2130-2 - Dunes grises des côtes atlantiques

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se situe immédiatement au contact du revers interne de la dune mobile.
Il se développe sur un substrat sablo-humifère pouvant s’échauffer et devenir très sec en été, de granulométrie assez fine, mais pouvant être plus grossière, et plus ou moins enrichi en débris coquilliers.

Variabilité

Variabilité géographique :
- variabilité liée aux arrière-dunes fixées de petits systèmes liés aux anses ou aux placages sur roches, hors saupoudrage d’arènes, et ayant subi jadis un pâturage extensif, du littoral ouest-armoricain : association à Serpolet arctique (Thymus polytrichus subsp. britannicus) et Immortelle des sables (Helichrysum stoechas) (Thymo drucei-Helichrysetum stoechadis) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes plates sur substrat sablo-graveleux calcarifère, avec pâturage ancestral très extensif, du littoral sud-armoricain : association à Éphédra à deux épis (Ephedra distachya) et Rose pimprenelle (Rosa pimpinellifolia) (Roso spinosissimae-Ephedretum distachyae) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes plates sur substrat calcaire fixé, avec pâturage extensif, du littoral de la Loire à la Gironde : association à Armoise maritime (Artemisia campestris subsp. maritima) et Éphédra (Artemisio lloydii-Ephedretum distachyae) ;
- variabilité liée aux formes de jeunesse des associations à Éphédra qu’elle précède dans la séquence zonale du littoral maritime entre Loire et Gironde : association à Armoise de Lloyd et Immortelle des sables (Artemisio lloydii-Helichrysetum stoechadis) ;
- variabilité liée aux sables fixés plus ou moins décalcifiés des premières lettes internes des grandes dunes de Gascogne : association à Silène de Porto (Silene portensis) et Immortelle des sables (Sileno portensis-Helichrysetum stoechadis) ;
- variabilité liée aux arrière-dunes du littoral basque, du nord de l’Adour à Anglet : association à Corbeille-d’or (Alyssum loiseleuri) et Immortelle des sables (Alysso loiseleuri-Helichrysetum stoechadis).

Physionomie, structure

Végétation de pelouse rase, le plus souvent fermée à semi-fermée, présentant une seule strate, dominée par des chaméphytes associés à diverses herbacées ; richesse en espèces de mousses et de lichens, qui forment parfois un tapis dense.

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec les végétations des dunes grises de la mer du Nord et de la Manche appartenant au Galio-Koelerion albescentis et au Corynephorion canescentis (fiche : 2130-1) ; il s’en distingue par sa structure dominée par les chaméphytes.

Dynamique

Spontanée :
En raison de l’abandon du pâturage de parcours extensif sur l’ensemble des dunes littorales de la façade atlantique française, cet habitat peut présenter une nette dynamique d’embroussaillement par les ligneux bas dans les parties les plus internes et abritées des dunes fixées.

Liée à la gestion :
Un pâturage extensif conduit en parcours constituerait un mode de gestion favorable au maintien de cet habitat.

Habitats associés ou en contact

Dunes mobiles et leur revers interne (UE : 2120).
Fourrés arrière-dunaires.
Dunes boisées du littoral atlantique (UE : 2180).

Répartition géographique

Cet habitat est réparti sur les massifs dunaires des littoraux de la façade atlantique française, des côtes ouest-armoricaines au Pays basque, avec, pour certaines associations, une distribution plus strictement limitée géographiquement.

Valeur écologique et biologique

Intérêt patrimonial majeur de ce type d’habitat lié à la présence de nombreuses espèces végétales protégées au niveau national et régional, ou inscrites au Livre rouge de la flore menacée de France.
Protection au niveau national : Œillet de France (Dianthus hyssopifolius subsp. gallicus), Corbeille-d’or (Alyssum loiseleuri), Cynoglosse des dunes (Omphalodes littoralis), Carotte de Gadeceau (Daucus carota subsp. gadeceaui).
Protection au niveau régional : Linaire des sables (Linaria arenaria), Verge d’or à grosse racine (Solidago virgaurea subsp. macrorhiza), Ophrys araignée (Ophrys sphegodes), Scolyme d’Espagne (Scolymus hispanicus), Lys des sables (Pancratium maritimum).
La plupart des associations végétales rattachées à ce type d’habitat présentent une distribution géographique très limitée géographiquement et sont endémiques du littoral atlantique français.
Certains massifs dunaires de Bretagne sur lesquels cet habitat couvre d’assez vastes étendues sont des sites de nidification d’oiseaux à forte valeur patrimoniale : Œdicnème criard, (Burhinus oedicnemus), Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), Vanneau huppé (Vanellus vanellus)…

États de conservation

États à privilégier :
Formation de pelouse rase à fort recouvrement, avec présence d’un tapis bryo-lichénique important.

Autres états observables :
Présence d’arbustes colonisateurs dans les zones abandonnées.

Tendances et menaces

Ce type d’habitat est en régression dans les sites les plus fréquentés : la fréquentation de la dune fixée génère en effet un piétinement défavorable à son maintien (stationnement des véhicules, piétons, chevaux).
Dans le contexte global d’enfrichement consécutif à l’abandon des pratiques agricoles anciennes de pâturage extensif des massifs dunaires des côtes atlantiques, cet habitat montre d’importantes variabilités des cortèges floristiques au profit d’espèces chaméphytiques de manteaux préforestiers.
À cette menace s’en ajoutent d’autres :
- eutrophisation liée à la fréquentation ;
- saupoudrage sableux éolien lié à une trop grande dégradation des ceintures de végétation de la dune bordière, entraînant une asphyxie de la dune fixée ;
- destruction des habitats dunaires par les remblaiements, décharges, ou dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale… ;
- plantation de résineux sur les parties les plus internes des dunes fixées ;
- camping sauvage ou organisé sur les dunes fixées ;
- extractions de sable, ouverture de carrières.

Axes de recherche

Gestion expérimentale de certains sites par un pâturage extensif estival.
Mises en défens expérimentales des sites les plus dégradés, en vue d’apprécier les potentialités d’autorégénération de cet habitat.
Compléments sur la répartition et la typologie phytosociologique de cet habitat.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)