Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Cet habitat se situe non seulement au niveau de l’arrière-dune, mais aussi au contact de la dune bordière côté mer (pelouses ouvertes moins diversifiées) ou alors, du côté intérieur, au contact des fourrés de Ligustro-Hippophaion ou de l’hygrosère dunaire, en mosaïque avec eux ou dans des clairières de dune boisées.
On le trouve en situation pionnière ou dérivée de fourrés (dynamique régressive en liaison avec différents facteurs).
Il se développe au niveau sur un substrat calcarifère à décalcifié sablo-organique pouvant devenir rapidement très sec, de granulométrie assez fine.
Variabilité écologique et géographique :
- variabilité liée aux sables décalcifiés secs des côtes du Boulonnais : association à Violette des dunes (Viola canina var. dunensis) et Corynéphore (Corynephorus canescens) (Violo dunensis-Corynephoretum canescentis) ;
- variabilité liée aux sables décalcifiés plus ou moins humifères du Morbihan au Sud-Ouest : association à Corynéphore et Hélianthème à goutte (Tuberaria guttata) (Tuberario guttatae-Corynephoretum canescentis) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes calcarifères fixées du nord de la France : association à Phléole des sables (Phleum arenarium) et Tortule ruraliforme (Tortula ruraliformis) (Phleo arenarii-Tortuletum ruraliformis) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes calcarifères f ixées du golfe Normand-breton : association à Hutchinsie (Hutchinsia petraea) et Tortule ruraliforme (Hutchinsio petrae-Tortuletum ruraliformis) ;
- variabilité liée aux sables en voie de décalcification avancée des vieux systèmes dunaires flandriens : association à Fétuque à petites feuilles (Festuca tenuifolia) et Gaillet maritime (Galium maritimum) (Festuco tenuifoliae-Galietum maritimi) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes plates, sur substrat sablo-coquillier du littoral oriental du Cotentin : association à Aspérule densiflore (Asperula cynanchica subsp. occidentalis) et Gaillet maritime (Asperulo densiflorae-Galietum maritimi) ;
- variabilité liée aux grands systèmes dunaires de l’extrême nord-ouest du Cotentin : association à Armérie plantain (Armeria plantaginea) et Gaillet maritime (Armerio plantaginae-Galietum maritimi) ;
- variabilité liée aux sables fixés de vieux systèmes dunaires, souvent plaqués à la base de falaises mortes du golfe Normand-Breton : association à Gaillet maritime et Fétuque armoricaine (Festuca ovina subsp. armoricana) (Galio maritimi-Festucetum armoricanae) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes fixées de vieux systèmes dunaires du sud-ouest du Cotentin : association à Fétuque bleutée (Festuca longifolia) et Gaillet maritime (Galio maritimi-Festucetum longifoliae) ;
- variabilité liée aux clairières ouvertes des dunes internes souvent boisées de la côte d’Opale : association à Laîche des sables (Carex arenaria) et Saxifrage granulée (Saxifraga granulata) (Carici arenariae-Saxifragetum granulatae).
Cet habitat regroupe plusieurs associations végétales des dunes calcarifères à décalcifiées sèches, arrière-dunes noires et pelouses arrière-dunaires hémicryptophytiques (mielles).
Végétation herbacée de pelouse très rase, ouverte à semi-fermée, présentant en général une seule strate, dominée par les espèces vivaces parmi lesquelles les Graminées cespiteuses peuvent jouer un rôle physionomique important ; un tapis bryo-lichénique est parfois très développé, associé à diverses plantes annuelles.
Cet habitat peut être confondu avec les végétations de pelouses rases annuelles du Thero-Airion (fiche : 2130-5) avec lesquelles il se développe le plus souvent en mosaïque. Il s’en distingue par sa structure, toujours dominée par les vivaces, et par un tapis bryo-lichénique souvent important.
Des confusions sont également possibles avec les pelouses acidiphiles psammophiles arrière-dunaires (UE : 6230*).
Spontanée :
En raison de l’abandon du pâturage de parcours extensif sur l’ensemble des dunes littorales de la façade atlantique française et depuis l’apparition de la myxomatose, cet habitat présente une nette dynamique d’ourlification et d’embroussaillement par les espèces d’ourlets et les ligneux bas des communautés de fourrés arrière-littoraux. Localement, l’abroutissement par les lapins bloque cette dynamique et permet son maintien.
Liée à la gestion :
Le pâturage extensif, avec des ovins ou de jeunes bovins, ou la fauche exportatrice constituent un mode de gestion favorable pour l’habitat. Par contre, après restauration, le maintien d’équidés ne paraît pas souhaitable pour la conservation optimale de ces pelouses
Contacts inférieurs : pelouse de la dune fixée (UE : 2130*) sur le littoral atlantique ; végétation de l’hygrosère (UE : 2190), fourrés du Ligustro vulgaris-Hippophaion rhamnoidis (UE : 2160) ou du Salicion arenariae (UE : 2170) en système nord-atlantique.
