Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae Rameau ex R. Boeuf & Royer in R. Boeuf 2014

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Communautés mésoxérophiles à xérophiles, caractéristiques des stations édaphiquement sèches sous climat arrosé (collinéen moyen à montagnard). Bien que le sol et l’exposition soient à l’origine de bilans hydriques déficitaires, les précipitations abondantes permettent la présence du Hêtre et de ses espèces affines (caractéristiques de classe et d’ordre), contrairement aux végétations des Quercetea pubescentis Doing-Kraft ex Scamoni & H. Passarge 1959 dans lesquelles elles sont très rares sinon absentes. Ceci constitue une différence majeure avec les Quercetea pubescentis, même si les Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae marquent la transition entre les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967 (centrés sur les étages collinéens et montagnards) et des Quercetea pubescentis, et que de nombreuses espèces thermophiles des Quercetea pubescentis se retrouvent dans les Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae.

Nom cité du syntaxon

Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae Rameau ex R. Boeuf & Royer in R. Boeuf 2014 (Les végétations forestières d’Alsace : 102).

Synonymes

Cephalanthero rubrae-Fagenalia sylvaticae Rameau (1981) 1996 nom. Inval. (art. 2b, 2d, 3o, 5, 8), Cephalanthero rubrae-Fagenalia sylvaticae Rameau ex J.-M. Royer, Felzine, Misset & Thévenin 2006 nom. illeg. (art. 29) et nom. inval. (art 3f ).

Type nomenclatural

Typus subordinis : Cephalanthero damasonii-Fagion sylvaticae Tüxen ex Willner 2002.

Physionomie

Hêtraies, hêtraies-chênaies, hêtraies-sapinières, sapinières, ostryaies, avec strate arborée plus fermée généralement que dans les chênaies pubescentes, et constituées d’une large part de dryades. Les stades pionniers ou de dégradation, fréquents notamment dans le Buxo sempervirentis-Fagetum sylvaticae Braun-Blanquet et Susplugas 1937, sont dominés par le chêne sessile, pubescent ou leur hybride, auquel peut s’ajouter de nombreuses postpionnières et pionnières (par exemple, sylvofaciès à Pin sylvestre décrits dans les Cévennes par Mulot et Larvor (2009) au contact des pineraies rupestres des Erico carneae-Pinetea sylvestris Horvat 1959, représentées par l’association du Cephalanthero rubrae-Pinetum sylvestris Vanden Berghen 1963. Strate bryophytique généralement éparse, avec Eurhynchium striatum, Plagiomnium undulatum, Rhytidiadelphus triquetrus et Thuidium tamariscinum parmi les espèces fréquentes.

Combinaison caractéristique d'espèces

Différentielles de sous-ordre : Carex alba, C. montana, Cephalanthera damasonium, C. rubra, Epipactis helleborine, Hippocrepis emerus, Melittis melissophyllum, Rubus saxatilis, Sesleria caerulea, Viburnum lantana, Vincetoxicum hirundinaria. À cette liste pourraient s’ajouter d’autres espèces très fréquentes comme Buxus sempervirens, Daphne laureola, Helleborus foetidus, Lonicera xylosteum, Rubia peregrina et Sorbus aria, mais celles-ci se rencontrent également largement dans certaines forêts des Carpino betuli-Fagenalia sylvaticae, notamment sur calcaires et dans la moitié sud de la France. D’autres espèces (Melica nutans, Polygonatum odoratum, Laserpitium latifolium) semblent davantage être des caractéristiques du Cephalanthero damasonii-Fagion sylvaticae, alliance la plus représentée en France.
Les différentielles du sous-ordre et de ses alliances sont pour certaines communes avec les Quercetea pubescentis, dont des caractéristiques de classe ou de syntaxons de rang inférieur. Ces espèces sont en partie communes avec les ourlets des Trifolio medii-Geranietea sanguinei T. Müll. 1962 (Royer 2015) et les pelouses des Festuco valesiacae-Brometea erecti (Royer 1987 ; Royer à paraître). On peut citer Carex montana, Cephalanthera damasonium, Hippocrepis emerus, Melittis melissophyllum, Polygonatum odoratum, Sesleria caerulea, Vincetoxicum hirundinaria, citées plus haut, auquelles on peut ajouter des espèces comme Astragalus glycyphyllos, Cytisophyllum sessilifolium, Digitalis lutea, Euphorbia cyparissias, Cephalanthera longifolia, Prunus mahaleb, Primula veris, Rhamnus cathartica, Teucrium chamaedrys et Juniperus communis.
Néanmoins, certaines espèces thermophiles sont exclusives du sous-ordre ou de certaines alliances ou sous-alliances. On peut citer en particulier Anthericum ramosum, Carex alba, Carex digitata, Cephalanthera rubra, Epipactis helleborine, Laserpitium latifolium, Melica nutans, Rubus saxatilis (différentielles de sous-ordres citées précédemment), auxquelles on peut ajouter des espèces présentes dans certains syntaxons de niveau inférieur : Arctostaphylos uva-ursi, Aster bellidiastrum, Astragalus monspessulanus, Bromopsis ramosa, Adenostyles alpina, Campanula rapunculoides, Campanula rotundifolia, Carduus defloratus, Carex ornithopoda, Coronilla coronata, Cotoneaster nebrodensis, Epipactis atrorubens, Galium sylvaticum, Hippocrepis comosa, Lilium martagon, Muscari comosum, Noccaea montana, Platanthera bifolia, Pulmonaria angustifolia, Salvia glutinosa, Viola mirabilis.
De nombreuses caractéristiques de classe et d’ordre, et plus généralement affines des hêtraies, permettent en plus de distinguer les forêts des Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae, de celles, également xérophiles mais également thermophiles des Quercetea pubescentis. On peut notamment citer, outre Fagus sylvatica, des espèces telles qu’Asarum europaeum, Lathyrus vernus, Daphne mezereum, Lamium galeobdolon, Potentilla sterilis, Ranunculus auricomus, Neottia nidus- avis, Lactuca muralis, Phyteuma spicatum, Luzula sylvatica, Galium odoratum, Oxalis acetosella, Viburnum opulus, ainsi que pour la sous-alliance montagnarde Lonicera alpigena, Rosa pendulina, Knautia dipsacifolia, Cardamine heptaphylla, Prenanthes purpurea, Polygonatum verticillatum, Lonicera nigra, Rubus idaeus, Rhamnus alpina, Hordelymus europaeus, Melampyrum velebiticum, Aconitum lycoctonum subsp. vulparia.

