A5-3 - Sables fins médiolittoraux

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat A5-3 Sables fins médiolittoraux a été ajouté dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code M04.02.01.01 Sables fins intertidaux à Polychètes. Il présentait trois sous-habitats équivalent à A5-3.1, A5-3.2 et A5-3.3 :
- M04.02.01.01.01 Sables fins intertidaux à Polychètes incluant Paraonis fulgens
- M04.02.01.01.02 Sables fins intertidaux à Polychètes et Angulus tenuis
- M04.02.01.01.03 Sables fins intertidaux dominés par Nephtys cirrosa
Le sous-habitat A5-3.4 a été ajouté dans la version 2 (Michez et al., 2015) sous le code M04.02.01.02 Sables fins intertidaux à Scoloplos armiger et Urothoe poseidonis (source de l’ajout : J.-C. Dauvin et A. Baffreau) et a été inclus comme sous-habitat de A5-3 dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Facteurs abiotiques

Etage : Médiolittoral
Nature du substrat : Sables fins
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Faible ; Modéré ; Fort
Salinité : Milieu marin
Température : Variable
Lumière : Eaux claires
Régime trophique : Oligotrophe

Caractéristiques stationnelles

L’habitat A5-3 caractérise les estrans de sables fins (médiane < 200µm) du médiolittoral. Cet habitat s’observe aussi bien dans des zones abritées que modérément exposées à exposées. Le sédiment tend à rester humide même à marée basse et ne contient que peu de matière organique. Il n’y a généralement pas de couche anoxique dans le sédiment. L’estran peut présenter des rides (« ripple marks ») formées par le courant (façade Manche) ou par la houle (façade Atlantique). La biocénose est riche et dominée par les polychètes et les amphipodes. Il s’agit donc d’un habitat avec une forte valeur écologique et biologique.
L’habitat A5-3 est particulièrement prisé pour les activités humaines (pêche à pied, activités récréatives, touristiques et de loisirs) et est par conséquent vulnérable aux pressions anthropiques.

Variabilité

Un certain nombre de facteurs induisent de la variabilité au sein de l’habitat A5-3. Certains sites peuvent être abrités ou modérément exposés tandis que d’autres sont plus largement exposés. Cela entraîne des répercussions sur la pente de la plage qui tend à être plus forte dans des zones exposées que dans les zones abritées.
La zostère naine ou marine peut parfois coloniser cet habitat, entrainant une transition vers les habitats A5-6 et A5-7. Les sous-habitats de niveau trois sont décrits sur leur page INPN respective.

Communautés ou espèces caractéristiques

L’habitat se reconnait principalement par sa médiane granulométrique (<200µm) et le caractère bien trié de ses sédiments. La biocénose est néanmoins dominée par les polychètes et les amphipodes. La présence des bivalves Donax spp., de Balanoglossus sp., de Nephtys cirrosa et Magelona mirabilis est sans ambiguïté.

Espèces associées

L’habitat A5-3 présente une biocénose riche dominée par les polychètes et les amphipodes. Les polychètes les plus représentés sont, entre-autres, Phyllodoce maculata, Hediste diversicolor, Scoloplos armiger, Pygospio elegans, Tharyx killariensis, Paraonis fulgens, Nephtys cirrosa mais ils peuvent aussi être accompagnés de Arenicola marina (de manière temporaire), Capitella spp., Eteone longa, Magelona mirabilis, Notomastus latericeus, Ophelia rathkei, Owenia fusiformis, Scolelepis (Scolelepis) squamata, Spio spp. et Spiophanes bombyx. Les crustacés sont également bien représentés avec une majorité d’amphipodes parmi lesquels Bathyporeia sarsi et Bathyporeia pilosa, Pontocrates sp., Urothoe poseidonis, Gammarus locusta. Le tanaidacé Apseudopsis latreillii, la crevette Crangon crangon et le cumacé Cumopsis goodsir occupent également cet habitat. Quelques bivalves sont présents parmi lesquels Donax trunculus et Donax vittatus, Macomangulus tenuis, Mya truncata et Cerastoderma edule. Les espèces de mégafaune Balanoglossus clavigerus, Sigalion mathildae, Echinocardium cordatum et Sipunculus (Sipunculus) nudus peuvent également être observées dans cet habitat.

