Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

L’habitat A5-2 Sables médiolittoraux mobiles a été ajouté dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code M04.01 Sables intertidaux mobiles. Il présentait plusieurs sous-habitats de niveau 3, 4 et 5. Dans la version 3 (Michez et al., 2019), le code devient A5-2 et il y a ajout du sous-habitat A5-2.1.4 Sables médiolittoraux mobiles dominés par Donacilla cornea (source de l’ajout : Derrien-Courtel et al., 2016).

Etage : Médiolittoral
Nature du substrat : Sables fins mobiles ; Sables moyens mobiles ; Sables grossiers mobiles
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Modéré ; Fort
Salinité : Milieu marin ; Milieu à salinité variable [localement]
Température : Variable
Lumière : Eaux claires
Régime trophique : Oligotrophe

L’habitat A5-2 Sables médiolittoraux mobiles se rapporte aux accumulations de sables moyens à grossiers très mobiles et souvent bien drainés. La nature de l’habitat fait qu’il est exempt de particules fines. Cet habitat est présent sous forme de dépôts dans les milieux de forts courants de marée, en conditions relativement exposées. Ces accumulations sont présentes sur les grandes plages de sable fin ou dans les chenaux de marée en zone mégatidale. Extrêmement meubles, ces dunes de sable recouvrent le plus souvent un sédiment plus fin et plus stable. Elles sont en général façonnées en ripple-marks dont les crêtes peuvent atteindre plusieurs dizaines de cm de haut. La faune associée est composée d’espèces originales de polychètes, de crustacés et de mollusques qui sont souvent restreintes à ces milieux, ce qui en souligne l’intérêt patrimonial.

La source de variabilité principale au sein de l’habitat A5-2 est la granulométrie qui peut varier selon les sites en fonction de l’hydrodynamisme et parfois de la hauteur sur l’estran. Le sédiment peut s’échelonner des sables moyens jusqu’aux sables grossiers. La pente de l’estran et le degré de drainage des sédiments varient également. Les sous-habitats de niveau trois, quatre et cinq sont décrits sur leur page INPN respective.

L’habitat A5-2 est avant tout caractérisé par son caractère mobile. Les espèces Scolelepis (Scolelepis) squamata, Eurydice pulchra, Pontocrates arenarius, Haustorius arenarius et Bathyporeia spp. peuvent cependant être considérées comme caractéristiques.

La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat. La biocénose associée à l’habitat est plutôt pauvre en espèces, mais qui sont souvent originales et peu représentées ailleurs en raison de leurs préférences écologiques et leur capacité à survivre dans un habitat aussi mobile. On y trouve des annélides ophélidés Ophelia bicornis, Ophelia rathkei, Ophelia neglecta ainsi que Travisia forbesii, Armandia polyophthalma, Polycirrus arenivorus. Les crustacés amphipodes sont bien représentés avec Urothoe grimaldii, Urothoe poseidonis, Urothoe pulchella. Les isopodes comprennent Eurydice affinis. Le décapode Ebalia tuberosa s’observe dans cet habitat ainsi que les mollusques bivalves Mactra glauca, Donax variegatus, Donax vittatus, Donax trunculus, Spisula solida, Ensis magnus, les ascidies Gamaster dakarensis et Polycarpa comata ainsi que les poissons Hyperoplus lanceolatus, Gymnammodytes semisquamatus et Scophthalmus maximus.

La présence des dunes hydrauliques médiolittorales dépend directement de l’hydrodynamisme local qui va déplacer les bancs de sable en fonction de l’importance de la marée et de la météo. Les bancs se déplacent donc en permanence à toute échelle de temps (de la marée à la saison) avec leur communauté associée, ce qui fait qu’ils sont délicats à cartographier.
Une dynamique saisonnière peut exister, marquée par une diminution du nombre d’espèces en hiver en lien avec les tempêtes hivernales et les fortes houles responsables de l’érosion des sédiments.
Dans le cas du sous-habitat A5-2.1.1, si l’hydrodynamisme diminue (saisonnièrement ou de manière permanente), la colonisation par l’endofaune est facilitée et l’habitat tend alors vers A5-2.1.2.

L’habitat A5-2 peut être en contact avec les habitats suivants (liste non exhaustive) :
- A3-2 Sédiments grossiers propres médiolittoraux : contact de même niveau.
- A4-1 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux marins : contact de même niveau.
- A5-1 Sables supralittoraux : continuité bathymétrique, contact supérieur.
- A5-3 Sables fins médiolittoraux : contact de même niveau.
- B5-1 Sables fins à moyens mobiles infralittoraux : continuité bathymétrique, contact inférieur.
- B5-2 Sables fins propres infralittoraux : continuité bathymétrique, contact inférieur.
- B3-2 Sables grossiers et graviers infralittoraux : continuité bathymétrique, contact inférieur.

Une confusion est possible avec l’habitat A3-2 Sédiments grossiers propres médiolittoraux. L’analyse de la morphologie des bancs (pente faible ici) et des espèces associées (présence de polychètes de la famille des Ophélidae ici) permet de trancher aisément.

L’habitat A5-2 est présent dans les zones à fort marnage sur les grandes étendues sédimentaires, et en particulier sur les côtes sableuses de la Mer du Nord, en Manche Ouest (côtes nord de la Bretagne, Cotentin) et dans le sud Bretagne (Baie de Quiberon). Cet habitat semble être localement présent dans le golfe de Gascogne (Sauriau & Blanchet, 2018).

Cet habitat très original et spatialement restreint abrite une biodiversité originale, certaines espèces lui étant inféodées (Travisa forbesii, Ophelia rathkei, Ophelia neglecta…). Il est susceptible d’abriter des populations de lançons qui sont des poissons fourrage. Cet habitat constitue également un abri pour le turbot (Scophthalmus maximus) qui y trouve aussi de la nourriture.

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1140 « Replats boueux ou sableux exondés à marée basse ». Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines submergées ou semi-submergées » sous réserve de respect des critères d'identification de l'HIC (notamment de structure) et à l’HIC 1130 « Estuaires » ou l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.

Pas d’information disponible.

Tauran A., Grall J.

2020

Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)

 Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p. (Source)

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