Contacts supérieurs : fourrés arrière-dunaires et dunes boisées du littoral atlantique (UE : 2160, UE : 2180).
L’habitat se développe le plus souvent en mosaïque avec les végétations de pelouses rases annuelles du Thero-Airion (fiche :
2130-5) ou dans les clairières éclairées des forêts littorales.
Cet habitat est réparti sur les littoraux sableux de la mer du Nord, de la Manche orientale et de la Manche occidentale, jusqu’au golfe Normand-Breton (certaines associations sont en limite de leur aire de répartition).
Intérêt patrimonial majeur de ce type d’habitat lié à la présence de nombreuses espèces végétales protégées au niveau régional et national et à la différenciation de divers écotypes dunaires.
Protection nationale : Violette de Curtis (Viola curtisii).
Protection régionale (Nord - Pas-de-Calais, Picardie) : Violette des dunes (Viola canina var. dunensis), Jasione (Jasione montana), Teesdalie nudicaule (Teesdalia nudicaulis)…
La plupart des associations végétales rattachées à ce type d’habitat présentent une distribution géographique très limitée ; plusieurs d’entre elles sont en limite méridionale de répartition sur le littoral nord de la France, ou endémiques du littoral du Cotentin ou du golfe normand-breton.
États à privilégier :
Pelouse rase ouverte à semi-fermée, oligotrophe.
Autres états observables :
Dans les zones très abrouties par les lapins, présence de formes floristiquement appauvries, où les espèces refusées forment faciès.
Présence d’arbustes colonisateurs dans les zones abandonnées. Pelouses ourlifiées, rudéralisées et/ou eutrophisées (passage à des prairies mésotrophes dunaires).
Pelouses ourlifiées plus ou moins embroussaillées, liées à l’abandon par l’agriculture.
Prairies mésotrophes secondaires liées au mode de gestion de la pelouse dunaire embroussaillée par gyrobroyage sans exportation.
D’une manière générale, ce type d’habitat montre une tendance à la régression, en relation avec un contexte global d’enfrichement consécutif à l’abandon des pratiques agricoles anciennes de pâturage extensif des massifs dunaires des côtes atlantiques, à la régression des lapins suite aux épidémies et au vieillissement des systèmes dunaires. À terme, cet habitat est menacé de disparition sur certains sites.
Il se maintient assez bien sur les sites qui subissent une pression de pâturage par les populations de lapins.
Il est par contre en régression dans les sites les plus fréquentés : la fréquentation de la dune fixée et de l’arrière-dune génère en effet un piétinement défavorable à son maintien (piétons, chevaux, motos tout-terrain et engins motorisés de type 4 x 4).
Le saupoudrage sableux éolien, lié à une trop grande dégradation de la dune bordière, entraîne une asphyxie de ces pelouses rases.
À cela s’ajoutent d’autres menaces :
- saupoudrage à partir du haut de plage où sont déposés des matériaux de dragage ayant une granulométrie fine (opérations de rechargement sédimentaire des plages avant la saison estivale) ;
- destruction des habitats dunaires par les remblaiements divers (gravats, dépôts d’algues provenant du nettoyage des plages), décharges, ou dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale…
- plantations de résineux ;
- extension de feuillus introduits à forte capacité de colonisation (Érable sycomore, Acer pseudoplatanus, Peuplier tremble, Populus tremula, Peuplier blanc, Populus alba…) ;
- circulation d’engins motorisés : moto-cross, véhicules tout terrain… ;
- carrières et sites de prélèvements illégaux de sable ;
- pastoralisme non raisonné : chargement pastoral trop impor- tant, affourragement au sol, déversement d’ensilage…
Gestion expérimentale de certains sites par un pâturage extensif, la fauche exportatrice et/ou le débroussaillage, en utilisant différentes techniques avec suivis de l’évolution des habitats par le gestionnaire ou par une structure scientifique partenaire.
Mises en défens expérimentales des parties caractérisées par des formes dégradées par le piétinement, en vue d’apprécier les potentialités d’autorégénération de cet habitat.
Compléments sur la répartition et la typologie phytosociologique de cet habitat, notamment dans les grands systèmes dunaires du littoral nord-atlantique.
Réalisation d’un bilan national des opérations de gestion des milieux dunaires par le pastoralisme, concernant la faune, la flore et les habitats naturels et semi-naturels, en poursuivant le travail réalisé dans ce sens sur les dunes de Normandie pour le Conservatoire du littoral.
Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)