Dynamique temporelle

L’habitat A5-3 présente de fortes variations temporelles. L’endofaune tend à être moins abondante en hiver en lien avec l’érosion des sédiments fins lors des tempêtes. L’accumulation de sédiments, généralement observée en période estivale, est propice au phénomène inverse. Certaines espèces ne sont ainsi présentes que temporairement (ex : migration de Crangon crangon en eau plus profonde en hiver, Arenicola marina présente en période estivale puis emportée par les sédiments mobiles en hiver).

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat A5-3 peut être en contact avec les habitats suivants (liste non exhaustive) :
- A4-1 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux marins : contact de même niveau, continuité granulométrique
- A5-1 Sables supralittoraux : continuité bathymétrique, contact supérieur
- A5-4 Sables fins envasés médiolittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible, continuité granulométrique et temporelle
- A5-6 Herbiers à Zostera noltei sur sables médiolittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible
- A5-7 Herbiers à Zostera marina sur sables médiolittoraux : contact de même niveau, mosaïque possible
- B4-1 Sédiments hétérogènes infralittoraux : continuité bathymétrique et granulométrique, contact inférieur
- B5-1 Sables fins à moyens mobiles infralittoraux : continuité bathymétrique et granulométrique, contact inférieur
- B5-2 Sables fins propres infralittoraux : continuité bathymétrique, contact inférieur
- B5-3 Sables fin envasés infralittoraux : continuité bathymétrique et granulométrique, contact inférieur
- B5-5 Herbiers à Zostera marina sur sables infralittoraux : continuité bathymétrique, contact inférieur

Confusions possibles

L’habitat A5-3 peut être confondu avec l’habitat A5-4 Sables fins envasés médiolittoraux avec qui il peut être en alternance temporelle selon l’hydrodynamisme.

Répartition géographique

L’habitat A5-3 est présent sur les côtes du nord de la France (du Cap Gris Nez à la frontière belge) puis de Boulogne-sur-Mer jusqu’aux environs des côtes de Dieppe (le reste des côtes de Seine-Maritime étant plutôt caractérisé par des sédiments plus grossiers). Cet habitat s’observe également sur les côtes normandes et localement le long des côtes du Cotentin et de Bretagne. Plus au sud, des estrans de sables fins sont présents en Vendée, dans les Pertuis Charentais puis tout le long des côtes d’Aquitaine (à l’exception des côtes du Pays Basque).

Fonctions écologiques

Les populations abondantes de polychètes, de crustacés et de bivalves au sein de l’habitat A5-3 constituent une source de nourriture non négligeable pour certaines espèces d’oiseaux telles que le bécasseau sterling (Calidris alba) ou le gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus). Certaines espèces de poissons plats, principalement dans leurs premiers stades (sole, plie, turbot, barbue) y trouvent refuge et s’y nourrissent (Quillien, 2016 ; Jones et al., 2020).

Statut de conservation

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1140 « Replats boueux ou sableux exondés à marée basse ». Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines submergées ou semi-submergées » sous réserve de respect des critères d'identification de l'HIC (notamment de structure) et à l’HIC 1130 « Estuaires » ou l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.

Tendance évolutive

Le fonctionnement de cet habitat est altéré par les phénomènes d’eutrophisation. Bien que les tonnages d’algues vertes tendent à diminuer ces dernières années, de plus en plus de plages sont touchées chaque année par ce phénomène.

Auteur(s)

Tauran A., Grall J.

Date de rédaction

2020

Bibliographie

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