité du syntaxon

Carpino betuli-Fagenalia sylvaticae (Scamoni & H. Passarge 1959) R. Boeuf & J.-M. Royer in R. Boeuf 2014 (Les végétations forestières d’Alsace : 101).

Synonymes

Carpino-Fagenalia Scamoni & H. Passarge 1959, Asperulo-Fagenalia H. Passarge 1968 p.p. nom. inval. (art 3d), Carpino betuli-Fagenalia sylvaticae Rameau ex J.-M. Royer, Felzines, Misset & Thévenin 2009 nom. inval. (art 3f ), Carpinion betuli Oberd. 1957 p.p. ; non Carpinion betuli Issler 1931.

Type nomenclatural

Typus subordinis : Carpino betuli-Fagion sylvaticae R. Boeuf, Renaux & J.-M. Royer in R. Boeuf 2011.

Physionomie

Si le Hêtre structure en principe les peuplements matures, accompagné du Charme commun (Carpinus betulus) et du Chêne sessile (Quercus petraea), on observe très souvent un sylvofaciès à Chêne sessile ou Chêne pédonculé (Quercus robur) et Charme commun, accompagné d’espèces postpionnières des genres Acer, Fraxinus, Prunus, Sorbus, Tilia et Ulmus, qui constituent par ailleurs les stades pionniers de ces forêts. Son origine est anthropique, comme développé abondamment par Rameau (1996). Ces sylvofaciès ne doivent pas être confondus avec des chênaies pédonculées édaphiques des Ulmo-Fraxinetalia excelsioris H. Passarge 1968, ni avec les chênaies-charmaies sèches du Carpinion betuli Issler 1931. Dans les premières, le Hêtre est naturellement éliminé par l’engorgement et par la très forte dynamique des postpionnières, dans les secondes, il est éliminé par un bilan hydrique déficitaire. Leur composition floristique permet de les distinguer. Ces aspects sont largement développés par Boeuf (2011, 2014) et dans la déclinaison des Quercetea pubescentis Doing-Kraft ex Scamoni & H. Passarge 1959 (Renaux et al. 2019b, voir également espèces différentielles ci-dessous).
Strate arborée structurée par Fagus sylvatica pour les faciès dendrologiquement matures, avec présence de Carpinus betulus, Quercus petraea, Q. robur, ainsi que Fraxinus excelsior, Tilia sp., Fraxinus excelsior, Acer campestre, A. pseudoplatanus, Prunus avium surtout dans les stades de recolonisation et les faciès dégradés (taillis)… On observe très souvent ce type de peuplements, issu du traitement pluriséculaire en taillis ou taillis-sous-futaie, qui a progressivement éliminé le Hêtre. La strate herbacée bénéficie d’un couvert plus clair que dans les faciès à

Combinaison caractéristique d'espèces

Différentielles de sous-ordre : Crataegus monogyna, C. x media, C. x macrocarpa, C. x kyrtostyla (en général non relevées par les auteurs des relevés), Dioscorea communis, Eurhynchium striatum, Lonicera periclymenum, Prunus avium, Pteridium aquilinum, Quercus petraea et Teucrium scorodonia peuvent être retenues comme différentielles, et plus largement diverses espèces collinéennes et mésophiles. Tilia cordata se rencontre également dans ces forêts. À noter que Crataegus monogyna fait partie des caractéristiques des Rhamno catharticae-Prunetea spinosae Rivas Goday & Borja ex Tüxen 1962 (voir Foucault & Royer 2015), et se retrouve largement dans les fourrés et forêts récentes, tandis que C. laevigata (caractéristique d’alliance) est plus strictement forestière et plus fréquente en forêt ancienne (Dupouey et al. 2002).
Ces différentielles de sous-ordre sont pour la plupart des espèces collinéennes en contexte forestier (Pteridium aquilinum est plus rarement présente en forêt à l’étage montagnard), ainsi que des espèces acidiclinophiles à mésoacidiphiles, dont la présence est liée à des sols généralement profonds et décarbonatés en profondeur, sauf dans l’aile calcicole du Carpino betuli-Fagion sylvaticae. Par rapport aux autres sous-ordres, Stellaria holostea semble être ici plus fréquente.
Les espèces montagnardes différentielles des Fagenalia sylvaticae et celles thermophiles des Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae sont relativement rares, mais il est possible de rencontrer dans certaines associations Daphne mezereum, Hordelymus europaeus, Rubus idaeus et Sambucus racemosa pour les Fagenalia sylvaticae, et Carex montana, Cephalanthera damasonium, Cornus mas, Epipactis helleborine, Melittis melissophyllum, Viburnum lantana ou encore Vincetoxicum hirundinaria pour les Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae. Ces espèces thermophiles font leur apparition dans l’aile calcicole du Carpino betuli-Fagion sylvaticae, mais aussi pour d’autres espèces thermophiles non calcicoles dans les associations occidentales et méridionales du Carpino betuli-Fagion sylvaticae (par exemple Rubia peregrina et Ruscus aculeatus).

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)