Remarques

Des hêtraies xérophiles à mésoxérophiles acidiphiles sont mentionnées dans les Pyrénées (Savoie 1996) et les Alpes (Gattus J.-C. et Delhaye S., comm. pers). Dans les Pyrénées centrales en exposition chaude (soulane), à l’étage montagnard (au-dessus de 1000 m), sur schistes, micaschistes, calcschistes ou schistes ardoisiers, Savoie (1996) propose à titre provisoire un Pimpinello saxifragae-Fagetum Savoie 1996 (Rapprochement entre types de stations et habitats forestiers des Pyrénées centrales : 80-81 et tab. 19) nom. inval (art. 3b), caractérisé notamment par Fagus sylvatica, Digitalis lutea, Campanula trachelium, Clinopodium vulgare, Teucrium scorodonia, Anthoxanthum odoratum, Calluna vulgaris, Avenella flexuosa, Genista pilosa et Vaccinium myrtillus. Une autre association est proposée, le Calamintho sylvaticae-Fagetum Savoie 1996 (Rapprochement entre types de stations et habitats forestiers des Pyrénées centrales : 80-81 et tab. 5) nom. nom. inval (art. 3b), sur schiste ardoisier, schiste, calcschiste, flysch à fucoïde (voire certaines roches calcaires), entre 400 m et 1000 m en soulane. Les caractéristiques sont notamment Fagus sylvatica, Calamintha sylvatica, Clinopodium vulgare, Campanula trachelium, Carex ornithopoda, Viola hirta, Teucrium scorodonia…). Enfin, Gattus J.-C. et Delhaye S. (comm. pers) signalent dans les Alpes (secteur des Écrins) un groupement non encore décrit de hêtraie thermoacidiphile caractérisée notamment par Avenella flexuosa, Festuca heterophylla, Lathyrus niger, Teucrium scorodonia, Hieracium groupe murorum, Tanacetum corymbosum et Cephalanthera longifolia. Savoie (1996 : Rapprochement entre types de stations et habitats forestiers des Pyrénées centrales : 80) propose une nouvelle sous-alliance au sein du Cephalanthero damasonii-Fagion sylvaticae, le Pimpinello saxifragae-Fagenion Savoie 1996 (Rapprochement entre types de stations et habitats forestiers des Pyrénées centrales : 80) nom. inval. (art. 3b), pour ces Hêtraies thermophiles acidiphiles à acidiclinophiles, avec comme typus le Pimpinello saxifragae-Fagetum Savoie nom. inval (art. 3b). Les trois groupements précédemment cités pourraient en relever, mais le rattachement de ce syntaxon nouveau serait toutefois à préciser, du fait de sa position intermédiaire entre Cephalanthero damasonii-Fagenalia sylvaticae, Quercetealia roboris Tüxen 1931 et Luzulo luzuloidis-Fagetalia sylvaticae Scamoni & H. Passarge 1959. Nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour trancher cette question.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)